Cote d'Ivoire: Les femmes, victimes "oubliées" du conflit, selon Amnesty

15 Mars 2007

Washington, DC — Selon un rapport rendu public ce jeudi par l'ONG Amnesty International, les femmes ont été continuellement et  systématiquement soumises à toutes sortes d'abus et de crimes sexuels tout au long du conflit en Côte d'Ivoire.

Intitulé "Les femmes, victimes oubliées du conflit", ce rapport couvre la période entre 2000 et 2006 et recueille des témoignages des femmes dans toutes les parties du pays, y compris Logoualé, Man, Cocody, et la périphérie d'Abidjan. Il conclut en ces termes: "Des femmes de tous âges et de toutes origines ont été violées par toutes les parties et ces victimes continuent à n'avoir accès ni à une réparation efficace ni à des soins médicaux."

Selon le rapport, elles ont été violées, mutilées ou soumises à l'esclavage sexuel, aussi bien par les forces gouvernementales que par les éléments des Forces nouvelles, parfois même aux postes de contrôle. "L'ampleur des viols et des actes de violence sexuelle commis en Côte d'Ivoire au cours du conflit armé a largement été sous-estimée et les femmes sont devenues les victimes oubliées du conflit", souligne le rapport qui fustige le manque d'attention accordée aux victimes.

Le rapport insiste sur l'impunité qui constitue, aux yeux des rédacteurs, l'élément facilitateur le plus important. En effet, aucun des cas recensés n'a abouti à des poursuites judiciaires, et encore moins au dédommagement des victimes. A cela s'ajoute le manque d'accès aux soins adéquats, qui contribue à l'aggravation du drame des victimes.

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Dans le droit international, le viol systématique est considéré comme un crime de guerre interdit par la 4e Convention de Genève. De même, le droit pénal ivoirien contient des provisions similaires. Mais, à ce jour, "quasiment aucune personne responsable de violences sexuelles n'a eu à répondre de ses actes", accuse le rapport.

En guise de conclusion, Amnesty suggère au gouvernement ivoirien ainsi qu'aux Forces nouvelles des mesures de rétribution et de réhabilitation des victimes. Au rang de celles-ci, on compte: dénoncer publiquement la violence faite aux femmes, fournir toute l'attention médicale nécessaire aux victimes, et le traitement de la question de l'impunité.

"À moins qu'un programme planifié et global ne soit mis en œuvre afin de répondre aux divers besoins de ces femmes, les victimes de violence sexuelle vont continuer de souffrir et de mourir et de nombreuses autres femmes risquent d'être victimes de violences sexuelles", souligne le rapport.

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