Afrique: Le sommet de l'Union Africaine se termine sur une note incertaine

10 Juillet 2002

Durban, Afrique du Sud — Le premier sommet de l'Union Africaine s'est terminé le mercredi, sur la promesse de l'ensemble des dirigeants africains d'apporter un changement significatif sur le continent au bénéfice de leurs peuples.

Dans son discours de clôture, le président sud-africain, Thabo Mbeki , qui est aussi le premier président de l'Union Africaine, a affirmé : " nous avons suscité beaucoup d'espérance avec la naissance de l'Union Africaine , et nous ne pouvons pas les décevoir . "

Mais il y a des personnes déjà déçues par l'unes des premières décisions prises par la nouvelle union continentale, c'est à dire celle qui consiste à maintenir l'embargo sur Madagascar en prenant son siège à l'Union Africaine.La hiérarchie africaine a refusé de reconnaître le gouvernement du nouveau président de la grande île de l'Océan Indien, Marc Ravalomanana, en la traitant d'" anticonstitutionnel ".

La position prise sur le conflit à Madagascar était juste un héritage de l'OUA, le prédécesseur de l'UA, qui a cessé d'exister depuis le mardi. Le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a affirmé lors d'une conférence de presse que : " celui qui viendra au pouvoir de manière anticonstitutionnelle ne pourra plus siéger avec nous. "

Mais il n y a pas eu d'" accord absolu sur Madagascar " après de vives discussions entres les chefs d'Etats. Les chefs d'état ont finalement demandé que de nouvelles élections présidentielles se tiennent avant que l'Ile ne puisse rejoindre la toute nouvelle Union Africaine.

Obasanjo, ainsi que la majorité des présidents africains réunis à Durban , sont catégoriques sur le fait de ne pas admettre Madagascar , ajoutant même : " nous avons fait preuve d'autorité. Si à ce niveau de l'UA, nous ne faisons pas les choses par principe, nous allons échouer avant même d'avoir commencé. "

Les Etats-unis, la France et les autres pays européens ont reconnu le gouvernement de Marc Ravalomanana . Cependant les pays africains ont assuré, qu'ils ne voudraient pas se laisser guider par les décisions prises par l'Occident, mais plutôt par les principes fondamentaux de l'Union Africaine.

Alors que les présidents et les officiels commençaient à quitter le mercredi la ville portuaire de Durban, Madagascar - et les autres conflits qui existaient sur le continent avant leur arrivée - sont restés une réalité , testant leur résolution à prendre des mesures rapides et efficaces pour mettre fin aux nombreux conflits qui existent en Afrique .

Cela malgré des efforts redoublés et des pourparlers de haut niveau pour aider à résoudre le conflit de quatre ans qui se déroulent en République Démocratique du Congo (RDC) ,et qui paralysent toute la région des Grands Lacs . Lors d'une rencontre sous l'égide de Mbeki , le président du Rwanda , Paul Kagame - qui a ses troupes positionnées au-delà de la frontière avec la RDC a rencontré le président du Congo, Joseph Kabila, en présence du Secrétaire Général des Nations-Unies , Kofi Annan.

Aucune évolution concrète n'a été faite, avec les deux protagonistes campés sur leurs positions.

Les Congolais ont suggéré une zone tampon, sous la forme d'un " rideau de sécurité " dont les forces de maintien de la paix des Nations-Unies assureraient la sécurité à la frontière et empêcheront l'armée rwandaise de la franchir. Mais le président Kagamé a dit aux journalistes le mercredi que : " pour pouvoir retirer nos troupes, il faudrait que nos inquiétudes en matières de sécurité soient adressées. Les inquiétudes du Rwanda demeurent et elles n'ont pas changé. "

Le Rwanda qui soutient l'un des groupes rebelles congolais, soutient qu'il a besoin de prolonger sa présence militaire au Congo parce que le gouvernement de Kinshasa ne peut pas assurer la sécurité de ses frontières. Kigali accuse Kinshasa de continuer d'héberger des milices Interahamwe Hutus, responsables du génocide de 1994 au Rwanda.

" Ils veulent causer des problèmes et ensuite revenir pour continuer le génocide " a assuré Kagame, qui a terminé en disant que jusqu'à ce que les milices soient désarmées " ces inquiétudes sont la raison pour laquelle nous sommes allés au Congo, ce sont nos seules exigences et elles le resteront jusqu'à ce qu'elles soient abordées par les principaux concernés. "

Kagame a assuré que le Rwanda était préparé à continuer le dialogue avec la RDC, mais qu'il ne s'engagerait pas plus.

Le Conseil de Sécurité de l'UA, dont la création a été approuvée par le sommet de Durban est censé précisément s'occuper de ce genre de problèmes très délicat en Afrique. Une fois opérationnel, le Conseil aura le pouvoir d'envoyer des troupes dans les points chauds du continent.

Bien qu'en acceptant le conseil, les présidents africains ont effectivement accepté une diminution partiale de leur souveraineté - jusqu'ici sacro-sainte sous la défunte OUA - il faudra juger les choses à l'usage. Les analystes disent que le vrai test viendra si jamais le besoin se faisait sentir d'envoyer une force de maintien de la paix africaine, une force rapide d'intervention, ou de permettre aux éléments de maintien de la paix du Conseil de Sécurité d'intervenir.

Et c'est sans oublier le nouveau système de droit de regard, quoique volontaire, qui exigerait un revirement de 180 degrés pour plusieurs présidents qui appartiennent à la vieille garde des présidents africains devenus maintenant membres de l'UA.

Même certains parmi la nouvelle classe de présidents semblaient se contredire lors du dernier jour du sommet. Le nouveau président de l'UA, Mbeki, a dit aux journalistes lors du dernier briefing qu'un sommet " extraordinaire " spécial se tiendrait dans six mois avant la prochaine assemblée annuelle des chefs d'état prévue, à Maputo, en Mozambique en 2003.

L'annonce de Mbeki semblait rejeter certaines annonces faites par ses collègues, comme, Obasanjo.Le président du Nigeria avait annoncé quelques heures plus tôt qu'il y avait " deux tendances ", l'une favorable à la tenue du prochain sommet dans six mois, mais la majorité optant pour sa tenue dans douze mois. " Je pense que l'idée d'un sommet ordinaire dans un an à partir de maintenant est à l'ordre du jour " a affirmé Obasanjo aux journalistes.

Mais Mbeki a affirmé plus tard lors d'une conférence de presse après la cérémonie de clôture, que le prochain sommet " aura lieu dans six mois. Ce que je suis en train de vous dire est une résolution du sommet. "

Le président sud-africain a assuré que le sommet spécial a été accepté pour permettre de prochaines discussions sur plusieurs amendements très difficiles et très délicats sur la loi fondatrice de l'UA proposée par le président libyen, le colonel Muammar Al-Gadaffi

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