Washington, DC — Raila Odinga, candidat à la présidentielle kényane de décembre prochain, a déclaré lors d'une visite à Washington qu'il est le candidat du renouveau dans son pays. "Ma plate-forme se base sur le changement, qui jusqu'à ce jour relève de l'irréel au Kenya", a déclaré ce député de 62 ans, par ailleurs fils du premier vice-président de l'histoire du pays.
Un changement qui s'articule, selon lui, autour de certaines "réformes essentielles", dont la modification de la Constitution et la lutte contre les fléaux que sont la pauvreté, la corruption et la criminalité grandissante.
Pour lui, l'actuel président Mwai Kibaki, candidat à sa propre succession, a failli à sa mission. "La raison pour laquelle nous avons eu toutes ces difficultés est que nous avons mis à la tête du pays quelqu'un qui était très ancré dans l'ancien système", a-til dit, en faisant référence aux régimes de Jomo Kenyatta et de Daniel arap Moi.
En 2002, de nombreux partis d'opposition s'étaient réunis au sein de la Coalition Arc-en-ciel (NARC-K), dont Odinga faisait partie, avec pour objectif de mettre fin au règne sans partage du Kanu, parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1963. Kibaki avait été choisi comme le candidat unique de l'opposition avec pour mission, entre autres, de changer la Constitution dans les 100 jours suivant le début de son mandat afin de créer un poste de Premier ministre aux pouvoirs élargis.
Mais, selon Odinga, "Kibaki a gardé l'ancienne Constitution. Pour lui, il s'agissait de faire comme d'habitude". Odinga a donc pris ses distances vis-à-vis de Kibaki, allant jusqu'à battre campagne contre ce dernier lors du référendum constitutionnel de 2005, au cours duquel il s'allia avec d'autres partis pour former le Mouvement ODM. La campagne fut un succès pour ODM, et Kibaki démit Odinga de ses fonctions de ministre des Travaux publics.
Aujourd'hui les deux hommes pourraient se retrouver, à nouveau, opposés lors des présidentielles. Mais rien n'est sûr, car pour y parvenir, Odinga devra d'abord battre les autres candidats qui sont en lice au sein même de l'ODM, y compris le député Kalonzo Musyoka, co-sociétaire d'Odinga dans le Parti libéral démocrate (LDP).
Selon un sondage datant du mois de décembre 2006 publié par le groupe Economist Intelligence Unit basé à Londres, Kibaki serait en tête avec 42% des voix, puis vient Musyoka (20%) et enfin Odinga avec 14%. A cela s'ajoute le facteur ethnique, qui accorde à son groupe d'origine, les Luo, 14% de la population kényane.
Mais Odinga se veut optimiste: "Le tribalisme est une idéologie très primitive, dit-il, mais ce n'est pas une fatalité. Je ne voudrais pas chanter ma propre gloire, mais je crois que le peuple est convaincu que j'ai le profil requis pour diriger le pays durant cette transition vers une constitution démocratique". Et, à son avis, le peuple le jugera sur la base de ce profil et de son agenda.
Un agenda qui entend combattre la corruption, la criminalité et la pauvreté par la création des opportunités pour les plus démunis. "Ma vision est de transformer le Kenya en changeant la manière avec laquelle le pays a été gouverné depuis l'indépendance, afin que nous puissions atteindre le développement socio-économique et faire face à la pauvreté qui continue de marginaliser notre peuple", a-t-il conclu.