Madagascar: Le Président en exercice malgache, Didier Ratsiraka, romp son silence

30 Mars 2002

Washington, DC — La crise politique continue à Madagascar, suite aux élections de décembre 2001, dont les résultats restent disputés par Marc Ravalomanana, qui réclame avoir recueilli la majorité des voix. Alors que Ravalomanana essaie toujours de consolider son autorité dans la capitale, Antananarive, et ailleurs dans cette île d' environ 16 millions d'habitants, le président en exercise, Didier Ratsitaka, a finalement rompu son long silence vendredi, et catégoriquement rejeté une revendication de l' opposition qui l'appelle à s'écarter du pouvoir." je ne veux pas que mon nom soit sali," a-t-il déclaré sur les ondes de Radio France Internationale. "Je ne veux pas que les personnes disent que Ratsiraka est un déserteur, que c'est lui qui a permis à une horde de néo-fascistes et de nazis, car c'est comme ça qu'on les appelle souvent, de vassaliser nos enfants et nos petits enfants."

Ce n'est pas la première fois que Ratsiraka qualifie ses adversaires en ces termes mais le fait qu'il ait employé ce language après les confrontations survenues dans la ville de Fianarantsoa, mardi, où plusieurs partisans de Ravalomanana ont été abattus par des forces fidèles à Ratsiraka, démontre à quel point la situation est devenue inquiétante. Ratsiraka, qui se voit en tant que sauveur de la nation, a évoqué l'existence d'un danger de sérieux différends ethniques à Madagascar et accusé Ravalomanana et ses partisans de pousser le pays vers la guerre civile. "J'ai sauvé l'unité nationale six fois déjà dans ma vie et je vais essayer de la sauver une septième fois," a déclaré Ratsiraka, avant de continuer que "cette fois-ci je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver parce qu'il y a un mépris tel et une exacerbation telle des conflits ethniques qu'il me semble assez difficile de le faire, mais je m'engage à faire tout pour sauver l'unité nationale".

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De telles préoccupations portant sur le risque d'une guerre civile à base ethnique ont été également évoquées jeudi par Abdoulaye Bathily, un ancien ministre du gouvernement sénégalais et actuel membre du groupe de contact de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) pour Madagascar. Dans une interview avec le quotidien Dakarois, Sud Quotidien, Bathily a averti que " l'argument ethnique malheureusement commence à être utilisé. Ce qui est grave. Car une chasse au differents groupes ethniques est entrain de s'organiser sur differentes parties du territoires." Il y a environ dix-huit groupes ethniques dans la Grande Ile. Entres autres, des Malaiso-Indonesiens, des Africains, des Arabes, des Français, des Indiens, des Créoles et des Comoriens. Bathily a fait l'éloge de l'armée malgache qui, selon lui, est restée neutre en grande partie, tout en admettant que la médiation de l'OUA a échoué. Selon lui, aussi bien Ravalomanana que Ratsiraka sont responsables de cet échec.

Ravalomanana cherche désespérement à étendre son autorité au delà de son fief d'Antananarive, où des millions de partisans de l'opposition manifestent depuis plusieurs semaines pour faire pression sur Ratsiraka et le forcer à s' écarter du pouvoir définitivement. Mais ces efforts se heurtent à une résistance de plus en plus grande de la part de Ratsirsaka et ses partisans qui ont érigé des barrages un peu partout dans le pays, mais surtout autour de la capitale, où l'effet de pénuries de carburant et d'autres produits essentiels se fait déjà sentir. Et bien que Ratsiraka admet publiquement que Ravalomanana contrôle la capitale et les locaux des ministères du gouvernement, il réclame toutefois que les autres provinces apportent toujours leur soutien à l'ancien gouvernement d'Antananarive.

Jacques Sylla, le Premier Ministre de Marc Ravalomanana, a dénoncé ces barrages et menacé qu'à moins qu'ils soient démantelés, son gouvernement va agir pour les éliminer. Selon lui, ils sont montés non pas par des soldats mais par des "milices qui sont devenues mafieuses." Une accusation rejetée par Ratsiraka qui a qualifié ces barrages d'un "moindre mal pour empêcher une conflagration ethnique et une guerre civile parce que ces barrages séparent les parties."

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