Le président guinéen Lansana Conté a signé vendredi soir un décret portant sur la nomination d'un "premier ministre de consensus" tel que l'exigeaient les centrales syndicales en grève depuis plus de deux semaines.
Le nouveau premier ministre, dont la désignation est attendue sous peu, sera le chef du gouvernement. Il aura en outre des pouvoirs élargis, avec l'autorité de nomination et de renvoi des hauts dignitaires civils et militaires.
Conté, qui prit le pouvoir en 1984 en renversant le régime de Sékou Touré, a depuis lors remporté trois élections. Il avait jusqu'à présent refusé de transférer ses pouvoirs. A 72 ans, il serait atteint d'un diabète avancé, ce qui permet à certains, notamment les syndicats, de douter de sa capacité à gouverner.
Une grève générale et illimitée avait alors été déclarée le 10 janvier sur quasiment toute l'étendue du territoire guinéen. Elle visait à protester contre le coût de vie élevé, la mauvaise gestion économique, et l'ingérence du président dans les affaires judiciaires.
En décembre dernier, Conté s'était personnellement rendu à la prison de Conakry libérer deux personnalités écrouées pour malversations financières.
De source officielle, les manifestations liées à la grève auraient fait 59 morts à ce jour, mais certaines sources suggèrent un bilan beaucoup plus élevé.