Afrique: Extension de l'Agoa - du tonus pour les producteurs de textile africains

13 Décembre 2006

Washington, DC — L'Agoa,  la  législation considérée comme étant à l'origine de l'augmentation du commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique, a été prorogée par le Congrès américain samedi dernier juste avant que les deux chambres n'ajournent jusqu'à l'année prochaine.

Les nouvelles mesures relatives à l'Afrique, connues sous le nom de Agoa Investment Incentive ACT of 2006 (Loi d'encouragement pour l'investissement sous l'Agoa), amendent l'Agoa, votée en 2000 afin de fournir l'acces au marché américain pour certains produits d'Afrique. Ce lot de mesures a été inséré sous une loi visant à normaliser le commerce entre les Etats-Unis et le Vietnam, et a reçu 212 voix favorables (184 contre) dans la Chambre des Représentants, et 79 au Senat (9 contre).

La loi entrera en vigueur apres signature du président George Bush, ce qui devrait se produire avant la fin de l'année en cours.

Elle inclut plusieurs révisions qui aideront les producteurs africains de textiles qui subissent actuellement les revers de la compétition venant de Chine. Les mesures concernant l'Afrique s'étalent sur dix pages, et comprennent trois provisions majeures.

La premiere prolonge juqu'a 2012 l'exemption qui permet aux producteurs africains d'utiliser des tissus originaires de pays tiers afin de confectionner des vêtements, ce qui est une concession importante, vu que la plupart des pays africains ne sont pas encore en mesure de fabriquer leurs propres tissus.

La deuxieme provision vise a encourager les producteurs africains de vêtements à utiliser des tissus fabriqués en Afrique lorsque ceux-ci sont disponibles. Cette mesure permettrait aux fabricants de blue jeans au Kenya, au Lesotho, et a Maurice de vendre leur surplus à d'autres fabricants basés ailleurs sur le continent. À leur tour, ceux-ci seront capables d'exporter ces produits aux Etats-Unis sans charge douanière.

En effet selon la nouvelle loi, les producteurs basés en Afrique doivent utiliser les tissus disponibles sur le marché local, faute de quoi ils devront payer des charges douanières pour leur marchandise.

La troisième mesure étend l'exemption douanière aux fabricants africains de produits textiles non liés à la fabrication de vêtements, à condition qu'ils utilisent des matériaux provenant de pays moins avancés. Or, la majorité des tissus produits sur le continent proviennent de pays considérés comme relativement avancés, ce qui fait dire à certains que cette dernière mesure serait d'un impact limité, quoiqu'elle bénéficierait les producteurs de draps et de serviettes.

Au lendemain de l'adoption de l'Agoa il y a six ans, les exportations de textiles de l'Afrique vers les Etats-Unis ont accru considérablement. Mais ces exportations ont connu une chute de 30 pour cent lorsque les quotas furent levés par accord multilatéral fin 2004. Cette levée de quotas avait conduit à une predominance de produits chinois sur le marché américain. Avec l'imposition, l'an dernier, de nouvelles limites sur l'importation des produits chinois aux Etats-Unis, d'autres producteurs asiatiques sont entrés en compétition avec les producteurs africains sur le marché américain.

En gros, plusieurs pays africains producteurs de textiles profiteront des nouvelles mesures, mais l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice--qui ne sont pas considérés comme «moins avancés» à cause de leur revenu par habitant--pourraient bien ne pas en bénéficier.

«Maurice ne reçoit rien et a subi les pires effets de l'AMF [l'Agréement multi-fibre, qui mit fin aux préférences sur les textiles]», d'après Paul Ryberg, le président de l'African Coalition for Trade, une ONG regroupant des compagnies privées africaines qui opèrent sous l'Agoa dans 15 pays.

L'Afrique du Sud pour sa part pourrait tirer profit d'une provision portant sur «l'abondance de provisions», qui offre des avantages à ceux qui utilisent des produits originaires d'Afrique pour la fabrication des vêtements. Mais cette provision expire dans six ans.

"La nouvelle loi inclut des provisions importantes visant a maintenir l'industrie vestimentaire en Afrique, et c'est un pas dans le sens de l'intégration verticale", a dit Ryberg. Et d'ajouter: «Mais elle n'inclut pas tout ce pourquoi nous avons fourni tant d'efforts, et ce n'est pas la fin des choses. Agoa aura besoin d'être réétudié».

Les récents changements à la législation sur le commerce avec l'Afrique ont obtenu le même soutien des deux partis américains que lors des débats initiaux des années 1990. Le président sortant du Comité des Voies et Moyens, le républicain Bill Thomas, et son remplaçant, le démocrate Charles Rangel, ont tous deux soutenu ces mesures à la Chambre des Représentants. Même chose au Sénat, où Charles Grassley, le président sortant du Comité Finances, et son successeur Max Baucus ont tous deux exprimé leur support.

Auparavant, Agoa avait déjà été amendé en 2002 et en 2004.

La chute récente dans le commerce des textiles entre l'Afrique et les Etats-Unis a causé une controverse dans de nombreux pays producteurs.

Répondant aux critiques en Ouganda, Rosa Whitaker, la première Représentante du Commerce avec l'Afrique, a écrit récemment dans le quotidien ougandais New Vision: «Il y a des preuves palpables pour démontrer que les efforts fournis dans le but de promouvoir l'Agoa et des opportunités d'investissement en Ouganda portent leurs fruits».

Au Lesotho, où 10.000 emplois  (soit 20 pourcent dans l'industrie textile) ont été perdus suite à la levée des quotas en 2005, on est parvenu à re-ouvrir toutes ses usines, réembauchant 7000 travailleurs, d'après Withaker. "Les fabricants au Lesotho sont en train de se réarmer afin d'attirer un marché qui accorde de la valeur aux produits de haute qualité issus de pays ayant de bonnes pratiques en matière d'emploi et de droits de l'homme", dit-elle.

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