Le Caire — Le rideau est tombé sur la 25ème Coupe d'Afrique des Nations de football, année des 49 ans d'existence du tournoi. L'évènement a répondu à toutes les attentes, une finale Côte d'Ivoire-Egypte d'un excellent niveau, l'affluence dans les stades, du beau jeu et du fair-play.

La déconvenue des mondialistes africains (Togo, Angola, Ghana, Tunisie), la belle surprise guinéenne, la chanceuse Sénégal, les satisfaisantes équipes congolaises,  auront été les faits marquants de ce tournoi. Au chapitre des flops, on ne saurait effacer le triste bilan de l'Afrique du Sud, les gâchis camerounais et tunisien trop tôt sortis de la compétition malgré un potentiel énorme.

Comme toujours, l'arbitrage reste à la traîne avec des sifflets pas encore au niveau du jeu, il urgerait de trouver les voies et moyens  pour améliorer le travail des hommes en noir sur les pelouses africaines. C'est le gage d'un niveau et d'une qualité de jeu retrouvée en Afrique.

Comme toute finale, le sacre égyptien relance déjà demain la prochaine compétition, le drapeau a été transmis au Ghana, organisateur de la 26ème Can, dans deux ans, en 2008.

Retour à présent sur les grands enseignements de cette 25ème Can 2006 en Egypte :

L'Egypte réalise sa " penta "

Comme le Brésil en Coupe du Monde, l'Egypte détient désormais avec 5 victoires (1957, 59,86,98, 2006), le record de victoires en coupe d'Afrique des nations devant le Ghana et le Cameroun.

Comme en 1986, il y a vingt ans exactement, dans le même stade national du Caire, les " pharaons " d'Egypte ont réécrit l'histoire en remportant grâce au tirs au but leur Can face à la Côte d'Ivoire (4tirs au but à 2).

C'est une équipe égyptienne montant en puissance, au fil des rencontres et fortement soutenue par un public fabuleux qui s'est imposée dans cette compétition au niveau élevé, à la bonne organisation et à la qualité de jeu améliorée par rapport à 2004 en Tunisie.

Pour la onzième fois de son histoire, le pays organisateur remporte la coupe d'Afrique des nations.

L'Egypte dans une belle finale face à un valeureux adversaire la Côte d'Ivoire s'impose confortant un bilan global très flatteur 5 victoires, 1 nul et 0 défaites, 1é buts marqués, 3 encaissés.  Les " nouveaux rois d'Afrique "  comptent en leur sein le meilleur joueur du tournoi, leur capitaine, Hasan Kamel Ahmed Hassan, (Besiktas) ainsi que le meilleur gardien de la compétition Essam El Hadary (Al-Ahly Caire).

L'entraîneur Hasan Shehata confiné dans le rôle d'éternel intérimaire pourrait valablement réclamer désormais le statut de permanent après cette grosse performance de sa sélection.

Les " éléphants " de Côte d'Ivoire réalisent un parcours quasiment identique à celui des sénégalais en 2002 : une première qualification en Coupe du monde et une finale de Can perdue aux tirs au but. Est-ce le signe annonciateur d'un bel été ivoirien en juin prochain en Allemagne ?

Les observateurs de cette Can auront retenu des " éléphants " de Côte d'Ivoire une équipe jeune, dynamique et conquérante. Une équipe sur la bonne voie pour réussir sa première coupe du monde.

Les mondialistes calent

A l'exception de la Côte d'Ivoire finaliste et de la Tunisie sortie en ¼ de finale, les représentants de l'Afrique à la Coupe du monde ont connu une compétition des moins reluisantes. Le Togo, surprenante équipe du groupe 1 des éliminatoires devant le Sénégal, la Zambie et le Mali est totalement passé à côté de sa can. Avec 3 défaites, 7 buts contre et 2 pour, les " éperviers " ont été méconnaissables avec une équipe minée par des querelles entre l'entraîneur et la vedette de l'équipe Emmanuel Adebayor. Au niveau du jeu, la sélection togolaise s'est montrée approximative, peu convaincante et pas encore prête pour affronter les meilleurs du monde en juin prochain en Allemagne.

Le Ghana et l'Angola présentent quasiment un bilan identique dans cette compétition avec chacun 2 défaites et 1 victoire. Ils poussent cette ressemblance jusqu'à la manière de leur élimination : les deux équipes à un but de leur précédant dans le classement respectif (le Sénégal est passé devant le Ghana et la RDC devant l'Angola).

Les " blacks stars " pourraient justifier leur déconvenue par l'absence de joueurs clés dans l'équipe pour diverses raisons. Michaël Essien et Sulley Muntari blessés, Samuel Kuffour, un match après le début du tournoi, Kingston Laryea suspendu pour 4 matchs après une altercation avec le Sénégalais Habib Bèye.

Les " palancas negras ", pour leur deuxième participation à la Can tenaient à atteindre au moins le second tour avec leur nouveau statut de mondialiste mais ils n'ont pu se défaire de la RDC après une défaite subie face à l'ogre camerounais. Leur unique victoire contre le Togo, dans le derby sans enjeu des mondialistes aura compter pour du beurre à l'heure du bilan de premier tour. Le football volontaire et physique qu'ils ont déployé à montrer ses limites en l'absence d'un réel créateur pour approvisionner les attaquants. Des lacunes que les angolais corrigeront certainement avant de se frotter à la crème mondiale.

La Tunisie, impressionnante au premier tour fût stoppé par le Nigeria en quart de finale (voir suite).

Les " éléphants " ont confirmé avec un réalisme et une efficacité déroutante tout le bien qu'on pensait d'eux. Leur qualification en finale reste méritée et leur parcours convaincant quant à la naissance d'une vraie équipe, conquérante à souhait et gagnante en confiance.

Le Cameroun, la Guinée, le Nigeria et la Tunisie impressionnants au premier tour

Ces trois pays sans atteindre les ½ finales furent les plus impressionnants du premier tour avec trois victoires pour les 3 premiers et 2 victoires pour la Tunisie.

Les " aigles de Carthage " ont présenté un beau football fait de rigueur et de discipline tactique, un football à l'européenne. Rien n'était laissé au hasard dans le pressing, l'occupation du terrain et le replacement défensif. La malchance des tirs au but écarta la Tunisie de la conservation de son titre.

La Guinée avec une constellation de jeunes joueurs talentueux fût désigné surprise de cette Can mettant tout le monde d'accord sur leur qualité de jeu. Un jour sans en ¼ de finale les empêcha d'atteindre les ½ finales face au Sénégal.

Les " lions indomptables " décidés à effacer l'affront d'un mondial raté commencèrent fort avant d'être stoppé par une Côte d'Ivoire revancharde. La série des tirs au but entre les deux pays restera mémorable avec en toile de fond le duel Didier Drogba-Samuel Eto'o.

Les stars se sont signalées ??

Elles étaient très attendues à cette Can promise comme la plus relevée de l'histoire de la compétition. Pour le presque cinquantenaire de l'évènement, les célébrités des différentes sélections se sont signalées, de manière fort différentes toutefois. Samuel Eto'o, meilleur buteur avec 5 buts a confirmé sa belle forme de cette saison. En manque de réussite en sélection lors des éliminatoires, il se réveilla dans cette Can à la grande joie de ses compatriotes. Hélas, son bonheur fût atténué par le penalty manqué lors des quarts et qui valut au Cameroun son élimination.

Francileudo Santos, le tunisien  s'imposa encore une fois en véritable renard des surfaces. Pascal Feindouno, Obafemi Martins,Tresor Lualua, Diomansy Kamara ont également marqué de bons points.

D'autres joueurs dont le talent est  pourtant indéniable sont passés à côtés. Hossam Hussein Mido suspendu six mois par sa fédération pour injures envers son entraîneur, contesta furieusement et aux yeux d'un public médusé sa décision de le sortir. Emmanuel Adebayor qu'un conflit ouvert opposa à son entraîneur est resté muet sur l'ensemble du tournoi et transparent à l'image de sa sélection ; tout comme El Hadj Diouf, le sénégalais, d'ailleurs.

L'UFOA en suprématie

L'Union des Fédérations Ouest Africaines de football pourrait se frotter la main avec la bonne santé relative de ses représentants à cette Can. Déjà pourvoyeuse de la plus grande partie des  concurrents à cette épreuve (6 pays sur 16, Côte d'Ivoire, Nigeria, Sénégal, Guinée, Ghana et Togo), l'Afrique de l'Ouest a placé 3 candidats parmi les 4 du carré d'as (RCI, Nigeria et Sénégal). Cette tendance pareille à celle de la Coupe du monde (3 représentants africains à la prochaine coupe du monde viennent de cette zone) confirme la suprématie actuelle de cette zone sur le football continental au niveau de toutes les catégories.

Les participants :

Egypte, Côte D'Ivoire, Libye, Maroc, Cameroun, République Démocratique du Congo, Angola, Togo, Guinée, Tunisie, Zambie, Afrique du Sud, Nigeria, Sénégal, Ghana, Zimbabwé.

Classement :

1-Egypte

2-Côte d'Ivoire

3-Nigeria

4-Sénégal

Meilleur joueur : Ahmed Hassan (Egypte)

Meilleur espoir : John Mikel Obi (Nigeria)

Meilleur gardien : Essam El Hadary (Egypte)

Equipe la plus fair-play : Nigeria

Buts :

83 buts marqués en 32 rencontres.

Meilleurs buteurs :

Samuel Eto'o- Cameroun (5 buts)

Francileudo Santos- Tunisie (4buts)

Ahmed Hassan - Egypte (4buts)

Didier Drogba (RCI), Pascal Feindouno (Guinée) (3buts)

Stades et Villes :

Cairo International Stadium, Military Academy Stadium (Caire), Alexandria Stadium, Haras Elhedood Stadium (Alexandrie), Ismaïlia Stadium, (Ismaïlia), Port Saïd Stadium (Port Saïd)