Afrique: Sommet Economique Afrique-USA 2005 : sous le signe de l'investissement et du partenariat

24 Juin 2005

Baltimore — Placé sous le signe de l'investissement et du partenariat, le Sommet économique Afrique-USA 2005 a donné l'occasion à ses participants, venus de divers pays, professions et secteurs économiques, de mettre leurs expertises en symbiose afin de nouer de solides partenariats avec les opérateurs économiques des deux côtés de l'Atlantique.

Organisé par le Corporate Council on Africa (CCA), un groupe représentant la quasi-totalité des entreprises américaines ayant un intérêt pour l'Afrique, ce sommet a réuni environ 2000 participants, pour la plupart venus d'Afrique

Cette rencontre, unique en son genre, regroupe tous les deux ans entrepreneurs, banquiers, représentants des pouvoirs publics ainsi que des opérateurs économiques des secteur privé et public.

Le résultat attendu par le CCA au terme du Sommet est un accroissement des investissements américains dans le continent. Les trois jours qu'a duré cette rencontre a permis à ces derniers de prendre conscience de l'ampleur des opportunités économiques s'offrant à eux sur ce continent en plein foisonnement de PME.

A cette occasion, AllAfrica.com a fait le tour des ateliers, et certains participants ont bien voulu nous confier leurs impressions.

Selon Rorika Kububowaito, une femme d'affaires kenyane, le principal atout de la biennale réside dans l'opportunité qu'elle offre à ses participants d'établir des contacts avec des partenaires potentiels : " Ce forum a permis de réunir des acheteurs et des vendeurs. Ces derniers ont eu l'opportunité de recueillir des critiques visant a améliorer leurs produits ", dit-elle. " Beaucoup de personnes en Afrique sont capables de tisser, d'autres peuvent sculpter, et d'autres encore peuvent tanner du cuir, mais ces personnes ne savent pas où vendre leurs produits sur le marché ".

Pour Madame Kububowaito, le principal obstacle à l'essor de l'entreprenariat privé en Afrique demeure le manque d'informations et de débouchés : "Si les gens possèdent déjà un talent qu'on peut exporter, pourquoi ne pas essayer d'en tirer profit ? Or, beaucoup ne connaissent pas la demande qui existe sur le marché américain. Aujourd'hui nous essayons d'aborder cette question, nous essayerons de fournir des informations aux producteurs africains afin qu'ils soient, une fois de retour au pays, en mesure de produire quelque chose qui se vend ici. "

Ce sentiment est partagé par Faith Mathews, représentante de United Bank of Africa, la quatrième banque la plus importante du Nigéria : "Je suis impressionée. Le but de notre présence était d'échanger des contacts et des idées. Dans ce sens, le sommet a satisfait mes attentes", dit-elle. Et d'ajouter: "Nous avons également été impressionnés par le message positif du gouvernement américain, qui loue les progrès réalisés par les Africains."

Pour MoroKaza Gao, un agronome nigérien invité et pris en charge par le CCA, le sommet devrait prendre une approche beaucoup plus technique. "Il faut dissocier les affaires et les discours ", dit-il. " Ici, il y a des représentants des gouvernements, il y a des opérateurs économiques... on a l'impression d'un carnaval. Vous voyez beaucoup plus de discours que de faits. En tant qu'opérateurs économiques, nous ne sommes pas venus nous nourrir de discours, on est venus concrètement pour rencontrer des opérateurs américains avec lesquels on doit discuter d'affaires".

Initiateur d'une PME d'extraction d'huile de sésame et d'arachide, il espérait rencontrer des partenaires pour l'aider à financer et à renforcer sa chaîne de production." Je voulais avoir un partenaire commercial intéressé par mon produit, et intéressé à le distribuer sur le marché américain. Telles étaient mes grandes attentes de ce sommet", confie-t-il.

Ces attentes sont partagées par Henry Maïmouna, Directrice adjointe de la promotion de l'artisanat du Niger : "Les artisans nigériens sont confrontés à un problème de prise en charge. On souhaiterait voir plus d'artisans pris en charge".

A Navdheep Sodhin, entrepreneur indien opérant dans l'industrie textile au Nigéria, de faire la mise en garde suivante : "A moins qu'il n'y ait de plus grands échanges entre le secteur privé africain et le secteur privé américain, on pourrait bien passer à côté des objectifs de cette rencontre". Pour lui, le plus grand défi consiste à faire en sorte que ce sommet aboutisse à des progrès sur le terrain en Afrique. "Il existe un fossé entre la politique du gouvernement américain et ses intentions envers l'Afrique. Le gouvernement a de très bonnes intentions la plupart du temps, mais ces intentions ne se traduisent pas toujours en actes concrets; et nous pensons que c'est dû à un manque de communication avec les entreprises privées opérant sur place".

"Le message que je veux lancer aux autorités organisant ce genre de rencontres c'est de mettre les représentants de gouvernements dans un coin et leur parler à part. Quant à nous, les opérateurs économiques, qu'ils nous donnent la possibilité de rencontrer des partenaires américains et des PME américaines avec lesquels on peut vraiment conclure tout de suite des affaires. On vient de très loin, et l'on ne voudrait pas repartir sans avoir obtenu quelque chose", renchérit Gao.

Pour Inès Fofana, une jeune femme d'affaires du Burkina Faso, le sommet prend une dimension sud-sud : " Je suis venue présenter les produits de mon pays. On a eu l'occasion de rencontrer certains importateurs d'autres pays, ce qui nous fait une certaine ouverture de marché ". Dans la foulée, elle a déjà reçu une offre de partenariat avec un entrepreneur zambien, tandis qu'un groupe nigérian spécialisé en marketing sur internet lui propose de la publicité gratuite. " Qu'est-ce que le producteur cherche sinon une ouverture de marché, c'est-à-dire, comment vendre ses produits ?", s'interroge-t-elle. "Je pense que ce sommet répond à nos attentes".

En fin de compte, rappelle Rorika Kububowaito, l'essentiel est que le quotidien des Africains soit transformé en des lendemains meilleurs. "Notre espoir c'est de permettre à chaque individu en Afrique de se créer une source de revenus stable. Cela permettra de créer des emplois pour les populations locales. En retour, cela conduira à un meilleur mode de vie pour eux et leurs familles. C'est ça la vision."

Le sommet qui se tient à Baltimore (Etat du Maryland, côte Est des Etats-Unis) s'achève le 24 juin.

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