Washington, D.C. — Le président soudanais Omar el-Béchir a réitéré lundi à Khartoum son accord de principe sur une force d'intervention internationale au Darfour. Une telle force, selon lui, pourrait être composée exclusivement de soldats de l'Union africaine (UA) ou d'un mélange hybride UA-Onu. Cependant, a-t-il précisé, « leurs casques devraient être de couleur verte, qui appartient à l'Union africaine ». « Toute aide allant dans ce sens est la bienvenue », a-t-il ajouté.
Ces remarques ont été faites lors d'une conférence vidéo au cours de laquelle Béchir s'entretenait simultanément avec des journalistes dans plusieurs grandes villes du monde, y compris Paris, Pretoria et Washington.
En août dernier, le conseil de sécurité de l'Onu a voté la Résolution 1706, qui autorisait la mission de l'Onu au Soudan « à intervenir par tous les moyens nécessaires, dans les secteurs où ses forces seront déployées ». Ce à quoi s'oppose el-Béchir, pour qui cela constitue une violation de la souveraineté du Soudan.
Il propose par contre que l'Onu aide au financement des troupes de l'UA qui sont déjà sur le terrain. « Rejeter cette résolution ne signifie pas que nous rejetons toute coopération avec l'Onu », a-t-il rassuré.
Le Soudan « ne saurait être le premier pays recolonisé sous la bannière de l'aide humanitaire au Darfour ». Par ailleurs, précise-t-il, des troupes africaines sont conformes au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, qui autorise les organisations régionales comme l'UA à intervenir en cas de conflits dans leurs zones respectives. « L'Union africaine est déjà là," dit-il, « pourquoi ne reçoit-elle pas le financement de l'Onu? » Et de répondre: « Nous sommes convaincus qu'ils ont un autre agenda ».
Pour Béchir, les accords d'Abuja restent le cadre de référence pour la résolution du conflit. « Si l'accord d'Abuja avait été implémenté », dit-il, « nous n'aurions même pas eu besoin du niveau de troupes actuel ». Signé en mai dernier, l'accord d'Abuja établit un partage de pouvoir avec la rébellion, et met sur pied un programme de désarmement des rebelles. « Nous invitons ceux qui n'ont pas signé l'accord d'Abuja à venir à la table des négociations », dit-il.
Béchir s'est dit « surpris » par une déclaration de Ndjamena accusant Khartoum d'être impliqué dans le regain de violence au Tchad. « Nous n'avons aucun élément au Tchad », dit-il. Pour lui, la reprise des combats est l'oeuvre de groupes d'opposition au régime d'Idriss Deby Itno. « C'est simplement l'opposition tchadienne », dit-il. Selon lui, ces groupes ont quitté le territoire soudanais suite à un ultimatum de Khartoum leur demandant de se désarmer ou de quitter le Soudan. « Une fois qu'ils sont entrés en territoire tchadien, leurs actions n'engagent en rien le Soudan ».
Entre temps, l'Onu a dépêché un groupe d'experts au Tchad et en Centrafrique pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire autour de leur frontière commune.