Lagos — Le président du Togo, le Général Gnassingbé Eyadema est décédé, samedi matin, des suites d'une crise cardiaque alors qu'il était évacué vers l'étranger pour y subir des soins.
Au mépris des dispositions constitutionnelles (la vacance doit être assurée par le président de l'Assemblée Nationale), l'armée a désigné son fils Faure Gnassingbé pour assurer sa succession à la tête de l'Etat.
Gnassingbé Eyadéma est mort samedi matin à 69 ans. Un communiqué lu sur les ondes de la radio togolaise, par le premier ministre Koffi Sama a rendu l'information publique. « Le Togo vient d'être frappé par un grand malheur, c'est une catastrophe nationale », a-t-il dit, visiblement très affecté par la triste nouvelle.
Toute la journée du samedi, la radio nationale diffusait en boucle des chansons religieuses avant qu'un officier supérieur des FAT (Forces Armées togolaises), le Général Zakari Nandja, ne vienne annoncer le choix de l'armée porté sur Faure, un des fils Gnassingbé, pour succéder à son défunt père.
"Les FAT (Forces armées togolaises) se trouvent devant l`évidence que la vacance du pouvoir est totale", indiquait le communiqué lu à la télévision nationale par l'officier supérieur. "Le président de l`Assemblée étant absent du territoire national, et pour ne pas laisser perdurer cette situation, les FAT ont décidé de confier le pouvoir à Faure Eyadéma à partir de ce jour", a-t-il annoncé.
Le président de l'Assemblée nationale Fambaré Ouattara Natchaba, qui se trouvait en mission en Europe, a mis cap vers son pays mais a malheureusement vu son avion détourné sur Cotonou en raison des mesures conservatoires prises par les autorités.
A Lomé, la capitale togolaise, on n'a enregistré aucun mouvement dans les rues, toutefois , les autorités togolaises ont décidé de fermer « toutes les frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays ».
Un deuil national officiel de deux mois a été décrété dans tout le pays.
Le Président Gnassingbé Eyadéma est arrivé au pouvoir en 1967 à la faveur d'un coup d'Etat militaire qui déposa le président Nicolas Grunitsky qu'il avait aidé à prendre le pouvoir en 1963. C'était au lendemain du putsch militaire qui emporta le père de l'indépendance togolaise Sylvanus Olympio.
Un « dinosaure » s'est éteint
En 38 ans de règne, il aura vécu de nombreuses situations conflictuelles, notamment face à une opposition décidée à avoir sa peau au lendemain de la conférence nationale instituée en 1991 , après l'appel de la Baule pour l'instauration d'un multipartisme.
Pour avoir survécu à un crash et autres tentatives d'assassinat et de coup d'Etat, il était considéré comme un « immortel » et « inamovible » par la plupart de ses concitoyens.
Sa mort ouvre une période d'incertitudes dans le pays au regard des nombreuses dénonciations qui ont accompagné la désignation de son fils pour sa succession au sommet de l'Etat.
Grâce à sa longévité politique et au soutien indéfectible de son ancienne puissance coloniale, la France, au sein de laquelle, il a exercé comme soldat en Algérie et en Indochine, Eyadéma était le doyen des chefs d'Etat africains. Une position qui en faisait un des présidents les plus écoutés par ses pairs mais également un des chantres de la « françafrique ». Ami personnel du président Chirac, il doit à la France, les nombreux sauvetages de son régimes par moments ébranlé par des troubles publiques, notamment au lendemain de la transition de 1991.
Dernièrement, il s'était investi dans le règlement du conflit ivoirien en recevant plusieurs fois les forces protagonistes en pourparlers.