La première victoire africaine à la coupe du monde 2006, celle du Ghana sur la république Tchèque, a suscité des scènes de joies jusque tard dans la nuit, dans les rues de Cologne, la ville qui a abrité la rencontre.
Le décor était déjà campé dans les premières heures de la matinée du samedi lorsque à tous les coins de la ville on rencontrait des supporters ghanéens qui venaient de débarquer dans la ville vêtus aux couleurs de leurs pays. Les abords du Rheinenergiestadion semblaient être le point de ralliement avant de pénétrer dans l’enceinte du stade pour donner de la voix et pousser les « black stars » à leur première victoire. La forte communauté ghanéenne établie en Allemagne et particulièrement celle de Cologne n’était pas en reste.
Sur les principales artères de la ville, la présence des supporters Tchèques faisait monter la ferveur d’un cran, incitant les supporters ghanéens à se surpasser dans l’hystérie en raison de leur infériorité numérique. La grande place qui jouxte la gare ferroviaire de Cologne, communément appelé « the Dôme » bondissait de monde au fur et à mesure que l’heure du match approchait. Dans un élan festif, les populations locales choisissaient leur camp au regard de leurs maquillages ou de leurs accoutrements aux identités des pays adversaires du jour. Les cafés crachaient du monde, plus de places assises alors on pouvait observer l’intégralité du match sur une station débout.
Dès l’entame de la partie, les premières clameurs se font entendre dans les rues de Cologne. Gyan Asamoah , l’inévitable attaquant ghanéen de Modène (Série A, Italie) vient de crucifier le longiligne gardien Tchèque qui évolue à Chelsea, Petr Cech. En face de l’écran géant installé pour toute la durée du mondial, à deux pas de la plus grande station métro de Cologne, « Neumarkt », exultent les supporters ghanéens qui n’ont pu se procurer un ticket d’entrée au stade, avec eux les allemands admirateurs du continent africain arborant qui le maillot du Sénégal, qui celui de la Côte d’Ivoire, ou de l’Angola voire même de la France, reconnue pourvoyeuse d’africains.
Le « festival de ratés » acclamé
A l’intérieur du stade, les chants ghanéens fusent des quatre coins avec à l’applaudimètre un bon baromètre pour les « black stars » mis en confiance par leur avance d’un but. Le festival de ratés ghanéen ne fait que commencer mais la confiance est de mise chez tous les fans. La puissance et le génie du Ghana, incarné par son excellent trio du milieu Appiah-Essien-Muntari ne sont point mis à l’épreuve par une équipe tchèque dépassée par la fougue et l’envie des africains. Il n’y a d’espaces que pour le drapeau ghanéen qui flotte jusqu’à la fin de la partie avec un score de deux buts à zéro et une tonne d’occasions ratées dont un penalty.
Alors peut commencer la saga africaine sur Cologne. Les centaines de supporters se déversent sur la ville par petits groupes, entonnant des chants guerriers en langue Ashanti. Des petits cerclent se forment par endroits, dans la ville, comme aux abords du Rhin, à quelques encablures de la principale place qui jouxte la grande cathédrale et commencent le show.
Sandra, une jeune métisse germano-ghanéenne est hystérique, elle crie, saute danse et se jette dans les bras de n’importe quel fan. Sa joie est à la hauteur de la performance ghanéenne, la première victoire africaine à cette coupe du monde. « It’s all about Ghana » scandent d’autres supporters soutenu par un petit groupe de supporters brésiliens et mexicains. A côtés passent des véhiculés décorés aux couleurs du Ghana et qui répondent à la joie des autres fans par un concert de klaxons. Les autochtones semblent très amusés par ce beau spectacle de spontanéité, de joie et n’hésitent pas à se joindre à eux pour fêter l’Afrique.
A Cologne comme à Accra
Progressivement le nombre de supporters exultant augmente formant désormais une sorte de « dream team » avec des fans venus de partout ou brandissant des drapeaux de plusieurs pays qualifiés pour célébrer la victoire du Ghana. Des tchèques certes dépités se joignent à ce formidable élan de fair-play, des bouteilles de bière à la main et font la fête. La police qui a déjà quadrillé les lieux veille à ce qu’il n’ait aucun débordement. Certains supporters, trop sous l’emprise de la bière sont interpellés. Le gros de la masse préfère ignorer la police faisant son travail et se disperse progressivement dans les ruelles de la ville.
Les supporters ghanéens venus d’Hanovre où s’était tenue la première rencontre des « blacks stars » se donnent alors rendez-vous dans les discos, cafés et autres restaurants de la ville, histoire de bien arroser cette soirée bien ghanéenne. « We will make Cologne, Accra today » s’époumone Matthew, le téléphone portable accroché à l’oreille. Il est en communication avec Accra où semble t-il la ville explose de joie et de bonheur. L’instant de communion est tout trouvé lorsque un supporter sort de son gros sac à dos un magnétophone et met en marche, le célèbre tube du groupe « VIP » d’Accra. C’est le délire, les pas de ragga et autres « shake bombo » rappèlent vraiment les coins chauds de Kumassi ou d’Accra. Cologne, la cosmopolite prend alors les allures d’Accra, le temps d’une manifestation de joie de supporters ghanéens. La nuit promettait d’être longue sur les bords du Rhin…..