Afrique: Ouverture du Sommet: les présidents africains enterrent l'OUA

8 Juillet 2002

Durban — Le dernier sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) s'est ouvert le lundi en Afrique du Sud dans la ville portuaire de Durban, sur les éloges des présidents africains qui ont salué le rôle joué par l'organisation pour avoir mis fin au fléau de l'apartheid et du colonialisme sur le continent.

L 'OUA, l'organisation dont il reste un an pour avoir 40 ans, doit être remplacée par l'Union Africaine (UA) qui devrait être introduite officiellement mardi. Un reporter vétéran africain a décrit les dirigeants africains rassemblés à Durban comme étant prêts à donner à l'OUA des " funérailles solennelles ".

Le futur président de l'organisation, le président sud-africain , Thabo Mbeki , a invectivé ceux qu'il appelle les " détracteurs " de l'OUA , qui dit-il avaient prédit que l'organisation " était vouée à l'échec . A chaque fois qu'il y avait une assemblée, ces critiques avaient prédit que l'organisation terminerait en déroute et en débâcle. "

Mbeki a affirmé que l'OUA " avait prouvé à ces détracteurs qu'ils avaient tort ". Il a insisté sur le fait que l'OUA " s'était engagée pendant presque quatre décennies pour réaliser les objectifs qu'avaient fixés ses fondateurs en 1963. " Cela a affirmé Mbeki, " nous a permis aujourd'hui de travailler avec confiance vers l'établissement de l'Union Africaine et la poursuite de nos objectifs énoncés dans le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique. "

Le président sud-africain a souligné que le sommet africain se tenait aujourd'hui dans une " Afrique du Sud libre " grâce au travail de l'OUA pour assurer une véritable liberté en Afrique.

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Le même thème a été soulevé par le président libyen Muammar -al Gaddafi, dans son discours.

Certains pourraient décrire le ton utilisé par Mbeki comme étant légèrement aigre en contraste avec les aspects optimistes du discours qui allait vers la nouvelle union continentale . Mais pour plusieurs présidents africains, Mbeki, revendiquait la nécessité de reconnaître le mérite de l'OUA, qui était souvent critiquée pour avoir été un dinosaure sans pouvoir, qui ne pouvait résoudre les nombreux conflits du continent et qui n'avait plus de raison d'être.

Mais l'atmosphère de félicitations et d'espoir a été immédiatement atténué par le Secrétaire Général des Nations-Unies, Kofi Annan , lui-même,un ghanéen . Tout en étant d'accord sur le fait que l'OUA " mérite une plus grande part du crédit qu'on ne lui accorde ", Annan a mit l'Afrique en garde l'Afrique contre l'autosuffisance.

S'adressant aux douzaines de dirigeants du continent et de délégués présents au International Convention Centre de Durban, le Secrétaire africain des Nations-Unies a affirmé : " soyons vigilants , afin de ne pas confondre espérance et réalisation . Ne nous hasardons pas à compromettre ce que nous avons déjà obtenu. Et ne croyons pas qu'une fois proclamée, notre union deviendra une réalité sans que nous ne fournissions plus d'efforts. "

Annan a ajouté : " bâtir une union couronnée de succès exigera une grande vigueur et une volonté politique de fer , tout ceci allié a une bonne volonté pour accepter de continuelles séries de négociations et de compromis. "

Il est allé plus loin, pour dire que : " on a trop souvent, et récemment fait un mauvais usage du mot démocratie , pour décrire des situations où les élections ont été gagnées à l'avance sans débat libre et juste , des situations où ceux qui ont gagné à 51% du scrutin réclament le droit de traiter les autres 49% sans ménagement " . Cela a été interprété comme un avertissement clair aux dirigeants africains qui ont truqué des élections, où qui sont passés de justesse, avec une faible majorité.

Annan a terminé en disant : " ce que je propose, (ceci) n'est pas une véritable démocratie africaine. Dans la démocratie africaine, les gouvernants écoutent les gouvernés et la majorité écoute la minorité. Nos traditions nous enseignent le respect de l'autre, le partage du pouvoir, de donner la parole à chaque homme et à chaque femme. "

Consentement et consensus, a affirmé Annan sont les garanties qui aideront les états africains " à résister à la tentation des coups bas ou aux solutions imposées par contraintes ."

Le président libyen était un autre invité à prendre la parole lors de la session d'ouverture du dernier sommet de l'OUA tenu à Durban. Al- Gaddaffi a soulevé quelque-uns de ses sujets favoris, notamment, la condamnation de l'Occident et des anciens dirigeants de l'apartheid en Afrique du Sud. Mais il a aussi mis l'accent sur le fait que la nouvelle Union Africaine doit signifier un véritable continent uni, avec des africains travaillant ensembles.

Dans un discours de 20 minutes, en arabe, Al- Gaddaffi a affirmé: " nous (africains) sommes arrivés à un moment historique et nous sommes remplis de fierté et de dignité plus qu'on ne l'a jamais été de par le passé ".

Il a prévenu que les Africains devraient " accepter l'aide, mais refuser les conditions " et ils ne se laisseront pas faire pendant que d'autres essayent de leurs imposer leur culture, leurs valeurs ou leur style de vie. " Ils doivent accepter nos coutumes, notre style de vie, et nos religions. Les Africains ne sont pas des mendiants. Mais nous ne resterons pas un cautionnement pour leurs intérêts ", a affirmé le président libyen, qui terminait en disant que " toute tentative pour contrecarrer l'intégration africaine serait vouée à l'échec ".

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