Madagascar: Le général Ranjeva( ministre des affaires étrangères) : "le souhait des électeurs était une alternance démocratique"

21 Mai 2002
interview

Officier supérieur le plus haut gradé et le plus ancien dans le gallon le plus élévé de l'armée de Madagascar, le général Marcel Ranjeva, ancien chef d'état major et ancien ministre de la défense sous le régime de l'amiral, Didier Ratsiraka, est maintenant ministre des affaires étrangères du nouveau pouvoir qu'incarne M. Marc Ravalomanana. Réputé et respecté pour son sens du devoir par ses frères d'armes, le général Marcel Ranjeva, qui s'adressant il y a de cela un mois et demi aux militaires malgaches, disait: "Il est temps pour nous de penser au véritable rôle de l'Armée et du militaire malgache dans une nation démocratique", a accordé un entretien à allAfrica. com. Il parle de la situation de crise que connaît la Grande Ile. Mais il parle aussi des attentes de son gouvernement.

Pourquoi êtes vous aux affaires étrangères maintenant alors que dans le précédant gouvernement vous étiez au ministère de la défense?

Merci de votre question. J'ai été sollicité, car la légalité était établie. J'ai donc accepté de faire partie du gouvernement pour renforcer la démocratie à Madagascar. Je suis au service de la nation. On m'a demandé de prendre mes responsabilités, et je les ai donc prises. Je suis aux affaires étrangères par souci de respecter la déontologie de la rotation de pouvoir pour nous officiers supérieurs.

Que pensez-vous de ce qui se passe dans les provinces?

Actuellement le gouvernement de monsieur le Premier ministre Sylla est à Tananarive. Le Premier ministre est en train de faire des tournées dans les provinces pour expliquer à la populations ce qui se passe. La semaine dernière il a été à Manakar et hier il a été à Ambatadrazaka, dans la province de Tamatave. Je pense qu'au fur et à mesure les gens comprendront ce qui se passe et ce qu'il faut faire.

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Que pense l'armée de votre choix de rejoindre l'équipe du nouveau Président?

Il ne s'agissait pas pour moi de rejoindre la nouvelle équipe. Il s'agissait de respecter la légalité. Après l'arrêt de la Haute cour constitutionnelle, la légalité et la légitimité sont confondues, et donc j'ai parlé en ma qualité de l'officier le plus ancien dans le grade le plus élevé de l'armée malgache.

Que pouvez vous dire du volte face de votre frère d'armes, l'ancien Président de Madagascar, Didier Ratsiraka, qui a accepté de signer un accord à Dakar qu'il ne veux pas visiblement honorer, depuis qu-il a rejoint Madagascar?

Je pense que c'est l'intéressé lui-même qui serait le mieux placé pour répondre à votre question, car je n'ai pas été à Dakar.

En tant qu'officier supérieur, pensez-vous que la force soit le chemin ou la voie vers un retour à la paix, ou bien en tant que chargé de la diplomatie, pensez-vous que c'est par le dialogue que vous obtiendrez la paix?

Nous avons toujours " priorisé" le dialogue, parce qu'en Malgache, il y a ce que l'on appelle "Fiavanane" (la sagesse Malgache). Je pense que la force est la dernière solution.

Quelle est l'étendue de la division au sein l'armée, entre les pro-Ratsiraka et les pro-Ravalomanana?

Je pense qu'il ne s'agit pas de division, mais je parlerai plutôt de dissidence de quelques individus.

Commment faire pour mettre fin à cette dissidence?

Par des explications, par des séances de sensibilisation, et expliquer aux gens qu'est-ce que la légalité. Parce que, l'armée doit servir avant tout la population malgache et ne doit pas faire autre chose. Il est anormal que des militaires fassent des choses contre les intérêts de la population.

Quelle est la place du facteur ethnique dans le conflit Malgache ?

Je pense que lorsqu'on regarde les voix obtenues et proclamées par la HCC en faveur du Président Ravalomanana, dans les différentes provinces, la question ethnique n'est pas à l'ordre de jour, pour l'ensemble de la population.

Comment aimeriez vous que cette crise soit résolue, et pensez-vous que l'initiative de l'Oua soit encore à l'ordre du jour?

Madagascar n'exclue aucune bonne volonté. Nous recevons et écoutons toutes les offres et demandes de médiations. Parce que nous comptons beaucoup sur les pays frères et sur les organisations internationales.

Parmi ces pays il y'a la médiation libyenne?

Je vous le dis encore, nous n'excluons aucune bonne volonté. Toute organisation ou toute autre bonne volonté peut nous contacter pour essayer de trouver une solution de sortie de crise.

Votre gouvernement semble-t-il souffre d'un manque de reconnaissance internationale? Comment rallier les pays étrangers à votre cause?

Il faut d'abord préciser que lors de la cérémonie de l'investiture il y eu beaucoup de représentants du corps diplomatique. Or, on ne peut pas dire que ces gens qui étaient venus là ne représentent pas leurs pays. Pour nous ils représentent leurs pays à Madagascar. Aucun Etat n'a condamné le Madagascar. Nous souhaitons fortement donc une compréhension de la situation réelle à Madagascar, et faire tout ce qu'il faut faire, afin que cette reconnaissance ait lieu le plutôt possible.

Qu'attendez-vous des Etats-Unis, de la France et de l'Union Européenne?

Nous n'avons aucun ennemi. Et nous attendons d'eux une compréhension de la situation, car le souhait de la majorité des électeurs, était une alternance démocratique au pouvoir, si l'on regarde les résultats proclamés par la Haute cour constitutionnelle.

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