Afrique: Finale coupe du monde 2006 : la quatrième de l'Italie

10 Juillet 2006

Les rideaux sont tombés sur cette dix huitième édition de la coupe du monde. La planète entière a vibré au rythme du football, de sa passion, ses émotions et autres génies. L'Allemagne a tenu le pari de l'Organisation, le public a répondu présent, l'Afrique y a encore une fois participé, les arbitres ont joué à leur manière leur partition, le football fût présent.

Retour sur l'abcédaire - bilan de cette coupe du monde

ALLEMAGNE : le pays organisateur a réussi sa coupe du monde tant sur le plan de l'organisation, de la participation que du jeu. La « mannschaft » avec une équipe à l'image de son entraîneur Jurgen Klinsmann, jeune, dynamique et conquérante a régalé son public avec des matches de haute facture. Une troisième place méritée au détriment du Portugal aura permis aux coéquipiers de Michael Ballack  de terminer en apothéose hier à la place Brandenbourg, à Berlin , en communion avec plus de 500.000 personnes pour dire merci.

L'avenir désormais de cette sélection allemande augure de lendemains meilleurs devant la jeunesse de l'équipe mais surtout reste accroché  à la décision de l'entraîneur Klinsmann, à qui le peuple entier demande de rester via une pétition dans le plus célèbre des quotidiens allemand : « Bild ».

BERLIN : C'est la ville symbole de l'unité allemande retrouvée, celle où se trouve le mur qui divisait le pays. Aujourd'hui son stade est encore une fois rentré dans l'histoire pour avoir abrité cette finale de la coupe du monde. Le stade qui a été le théâtre des exploit de l'athlète noir américain Jesse Owens sous les yeux haineux d'Adolphe Hitler a effacé cette vilaine page de l'histoire en abritant les plus beaux exploits allemands à cette coupe du monde mais aussi l'inédite finale de coupe du monde entre les deux « bleus » (Frace-Italie).

CANAVARRO : le défenseur central de l'Italie, capitaine de la Squaddra Azzura a prouvé tout au long de ce tournoi qu'il était le meilleur défenseur du monde. Intraitable sur les duels, monstrueux dans le jeu aérien et propre dans toutes ces interventions. Aucune surprise lorsqu'il fût nominé parmi les 10 meilleurs joueurs de la coupe du monde. Il a érigé la défense en art.

DOMENECH : L'entraîneur français a eu raison sur tout son monde. Les parieurs les plus fous n'auraient jamais misé sur sa qualification pour la finale mais lui y a toujours cru envers et contre tous en donnant rendez-vous à toute la France au soir du 9 juillet. Il l'a fait, il a su mené ses troupes jusqu'à la dernière bataille avec un schéma tactique à lui propre, jugé défensif mais qui a fini par payer. Il s'est imposé comme le digne successeur de Aimé jacquet.

ELEPHANTS : La sélection nationale de Côte d'Ivoire a montré un visage vraiment séduisant à la coupe du monde malgré un bilan négatif  (3 matches, 2 défaites et 1 victoire). Elle a produit du beau jeu, perturbé par moments des adversaires aussi coriaces que les Pays Bas, l'Argentine et la Serbie Monténégro mais elle a surtout permis à un pays de se réconcilier avec lui-même. Avec ses joueurs ambassadeurs d'un pays, les « éléphants » ont surtout failli par naïveté abrégeant du coup les plus grands espoirs africains dans cette coupe du monde.

FRANCE : les « bleus » ont dribblé tout le monde après une première partie de coupe du monde très poussive, faisant jeu égal avec la Suisse et la Corée du Sud avant de battre difficilement le Togo pour une qualification inespérée jusqu'au dernier match. Après cette victoire sur le Togo , ce fût le déclic, cette force psychologique qui balaya  l'Espagne, le Brésil puis le Portugal pour une deuxième finale de coupe du monde dans l'histoire du pays et cela en huit ans.  Mais c'est surtout la naissance d'un pacte scellé par un groupe, un serment fait à la face du monde et autour de ce viatique «  on vit ensemble, on meurt ensemble ».

GHANA : ils sont la plus grande satisfaction africaine de cette coupe du monde en atteignant le second tour. Du culot, de l'audace, du talent et de l'envie. Le Ghana a montré toutes ces facettes durant cette coupe du monde. U n démarrage timide face à l'Italie (0-2) puis deux belles victoires  face à la vaillante République Tchèque et la solide formation des USA. Un difficile huitième de finale contre le Brésil a eu raison des « black stars » qui comme le Sénégal en 2002, ont réussi la prouesse de se qualifier au second tour de ce mondial. Le trio Appiah-Essien-Muntari a répondu à toutes les attentes.

HOMMAGE : celui de la planète entière  au goleador brésilien Ronaldo. Il est rentré dans l'histoire du football mondial, en dépassant le record de Gerd Muller avec 15 buts inscrits en coupe du monde. Il était pourtant décrié pour son surpoids, sa démotivation  et son génie perdu, objet de railleries les plus sordides de la part de ses adversaires. Mais un doublé contre le Japon a fini de rappeler à la face du monde qu'il restait un des meilleurs joueurs du monde. L'élimination prématurée du Brésil, archi favori du tournoi aura freiner le record de Ronaldo.

ITALIE: la « Squaddra Azzura »  atteint dans sa chair par le scandale des matches truqués du calcio est arrivé en Italie très motivée, avec au fond du cœur, l'envie farouche de laver l'honneur du football italien. L'entraîneur et certains joueurs cités dans le procès de ces matches ont toutefois trouvé la concentration nécessaire pour atteindre la finale de cette coupe du monde. L'Italie  a encaissé qu'un seul but avant la finale de cette coupe en réussissant l'exploit de sortir le pays organisateur l'Allemagne en demi-finale. En plus d'une solidité défensive, cette équipe italienne s'est montrée très offensive, avec des joueurs polyvalents mais surtout spécialistes des fins de match. Il était dans le rythme tout au long de cette coupe du monde.

JOURNALISTES : Ils étaient des milliers présents pendant un mois en Allemagne pour suivre cette coupe du monde bénéficiant des qualités d'organisation du comité local. Ils ont rivalisé d'ingéniosité, d'ardeur à la tâche, de patriotisme et ont beaucoup fait dans le dithyrambe. Comme d'habitude, nos confrères brésiliens, ils étaient près de 400 et ont ravis la vedette aux autres confrères. Quand à la presse sénégalaise elle y était sans pour autant parvenir à se faire accréditer , en tout cas pour la plupart, la faute à une désorganisation , qu'on devrait bien revoir .

KAIZER : Dans cette coupe du monde, on a tous cru qu'il avait un don d'ubiquité, tellement il était quasi présent. C'est parce que l'ancien capitaine et entraîneur de la « nationalmannschaftt », aujourd'hui président du comité d'organisation de cette coupe du monde a assuré. Il a assisté à  56 des 64 matches de la coupe du monde aidé en cela par l'hélicoptère mis à sa disposition. Il a profité également de la pleine euphorie  de cette coupe du monde pour se marier en catimini, dribblant tout le monde.   Avec la réussite de cette coupe du monde, il a pris une bonne avance pour succéder Lennart Johansson à la tête de l'UEFA si celui-ci ne se représentait pas.

LIPPI : l'entraîneur italien est incontestablement aujourd'hui un des tous meilleurs au monde. Après avoir glané tous les titres en clubs avec la Juventus, il est parvenu à hisser avec sa science la « squaddra azzura » en finale de la coupe du monde 24 ans après. Nommément cité dans le scandale du calcio, il ne s'est pas laissé éparpiller par cette affaire. Son coaching à n'en pas douter fût la véritable arme de cette équipe italienne sans « furioclassi » à cette coupe du monde. Marcello Lippi est un grand technicien qui a changé la manière de jouer de l'Italie.

MARADONA : Sa relation avec la coupe du monde est toute particulière. Même hors de la pelouse il s'attire l'objectif des flashes et des cameras. L'ancien capitaine de l'Argentine et ancien vainqueur de cette coupe du monde, était certainement le plus célèbre supporter de cette coupe du monde. Il n'a pas arrêté de soutenir l'Argentine durant tout  le tournoi  en compagnie de ses deux filles et de son ex épouse. Il a fût très déçu de n'avoir pas assisté en direct à l'élimination de l'Argentine face à l'Allemagne pour une histoire de billet d'entrée. Etait-ce un mauvais présage pour la sélection « albiceleste ».

NIEDERKASSEL : Du nom du petit village paisible d'Allemagne, de 6000 habitants, niché entre les villes de Cologne et de Bonn et qui nous a servi de camp de base durant tout ce mondial. C'était aussi le lieu de résidence de la sélection ivoirienne. Que de gens aimables qui tout au long du tournoi ont été chaleureux, serviables et heureux de profiter de la chaleur africaine emmenée par la Côte d'Ivoire.

OTTO PFISTER : l'entraîneur allemand des « éperviers » du Togo n'a pas réalisé le miracle escompté par la fédération togolaise. Pis sa démission en aller-retour à la tête de l'équipe togolaise la veille du premier match des éperviers n'a fait que rajouté à la cacophonie qui accompagna le séjour togolais en Allemagne. Au finish trois matches, trois défaites sans toutefois être ridicule malgré une équipe modeste. C'est le triste bilan de ceux qui ont éliminé le Sénégal à la coupe du monde.

PALANCAS NEGRAS : la sélection angolaise a tenu son pari de faire une bonne coupe du monde. On peut le dire, avec des cadres au chômage parce que sans club, les coéquipiers de Fabrice Akwa ont bien défendu leurs couleurs. Difficilement battu par le Portugal (0-1), elle a fait jeu  égal avec l'Iran et le Mexique.  Oliveira Gonçalvès n'avait pas tort d'être fier de ses joueurs.

QUILMES : C'est le nom d'un quartier de la ville de Buenos Aires où est né l'arbitre argentin Horacio Elizondo . Il est rentré dans l'histoire du plus prestigieux des tournois de football en officiant à la fois pour le match d'ouverture et la finale. Un privilège qu'aucun homme en noir n'a pu se prévaloir à ce jour. Une véritable marque de compétence même si le penalty fort discutable accordé à la France lors de la finale n'était pas évident.

ROUGE : la couleur du carton d'expulsion. Il y en a eu un nombre incalculable lors de cette coupe du monde. Jamais dans l'histoire de coupe du monde on a distribué autant de cartons et rien de surprenant lorsque le record fût battu lors de la rencontre de quart de finale Angleterre-Portugal avec 16 cartons jaunes pour 4 cartons rouges .

SUPPORTERS : la « fan fest » a battu tous les records d'affluence imaginable lors de ce mondial allemand.  Tous les stades étaient pleins lors des rencontres, les supporters ont assuré le spectacle rivalisant dans le déguisement, la ferveur, l'amour des couleurs nationales. En dehors des stades, les grandes places étaient aussi prises d'assaut par des supporters pour suivre les rencontres sur écran géant et cela dans toutes les villes d'Allemagne. Le fair-play a également fonctionné à merveille, hormis quelques dérapages de supporters sous l'emprise de l'alcool.

TUNISIE : Les « aigles de Carthages » la plus expérimentée des formations africaines à cette coupe du monde n'a pas atteint encore une fois son objectif de qualification pour le second tour. Un premier match nul concédé face à l'Arabie Saoudite et une défaite devant l'Ukraine et l'Espagne a eu raison de la plus européenne des sélections africaines en terme d'évolution tactique. A l'arrivée donc les tunisiens seront encore une fois déçus de leur participation à la coupe du monde.

UNIVERSEL : le football est vraiment un jeu universel, celui par lequel la planète entière vibre ensemble et à n'importe quelle heure. Et la devise de cette coupe du monde du côté des supporters était très révélatrice de l'universalité et de la démocratie de ce jeu, de sa tolérance et de sa grandeur ( A way to make friends) .

VIDEO :  l'arbitrage a n'en pas douter reste le grand ratage de cette coupe du monde, la principale fausse note, des cartons à tout bout de champ, des décisions forts contestables, des erreurs d'arbitrages, bref tout la panoplie pour causer une frustration et une injustice sous l'effet des hommes en noir. Leurs maladresses par moments a remis au goût du jour la nécessité de la vidéo pour recourir à l'arbitrage de certaines décisions litigieuses.

WOLKSWAGEN : la célèbre marque automobile était vraiment chez elle en Allemagne, pas une voie sur laquelle on ne dépasse une voiture portant la fameuse lettre W.  « La voiture du peuple » était aussi du mondial.

X : comme la lettre qui rapporte à la pornographie. Et les débats sur la prostitution ont fait florès en Allemagne, on a dénoncé le trafic humain, des convoyeurs de prostitués entre autres trafics de tout genre autour du sexe. Les grandes villes allemandes avaient en tout  cas chacune leurs lieux indiqués pour une prostitution autorisée.

(Y)NCROYABLE : la sortie de Zinedine Zidane lors des prolongations de la finale à la suite d'un carton rouge. On se pose encore des questions pour savoir comment cela à pu arriver à un Zizou époustouflant tout le long du tournoi. Pourquoi un tel mauvais geste de la part d'un grand champion à moins de dix minutes de la fin de sa carrière en mondovision ? Ce geste restera comme le point noir de toute la carrière de Zidane. Quel dommage.

ZIDANE : Il avait à cœur de faire un grand tournoi, le dernier de sa riche carrière de footballeur. Nous n'attendrons peut être pas la décision de la Fifa pour lui décerner le titre de meilleur joueur de cette coupe du monde. Il a marqué de son talent, de sa classe, de son génie et de sa simplicité cette coupe du monde. Principal artisan de la qualification de la France en finale, buteur en huitième, passeur en quart et encore buteur et demi et en finale, il a tout simplement été époustouflant. Un seul regret : il ne devait pas arrêter sa carrière pour continuer à émerveiller le monde. Il a rejoint le panthéon du football, à une très bonne place aux côtés de Pelé et de Maradona, parmi les numéros 10 de légende.

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