Afrique de l'Ouest: Charles Taylor du Libéria parlera aux rebelles a déclaré l'émissaire de la Cedeao

1 Juillet 2002

Maputo — Le responsable principal à la sécurité pour les états de l'Afrique de l'Ouest, Cheikh Oumar Diarra, a affirmé que le président libérien Charles Taylor était prêt, sous certaines " conditions ", à parler aux membres du groupe armé rebelle qui essayent de renverser son gouvernement dans la capitale, Monrovia.

Jusqu'à présent Taylor avait refusé de rencontrer le groupe, connu sous le nom de LURD - Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie, le groupe qui contrôle un tiers du pays.

Mais la situation est en train de changer, a affirmé Diarra, le secrétaire exécutif délégué de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui joue un rôle fondamental dans la gestion des conflits régionaux. Interviewé, à Maputo, en Mozambique, Diarra a déclaré : " je pense que la situation a évolué. A dernières nouvelles, le président Taylor est prêt à rencontrer les rebelles sous certaines conditions et nous sommes en train de travailler sur ces conditions afin de faciliter le dialogue. "

Diarra, un général de l'armée malienne, a dirigé un contingent de force de maintien de la paix lors du processus de paix mené par la CEDEAO destiné à mettre fin à la guerre civile au Libéria dans les années 1990. Dans l'interview il a aussi ajouté que " plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques " se sont aussi impliqués dans les pourparlers de paix et il pense qu'une conférence se tiendra très bientôt.

Les présidents des pays d'Afrique de l'Ouest avaient décidé lors du sommet tenu durant le mois de Mai de mettre la pression pour qu'il y ait un cessez-le-feu au Libéria, suivit d'un dialogue politique entre le gouvernement, les rebelles et les organisations de la société civile.

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Lors de la rencontre de Yamoussoukro, en Cote d'Ivoire, le président du Nigeria et le président Abdoulaye Wade du Sénégal ont été mandatés et chargés des pourparlers afin de trouver une solution politique à la crise.

Mais le ministre des affaires étrangères de Taylor avait déclaré à Monrovia que le gouvernement n'était pas content que la CEDEAO mette sur le même pied un gouvernement élu, des rebelles armés et des insurgés; ainsi ,il a rejeté toute suggestion ou intervention militaire proposée par la communauté régionale.

Diarra a souligné qu'une mission militaire de la CEDEAO envoyée au Libéria avait soumis son rapport au conseil de l'organisation sur la médiation et la sécurité. Ce conseil se réunira en session extraordinaire lors du prochain sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine / Union Africaine à Durban, en Afrique du Sud .

Diarra a affirmé que les conclusions de la délégation militaire de la CEDEAO ont confirmé que les rebelles recevaient un appui extérieur - une violation nette du moratoire de la communauté régionale sur l'importation, l'exportation et la fabrication d'armes légères. Le rapport a conclu que les rebelles étaient bien équipés et mieux ressourcés que les forces du gouvernement libérien. Il a affirmé que l'équipe d'examen régional n'avait pas été capable d'identifier la source qui aidait les rebelles, bien qu'on pense largement que la Guinée voisine apporte son soutien au LURD. " La mission n'a aucune preuve que le matériel et l'aide venaient de la Guinée ou d'un autre pays ....mais cela se saura plus tard . Ce que nous essayons de faire maintenant, c'est d'obtenir un cessz-le-feu " a souligné Diarra.

Cependant , Diarra semblait insinuer que la Guinée jouait un rôle dans la crise , en faisant référence au " processus de Rabat " , concernant la rencontre tenue au Maroc avec es dirigeants de trois pays voisins - le Libéria , la Guinée et la Sierra Léone . " Je pense qu'on a aussi besoin de dialogue entre ces trois chefs d'état' a-t-il affirmé. Le dialogue politique s'il est établi, s'il crée un espace de dialogue entre ces trois gouvernements, ce sera aussi un moyen de venir à bout du projet des rebelles du LURD. "

On lui a demandé ce que ferait la CEDEAO si les rebelles parvenaient à prendre la ville de Monrovia - Diarra a répété le point de vue du secrétaire exécutif de la CEDEAO, Mohamed ibn Chambas, qui soutenait que la région n'accepterait pas et sous aucune condition, une passation de pouvoir violente en Afrique de l'Ouest . " Nous utiliserons tous les moyens y compris, la force pour rétablir le gouvernement démocratiquement élu " a déclaré Diarra, ' "et nous l'avons fait comprendre de manière claire au LURD. " Il a terminé en disant qu'il était peu probable que la situation atteigne un tel point, " mais si cela s'avérait nécessaire nous le feront ".

Dans un mouvement sans précédent mené par la CEDEAO en 1997 et en 1998, les forces de maintien de la paix de l'Afrique de l'Ouest - mandatées par les chefs d'états de la région et dirigées par le gouvernement militaire du Nigeria- se sont rassemblées pour rétablir le gouvernement constitutionnellement élu du président Ahmad Tejan Kabbah de la Sierra Léone après qu'il fut destitué. Dans un choeuur de condamnation de la communauté internationale, Kabbah avait été renversé lors d'un coup d'état militaire neuf mois plus tôt et il s'était enfui vers la frontière de la Guinée.

Diarra a reconnu que contrairement au passé, les états membres de la CEDEAO tel que le Nigeria ont maintenant des gouvernements élus, ce qui rendait difficile de persuader les hommes politiques de la région d'envoyer encore des hommes pour le maintien de la paix au Libéria .

Mais il a affirmé : " je ne pense pas qu'il y aura une opposition de la part des différents parlements parce que c'est l'un des engagement des états membres de la CEDEAO de fournir des troupes quand la paix est menacée dans un état et c'est l'une des obligations d'un pays membre. "

Diarra a prévenu que la disparité entre les ressources des deux camps rivaux au Libéria a aggravé le problème. " Nous sommes devant une situation ou il y a d'un coté des rebelles qui reçoivent de l'aide, et de l'autre le gouvernement, qui est sous embargo, et qui ne reçoit aucune aide. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé que nous ferons appel à la communauté internationale pour qu'elle approuve la stratégie de paix de la CEDEAO ....Nous avons besoin de l'appui du Conseil de sécurité des Nations Unies pour qu'il fasse comprendre que l'aide que les rebelles reçoivent ne cessera pas et que les rebelles seront encouragés à continuer leur action. "

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