Sénégal: Wade vers une victoire au premier tour

26 Février 2007

Washington, DC — Le président sortant Abdoulaye Wade semble bien parti pour conserver son fauteuil, avec les premières tendances le donnant vainqueur au premier tour au lendemain d'un scrutin présidentiel avec un taux de participation très élevé.

Durant toute la soirée électorale de dimanche, tant au devant des bureaux de votes affichant les résultats du scrutin que sur les ondes des radios privées, le candidat sortant Abdoulaye Wade dominait largement les débats, doublant ou triplant les résultats de ses principaux challengers. Une issue qui, si elle se confirmait, tournerait au plébiscite.

« Gorgui », comme on l'appelle affectueusement au Sénégal, avait déjà prévu l'issue de ce scrutin au sortir duquel il s'annonçait vainqueur urbi et orbi durant la campagne électorale.

Les premières estimations le donnent déjà vainqueur au premier tour avec un score avoisinant les 55 % des suffrages exprimés.

Les citoyens sénégalais l'ont-ils entendu dans sa volonté de continuer sa mission pour encore un quinquennat après un septennat très difficile sur le plan social, marqué par l'accentuation de la pauvreté, la forte migration des jeunes vers les côtes espagnoles et de nombreux scandales politico-financiers?

Pour la majorité présidentielle, le bilan du candidat Wade à la tête de l'Etat circonscrit autour de ses nombreux grands chantiers et de sa politique de construction tous azimuts d'écoles,  de lycées,  de centres universitaires, progrès économiques et financiers, entre autres, auront plaidé en sa faveur malgré les nombreuses dénonciations de l'opposition.

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Dans les principales grandes villes du pays, notamment à Dakar la capitale et dans les zones rurales, tout comme dans les départements, le candidat de la coalition Sopi 2007 arrive en tête, suivi soit par le candidat socialiste (ancienne majorité de l'indépendance jusqu'en 2000) Ousmane Tanor Dieng, soit par son ancien dauphin et Premier ministre Idrissa Seck. Des tendances qui ont incité son directeur de campagne et premier ministre à annoncer depuis dimanche tard dans la soirée la victoire de son camp avec près de 60 % des résultats.

Vers un contentieux électoral

Les opposants, par la voix des directeurs de campagne de Ousmane Tanor Dieng et de Idrissa Seck, se sont empressés de démentir. Arguant pour le premier que le deuxième tour était inévitable au regard des résultats en leur possession. Chez le second, on a plutôt stigmatisé les irrégularités qui ont entaché le scrutin dans certaines localités du pays, et surtout le retard enrégistré dans le démarrage du vote dans plusieurs bureaux de vote et le fait que des milliers de Sénégalais n'ont pu exercer leur devoir de citoyen, faute d'avoir reçu leur carte électorale.  Autant de griefs qui pousseront certainement les suivants directs du président Wade à saisir les tribunaux électoraux pour faire invalider beaucoup de résultats.

En attendant les proclamations provisoires d'abord puis définitives après le travail des commissions départementales, c'est la veillée d'armes encore dans les quartiers généraux, les militants des partis repassant au peigne fin tous les résultats parvenus à eux.

Dans le pays, les populations restent attentives à leur transistor ou devant leur poste téléviseur, appréhendant avec incertitude des lendemains difficiles qui pourraient naître des contestations d'une partie de l'opposition.

Une recomposition totale de la classe politique

Si les tendances actuelles du scrutin se confirment, elles auront la conséquence de chambouler l'ordre normal jusqu'ici connu dans le paysage politique sénégalais. Pour l'heure, ces résultats auront sonné le glas politique de Moustapha Niasse, ancien faiseur de roi et grande révélation de la présidentielle de 2000.

Grâce à ses voix de l'époque au second tour, Abdoulaye Wade était parvenu au sommet de l'Etat au détriment de ses anciens alliés socialistes. Cependant les scores du scrutin de dimanche le créditeraient d'environ 5 % des votes, un résultat largement en dessous de son réel poids politique. Idem pour la famille éclatée de la gauche traditionnelle sénégalaise représentée dans ces élections par Abdoulaye Bathily de la coaallition « Jubbanti Sénégal » et Landing Savané, ministre d'Etat du gouvernement d'Abdoulaye Wade. Cette frange de l'opposition paraît complètement tétanisée par ces résultats qui changeront désormais les choses au sein de la classe politique.

Le bon score du candidat socialiste, donné avant le scrutin pour mort, combiné à la retraite annoncée de Moustapha Niasse, font désormais de Ousmane Tanor Dieng le leader naturel de l'opposition, si l'on considère que la réconciliation de Wade et de son ancien dauphin Idrissa Seck à la veille du scrutin restait pour acquis malgré les farouches bagarres qui ont opposé leurs deux camps pendant la campagne.

L'opposition, qui accuse le coup de cette large victoire du candidat Wade, aura du mal à se relever pour faire face aux prochaines joutes électorales que sont les législatives. Sauf si elle comprend que son avenir réside désormais dans son unité.

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