Togo: Succession de Gnassingbé Eyadéma : un Gnassingbé en remplace un autre

6 Février 2005

Lagos — Deux heures après l'annonce du décès de Gnassingbé Eyadéma, l'armée tordant le cou à la loi constitutionnelle, désigne Faure Gnassingbé en remplacement de son père au sommet de l'Etat. Une décision qui a entraîné une vague de désapprobation dans le monde.

A peine, le pays s'est-il remis de la surprise et de l'émoi de la disparition du Général Eyadéma que les autorités militaires du Togo, par la voix du Général, chef d'état major de l'armée togolaise, Zakari Nandja, ont décidé de confier la présidence vacante à Faure Gnassingbé, fils du défunt président et précédemment ministre des mines et de l'équipement du Togo.

Faure Gnassingbé, un civil de 39 ans, devient donc en l'absence au pays du président de l'Assemblée Nationale, à qui la constitution confie l'intérim de la présidence pour 60 jours, le nouveau président de ce petit pays d'Afrique occidentale, peuplé de 5,5 millions d'habitants.

La décision a été prise en accord avec l'élite militaire du pays, pour la plupart proche de la famille Eyadéma et originaire du Nord du pays.

Faure Gnassingbé était un très proche et influent collaborateur de son père avec qui il siégeait au conseil des ministres.

La constitution togolaise prévoit en cas de vacance du pouvoir, que l'intérim doit être assuré par le président de l'Assemblée Nationale pour une période transitoire de 60 jours et la tenue anticipée d' élections. A l'annonce donc de la mort du Général Eyadéma, le président du parlement togolais, Fambaré Ouattara Natchaba, était en mission en Europe. Il a aussitôt tenté de rejoindre son pays avant de voir son avion (une ligne commerciale) dérouté vers Cotonou, la capitale du Bénin voisin ; ceci en raison de la fermeture de toutes les frontières du pays. Il devait être conduit à la frontière entre les deux pays ce dimanche après-midi avec le concours des autorités béninoises. Il ne s'est pas encore prononcé sur la succession du Président Gnassingbé Eyadéma.

Vague de désapprobation en Afrique

Aussitôt l'information de « l'intronisation » du fils Eyadéma connue, une vague de désapprobation s'en est suivi venant en premier d'Addis Abeba où par la voix de Alpha Oumar Konaré, l'Union africaine a dénoncé par ces propos : "Ce qui est en cours au Togo, appelons les choses par leur nom, c'est une prise de pouvoir par l'armée, c'est un coup d'Etat militaire".

A sa suite, le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l

L'UA, « a encouragé le peuple togolais à réclamer le respect de la Constitution nationale concernant le pouvoir intérimaire au Togo, qui aboutira à l'élection démocratique du président du Togo conformément à la Constitution ». Reprenant du coup le même son de cloche du président en exercice de la Cedeao, le nigérien Mamadou Tandja, pour qui, la prise du pouvoir par l'armée au Togo samedi est une « violation constitutionnelle ».

Seul le président ivoirien Laurent Gbagbo s'est abstenu de commenter la prise du pouvoir saluant plutôt la mémoire de Eyadéma « Cette disparition est une grande perte pour notre continent, pour l'Afrique de l'ouest et singulièrement pour la Côte d'Ivoire, pour qui l'illustre disparu a toujours manifesté un grand attachement, qui s'est encore récemment traduit par son engagement total dans la résolution de la crise ivoirienne».

... Et dans le monde

Dans le monde, le président français Jacques Chirac a rendu hommage à « un vieil ami de la France et à un ami personnel » avant que le Quai d'Orsay ne s'aligne sur la position de l'UA en appelant au respect de la légalité constitutionnelle.

Louis Michel, le commissaire européen au développement et à l'action humanitaire, a lancé un appel au calme et à la sérénité pour que le processus de dialogue amorcé puisse continuer.

De son côté, le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf a invité les dirigeants togolais à avoir « un sens élevé de leurs responsabilités » et à « faire progresser les valeurs de paix, de solidarité et de démocratie ».

Quant au secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan, il pense que le salut du Togo passe forcément par un respect de la constitution pour assurer la transition.

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