Berlin — Au delà du match nul salutaire de la Tunisie face à l’Arabie Saoudite pour son entrée en lice, c’est Roger Lemerre , l’entraîneur des " aigles de Carthages " qui paraît être l’homme le plus heureux de la terre. Il aura, par ce match nul obtenu, levé deux équivoques qui taraudaient pendant longtemps dans son esprit.
La peur de perdre le premier match de ce tournoi à l’instar de tous les pays africains engagés dans cette compétition mais celle surtout c de ne pas revivre le cauchemar de 2002. On se souvient qu’à cette date il conduisait l’équipe de France, alors championne du monde à un échec lamentable, une vraie bérézina pour le football français sorti à l’époque de la compétition sans marquer le moindre but avec dans ses rangs trois meilleurs buteurs de championnats européens. Depuis lors il avait été traumatisé par la suite, à lui réservé, par la critique française, notamment celle médiatique. C’est alors un homme blessé qui regagna la Tunisie pour prendre en charge les " aigles de Carthages ".
Entre temps il aura obtenu une première revanche sur son destin de coach pestiféré en devenant champion d’Afrique des nations en 2004, un record pour lui en raison du titre européen qu’il avait aussi glané avec les " bleus ".
Son retour à cette coupe du monde sur les bords du Rhin était chargé d’émotions, de craintes et d’angoisses mais il aura conjuré le mauvais sort sénégalais de Séoul avec sa formation en inscrivant deux buts déjà pour sa première sortie.
L’ancien sélectionneur de l’équipe militaire de France aura pris sa revanche sur le destin mieux il aura réalisé encore une fois la meilleure performance africaine de cette première journée de coupe du monde devant d’autres coaches plus expérimentés comme Henri Michel.
Le fait d’avoir prolongé son contrat avec la Tunisie jusqu’en 2008 conforte sa position de grand patron des " aigles de Carthages " avec qui il nourrit la sécrète ambition de franchir le second tour. Avec son effectif formé à son image, rigoureux, professionnel et mystérieux par moments dans ses options tactiques, il veut prouver à la face du monde, particulièrement à la vindicte française qu’il demeure un homme du sérail, le disciple de Aimé Jacquet ou plutôt son successeur naturel.
Les deux buts tunisiens marqués par la Jaziri et Jaidi sont à Roger Lemerre pour la symbolique mais surtout pour la longue attente depuis Séoul 2002 pour conjurer la poisse coréenne. Il y est parvenu en obtenant le nul, le prochain but il voudra bien le marquer à l’Afrique toute entière mais aussi à la planète foot en conduisant ses troupes au second tour. Roger Lemerre revit sur les bords du Rhin.
