Togo: Assises de la presse francophone à Lomé : le pouvoir togolais se réconcilie avec ses journalistes

4 Novembre 2005

Lomé — Les 37èmes assises de l'Union internationale de la Presse Francophone (UPF) se sont ouvertes ce vendredi 4 novembre à Lomé, la capitale togolaise.

Plus de 200 hommes et femmes de médias sont présents pour débattre du thème : " Pluralisme et déontologie : liberté et responsabilité des journalistes ", dans la suite des assises de Libreville (2003) et de Ouagadougou (2004), qui avaient réfléchi respectivement sur la formation et le perfectionnement des journalistes, et sur leur protection.

Dans cette logique, les assises 2005 revêtent un intérêt particulier, parce qu'elles se tiennent dans un pays qui sort peu à peu du cercle peu envié des nations bannies par la communauté internationale.

Le Togo émerge en effet de douze années de mise en quarantaine par l'Allemagne, la France, l'Union européenne et les Etats-Unis notamment, du fait de l'étouffement toujours plus grand de la démocratie et de la notoriété toujours plus grande de sa rigidité envers les pôles d'expression. Les médias privés togolais sont parmi ceux qui en ont le plus souffert. Le prix de la liberté de la presse de l'UPF, attribué en 2003 à Lucien Messan, directeur du journal "Le Combat du Peuple", était un signal envoyé au pouvoir de Lomé dont les relations avec la presse avaient fini de se dégrader.

Lucien Messan lui-même a si bien décrit la situation d'il y a peu : " Organiser les assises de l'UPF au Togo était inimaginable il y a seulement deux ans, parce que les conditions n'étaient pas réunies, du fait que les journalistes étaient malmenés et la liberté de la presse sérieusement et constamment entravée dans le pays ".

C'est pourtant ce signe, avec d'autres, qui commencera à infléchir la position du défunt président Gnassingbé Eyadéma.

Saisissant l'appel de l'UPF à la dépénalisation, il a fait établir un nouveau code de la presse, en août 2004, peu avant le soutien officiel apporté à cet appel par les chefs d'états francophones, réunis en sommet à Ouagadougou en novembre 2004. C'est encore Eyadéma qui a donné son accord pour la tenue des 37èmes assises de l'UPF à Lomé, avant de décéder en février dernier. Son fils et successeur, Faure, a semble-t-il, fait de la tenue effective de cette rencontre, une question d'honneur.

A la cérémonie d'ouverture, qu'il a présidée en personne ce vendredi, Faure Gnassingbé n'a pas manqué de plaider pour le retour en grâce de son pays, qui " se situe à l'avant-garde de ce combat (l'abandon des peines de prison, ndlr) depuis l'adoption, en août 2004, de la loi portant suppression des peines de prison pour les délits de presse ".

Il faut se réjouir, objectivement, de l'amélioration des rapports entre le pouvoir togolais et sa presse, fortement représentée dans la nouvelle mouture de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication, HAAC, dont le président est un journaliste, Philippe Evegno.

Un assouplissement qui s'étend aux médias étrangers, avec la reprise ce vendredi aussi des émissions de Radio France Internationale (RFI) au Togo.

Le Togo aujourd'hui, c'est 6 chaînes de télévision, plus de 60 stations radio, un quotidien national et plus de 30 hebdomadaires, symbole d'une vitalité qui n'aurait pu plus longtemps être occultée. Pourvu que cela dure...

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