Sénégal: Audiovisuel : le H dénonce la course au sensationnel

31 Décembre 2003

La recherche du sensationnel, le non-respect des principes constitutionnels et le non-respect de l'équilibre dans le traitement de l'information, ainsi que les dérives dans les émissions interactives sont dénoncés par le Hca. Citant nommément les médias mis en cause, l'organe de régulation de l'audiovisuel fait des recommandations.

A l'issue de sa séance du 28 décembre dernier, le Haut conseil de l'audiovisuel (Hca) a rendu public un avis relatif au non-respect des certains principes constitutionnels et au non-respect du principe de l'équilibre dans le traitement de l'information. Dans le premier point dénommé "non-respect des principes constitutionnels", le Hca dénonce la "diffusion d'éléments de nature à porter atteinte à la cohésion nationale ou à l'ordre public". Et c'est pour citer la radio Envi' Fm qui, dans son journal de 13 h du 7 août 2003, "a donné la parole à des habitants de la zone de la Seras qui ont porté des accusations particulières sur la communauté maure". Mais il y a aussi le non-respect des institutions et de la vie privée. En effet, selon le Hca, des atteintes ont été portées, à travers les médias, aux institutions comme le président de la République et le pouvoir judiciaire, ainsi qu'à l'honneur et à la vie privée de citoyens, souvent cités nommément. C'est ainsi que, note l'organe de régulation des médias, "le deuxième semestre de l'année 2003 a été particulièrement marqué par certains événements (affaire Talla Sylla, affaire du ranch de Dolli, affaire des panneaux d'affichage, délocalisation du Cemt Martin Luther King, etc.), événements dont le traitement médiatique a été émaillé par des dérives verbales surtout dans le émissions interactives. D'une manière générale, la plupart des radios privées ont versé dans de telles dérives pendant cette période". Pour le deuxième point relatif au non-respect du principe de l'équilibre dans le traitement de l'information, le Hca signale particulièrement certains médias. Pour lui, le 30 août, Radio-Sénégal "a fait l'impasse sur la démission de M. Abdou Fall du Pds mais par contre, a diffusé des manifestations organisées par les populations des Hlm relativement à cette démission". Cette même radio, restée silencieuse sur l'interview accordée par Landing Savané d'And-Jëf au quotidien Wal Fadjri où il parlait d'une crise au Pds, a quand même diffusé la réponse du porte-parole du parti de Wade, Modou Diagne Fada, qui s'est livré à des attaques contre Savané et son parti. Dans le cadre du non-respect du principe de l'équilibre, la radio Walf Fm est citée à trois reprises. D'abord, dans son journal de 22 h du 2 juillet dernier, quand elle a tendu le micro à un conseiller municipal des Parcelles-Assainies à propos d'une pétition signée par ses collègues contre leur maire sans en faire de même pour ce dernier. Ensuite, le 22 septembre à 12 h, cette même radio a permis aux ex-travailleurs d'Air Afrique de s'attaquer au syndic liquidateur de cette société sans que l'incriminé ne puisse donner son point de vue.

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Enfin, le 9 octobre, elle a fait parler l'Association des parents d'élèves de l'école Hlm4 dans un différend l'opposant à la directrice, sans permettre à cette dernière de se prononcer. La Radio Futur médias (Rfm) est aussi coupable de la même méprise quand, dans son journal de 23 h, le 9 septembre, à la suite d'incidents survenus lors d'un match navétanes au stade Demba Diop, elle n'a donné la parole qu'au président de l'Asc Bokk Jëf des Parcelles-Assainies qui a accusé l'Asc Cosaan de Pikine. La télévision nationale aussi qui, n'ayant pas parlé du livre d'Abdou Latif Coulibaly, a diffusé de larges éléments le démentant.

Après tous ces constats, le Hca "recommande d'avoir le souci permanent de la préservation de la cohésion sociale et de la tolérance religieuse telles que garanties par notre Constitution, le souci de l'équilibre dans le traitement de l'information qui doit primer sur la recherche du sensationnel, une meilleure prise en compte du respect dû aux institutions, à l'honneur et à la vie privée des citoyens". C'est ainsi que cet organe recommande la vigilance requise aux animateurs des émissions interactives, car "la liberté d'expression et le droit de critique qui sont garantis par la Constitution doivent être exercés conformément aux principes constitutionnels et légaux".

Le Hca invite aussi les radios au respect des dispositions relatives à la publicité, notamment celles se rapportant à certains types de messages publicitaires aptes à soulever la problématique de leur véracité. "Il s'agit précisément des réclames relatives aux tradi-praticiens et autres guérisseurs", selon le Hca qui ajoute que le contenu des messages de publicité doit être conforme aux exigences de vérité, de décence et de respect de la personne humaine.

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