Madagascar: Les deux protagonistes signent un accord pour un retour à la normale à Madagascar.

18 Avril 2002

Jeudi, le 18 avril, à Dakar, au Sénégal, le Président sortant de Madagascar, Didier Rastiraka et Marc Ravalomanana, le principal chef de l'opposition, candidat à l'élection présidentielle, ont signé sous les auspices de M. Amara Essy, secrétaire général de l'Organisation de l'Unité Africaine (Oua) et de M. Ibrahim Fall, représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (Onu), un accord pour résoudre la crise qui secoue depuis bientôt quatre mois l'ile de Madagascar.

Cet accord équilibré obtenu par consensus prévoit l'organisation d'un référendum populaire pour choisir le futur Président de la république. Il prévoit aussi la mise en place d'un gouvernement de réconciliation nationale de transition, dont la durée de vie, ne devrait excéder six mois. Enfin, un conseil supérieur de la transition, dont la principale mission sera de veiller au bon déroulement de la période de transition a aussi été mise en place. Il jouera le rôle de parlement.

Cet accord remplace le très contesté Comité national électoral par une Commission électorale indépendante.

Alors que Mercredi à Dakar, MM.Rastiraka et Ravalomanana s'embrassaient sous les yeux du président sénégalais et du secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (Oua), une première entre les deux hommes depuis l'irruption violente de la crise politique et sociale dans leur pays, à Antananarivo, la capitale de la Grande Ile, la chambre administrative de la Cours suprême de Madagascar annulait les très contestés résultats de la présidentielle du 16 décembre 2001.

Visiblement surpris par l'annonce de l'annulation des résultats de l'élection présidentielle par la Cours suprême, le Président sortant, Didier Rastiraka, qu'allAfrica. com interrogeait sur la question, se demandait, lui même, qui avait fait cette annonce? Il était étonné de savoir que c'était la cours suprême qui en avait été l'auteur.

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La décision de la Cours suprême semblait avoir ôté le seul strapontin sur lequel Rastiraka tirait sa légitimité: tant que la Cours ne tranchait pas sur l'épineux problème de manque de concordance des chiffres entre ceux contenus dans les procès verbaux de l'ensemble des bureaux de votes et ceux publié dans le décompte fait par le ministère de l'intérieur, Ratsiraka demeurait légalement en place. Ce que contestaient les partisans de l'opposition, qui par les copies des rapports de leurs représentants dans les bureaux de votes, voyaient leur candidat "vainqueurs réel".

Dans un premier temps, pour ne pas compliquer davantage les négociations entre les deux leaders malgaches, la question de l'annulation récente des élections n'avait pas été abordée par la médiation africaine et onusienne lors des discussions d'hier. Mais, au cours des échanges d'aujourd'hui, la réalité de cette nouvelle donne juridique qui a aussi modifié du coup la done politique a été intégrée dans les négociations de Dakar. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les deux hommes, hier ennemis, ont fini par signé cet accord.

La Cours suprême avait affirmé avant hier que sa décision d'annuler les résultats de l'élection présidentielle de décembre dernier, s'expliquait par le fait que le Président Didier Rastiraka, avait changé six des neuf membres de la Haute Cours Constitutionnelle (HCC) quelques semaines avant la tenue des élections. Ce qui était perçu par l'opposition comme une volonté du pouvoir de contrôler les résultats de la joute électorale présidentielle.

Le succès de la médiation africaine dans le conflit malgache donne du crédit à la capacité africaine à résoudre elle-même ses différends. Un bon point qui peut rassurer les investisseurs étrangers, encore présents à Dakar, au moment de la signature de l'accord du retour à la vie normale à Madagascar. Les Africains ont définitivement tourné la page de l'instabilité chronique de leurs institutions, pour ouvrir celle de la stabilité, base de tout développement.

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