Le premier président de la République indépendante de Mauritanie Moktar Mohamedoun Ould Daddah s'est éteint hier à l'hopital militaire de Paris (Val de Grace) des suites d'une insuffisance respiratoire. Il avait 79 ans. La Mauritanie a décrété un deuil national de trois jours et les drapeaux ont été mis en berne.
La Mauritanie pleure la disparition de son premier président Moktar Ould Daddah. Il est décédé , hier à Paris des suites d'une longue maladie. Celui que l'on appelait le père de la nation aura régné pendant dix sept ans sans partage sur ce vaste pays désertique de la cote atlantique africaine. Avocat de formation , il fut président de la République Islamique de Mauritanie, quelques mois après son accession à l'indépendence en 1960.
Successivement élu en 1966, 1971 et 1976, le tout puissant président du Parti du Peuple Mauritanien ( PPM ) , aura marqué son pays par sa gestion controversée et marquée par de nombreuses crises dont les plus célébres restent la crise de la Miferma ( société des mines) , celle linguistique et ethnique qui rendait obligatoire l'apprentissage de la langue arabe en classes secondaires et qui suscita la révolte des négro-mauritaniens ( 1966) . Principal artisan de la Mauritanie moderne, il est à l'origine du retrait de son pays de la zone franc franc et de l'instauration d une nouvelle monnaie dénommée ougouya
Le premier président mauritanien a souvent été durant son magistère la cible des organisations de défense des droits de l'homme en raison de l' esclavage auquel était soumis les populations négro-mauritaniennes mais surtout à cause de la violence des répressions qui a suivi la crise de la Miferma. Autant de situations qui avaient contribué à fragiliser son régime et fait perdurer la crise malgré des initiatives prises et à l'époque très populaires comme son engagement aux cotés du Maroc durant la guerre du Sahara.
Né en 1924, Moktar Ould Daddah restera toutefois l'un des hommes politiques les plus célébres de son pays à l'instar de tous les pères d' indépendence africaines. En Mauritanie ou ,un deuil de trois jours a été décrété et les drapeux mis en berne, la radio et la télévision ne diffussent que des extraits du Coran . Et ceci jusqu'à l'arrivée de la dépouille prévue le vendredi. L' ancien chef d'Etat mauritanien sera inhumé samedi dans son village natal de Boutilimit rendu célébre par son défunt saint homme Cheikh Yacoub . Renversé par un coup d Etat , le 10 juillet 1978, Moktar Ould Daddah aura connu la prison pendant quinze mois avant d'être exilé en France durant vingt trois ans. Son retour triomphal en juillet 2001 avait revigoré ses partisans sur l' échiquier politique mauritanien.
Sa mémoire a été saluée par le peuple mauritanien qui s'est spontanément rendu à son domicile à Nouakchott en signe de compassion et de solidarité. Cette disparition intervient au lendemain de sa décision de publier ses mémoires mais surtout à la veille d'élections présidentielles décisives pour le pays et auxquelles cinq candidats se sont déjà déclarés.