Madagascar: Ravalomanana s'apprête a s'investir

21 Février 2002

Le Premier Ministre malgache, Tantely Andrianarivo, a condamné la menace de prise de pouvoir lancée par le chef de l'opposition Marc Ravalomanana, la qualifiant de 'coup d'Etat projeté'. Dans un communiqué rendu public jeudi, Andianarivo a appelé la population à la vigilance et au calme et avertit que "la rigueur de la loi sera appliquée pour sauvegarder la souveraineté et la sécurité publique".

Le Président Didier Ratsiraka n'a pas encore réagi à l'annonce faite par Ravalomanana, à des centaines de milliers de partisans rassemblés dans la capitale, Antananarivo, qu'il était temps de prendre le pouvoir et qu'il entend organiser une cérémonie d'investiture ce vendredi au Stade Mahamasina, lieu de la proclamation de l'indépendance en 1960.

Depuis le début du mois de janvier, la capitale et d'autres villes du pays vivent quotidiennement au rythme de grandes manifestations de soutien à Ravalomanana qui affirme que le gouvernement a truqué les élections de décembre dernier.

Le gouvernement n'a pas précisé les mesures qu'il entend prendre pour empêcher Ravalomanana de se proclamer président vendredi. Le Premier Ministre a déclaré que les autorités n'ont pas dévoilé leurs intentions pour que l'autre camp ne puisse pas en profiter pour agir.

Il a toutefois réitéré que le gouvernement jouit du soutien des forces de l'ordre.

Cette déclaration est en contradiction avec l'annonce faite mercredi par Ravalomanana que les militaires l'ont assuré de leur neutralité dans la crise actuelle. Cette annonce a apparemment été confirmée par le Ministre de la défense qui a affirmé que l'armée restera "neutre et loyale". S'adressant aux militaires, Ravalomanana a dit: "Je ne vous demande pas de descendre sur la Place du 13 mai, mais je vous prie seulement de protéger le peuple".

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Cependant, selon l'édition de jeudi du Midi Madagasikara, un quotidien francophone à grand tirage qui favorise l'opposition, le gouvernement est en train de mobiliser l'armée. "La réunion d'instructions des officiers généraux et colonels ,T` é(Bté convoquée dans ce sens", a dit le quotidien qui rapporte aussi que "tôt dans la matinée de mercredi, les véhicules blindés du régiment d'appui et de soutien d'Ampahibe ont commencé à vrombir et à cracher des fumées noires. Les riverains ont cru d'abord à la séance d'entretien habituelle de ces matériels roulants, qui croulent parfois sous le poids de la vétusté et de l'inactivité. Erreur. Les responsables de ce régiment ont reçu l'ordre de faire rouler les vieux blindés et de les préparer en conséquence en vue d'une prochaine campagne...Selon différentes sources militaires, la mobilisation de ces régiments ne relève plus de la compétence directe de la hiérarchie. Elle est du ressort des autorités politiques."

Au moment où les deux camps continuent leurs préparations pour ce vendredi, Ravalomanana est catégorique que le gouvernement actuel est illégitime pour avoir, selon lui, truqué les résultats du scrutin de décembre, même si la Haute Cour constitutionnelle a légiféré que le leader de l'opposition n'a pas récolté suffisamment de voix pour réclamer la victoire et que par conséquent un second tour s'impose.

Dans des négociations tenues mardi avec le camp du Président, et facilitées par l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), Ravalomanana a consenti à une décision reportant par un mois la date du second tour. Mais en rendant publique son intention de prendre le pouvoir ce vendredi, Ravalomanana semble être revenu sur sa parole. Le gouvernement à pour sa part officiellement annoncé le report du second tour.

Toutefois, l'opposition malgache pourrait se sentir justifié dans cette répudiation. "La légalité de ce pays étant bafouée, les Malgaches sont en droit d'officier la légitimité de leur choix", a-il rétorqué au Secrétaire Général de l'OUA Amara Essy qui a affirmé la semaine dernière qu'il faudrait à Ravalomanana établir une passerelle entre la légalité et la légitimité.

Mais selon des nouvelles en provenance de Madagascar, à quelques heures du délai qu'il s'est fixé pour sa propre investiture, Ravalomanana aurait des doutes que la confrontation soit la bonne voie à suivre dans cette crise.

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