Lagos — L'Etat de Lagos, avec sa vingtaine de millions d'habitants, est celui de la fédération du Nigeria qui enregistre le plus de candidats au poste de gouverneurs. Les vingt-deux tickets qui concourent au suffrage des lagossians ne partent pas avec les mêmes chances car 4 partis semblent se livrer une bataille sans merci. Ce qui fait planer tous les doutes sur l'issue du scrutin.
L'exemple de Lagos pourrait faire un beau cas de figure sur l'ensemble des 36 états que compte la fédération du Nigeria tellement le scrutin semble serré du moins entre les 4 principales forces de l'Etat.
Actuellement gouverné par un parti d'opposition, l'Alliance pour le Congrès
(AC) du gouverneur sortant Bola Ahmed Tinubu, l'Etat de Lagos est l'objet de toutes les convoitises, notamment celle du Parti Démocratique du peuple (PDP, au pouvoir).
En effet, la formation politique du président Olusegun Obasanjo caresse le fou rêve de diriger cet état, poumon économique du pays qui a abrité l'ancienne capitale de la fédération jusqu'au transfert des affaires politiques à Abuja en 1991.
Les quatre principales candidatures qui émergent de la liste des 22 concurrents sont celles de l'Alliance pour le Congrès (AC) représenté par le tandem Babatunde Raji Fashola-Sarah Bisi Sosan (une femme), du parti Démocratique du peuple (PDP, au pouvoir) avec le duo Musiliu Olatunde Obanikoro et Agbaje Hani Hannah (une autre femme). Les deux autres partis sont le parti du travail (LP) représenté par Olufemi Pedro et Adebule Oluranti (encore une femme) et l'alliance démocratique (AD) du duo Hakeem Gbajabimiala –Funto Savage.
Trois femmes candidates à Lagos
Durant la campagne, ces quatre formations politiques ont drainé des foules et utilisées des moyens colossaux allant de l'organisation de méga-meetings à l'américaine, à l'affichage de posters géants et la distribution de gadgets en tout genre.
Sur les 44 candidats composant les 22 tickets investis, seules trois femmes dirigent des listes au niveau de l'Etat de Lagos, un pourcentage assez faible au regard de la participation des femmes dans la vie politique nigériane. Il s'agit d'Elizabeth Adiukwu Bakare du PPA, Olufolake Aina Akibola du Parti Démocratique National (NDP) et Uchenna Ohimai Ehimiaghe du parti Fresh. Cette dernière est d'ailleurs créditée d'une excellente campagne électorale même si ses plus vaillants supporters ne se font pas d'illusions quand à l'issue du scrutin.
Ces femmes, militantes d'un type nouveau, sont décidées à prendre en main les destinées d'un état réputé ingouvernable en raison des nombreux problèmes de logement, d'infrastructures routières, d'hôpitaux, d'éducation et de sécurité qui le gangrènent.
Elles ont toutes trois battu campagne autour de thèmes porteurs tels la place de la femme dans la société nigériane, l'amélioration de la qualité de vie des familles Lagossianes, la sécurité et l'éradication de la pauvreté. Seront-elles entendues? En face, force est de constater la bonne occupation du terrain politique par les deux principaux candidats au scrutin, à savoir Babatunde Fashola de l'Action Congress et Musiliu Obanikoro, candidat du PDP, que l'on appelle affectueusement "Koro".
Duel serré entre Koro et Fashola sur fond de craintes
L'Un est le poulain du gouverneur sortant, l'autre celui du président Olesegun Obasanjo. A eux deux ils cristallisent toutes les attentions électorales de l'état de Lagos.
Le premier, Babatunde Fashola, a été préféré par l'actuel Gouverneur Ahmed Tinubu à son ancien adjoint Femi pedro obligé de s'engager sous la bannière d'un autre parti tandis que le second, Musiliu Obanikoro , très populaire auprès des jeunes désœuvrés de Lagos, a été mis en scelle après l'assassinat il y a quelques mois de Funsho Williams, celui qui avait remporté les primaires du PDP, le parti au pouvoir.
Pas un seul endroit de Lagos où les deux candidats ne se livrent la guerre des affiches et des gadgets. Ils ont inondé tout l'état d'objets à leur effigie. Ces deux candidats mobilisent par centaines de milliers lors de leurs meetings respectifs et distribue à tout bout de champs de sommes importantes pour l'organisation de rencontres.
Leur opposition divise également de nombreux habitants de Lagos jusque dans les cellules familiales. Les états major des deux camps jouent à l'équilibre de la terreur, se défiant et s'affrontant par moments.
Des affrontements qui présagent de lendemains de terreur et de sang après la proclamation des résultats. Le scrutin des gouverneurs étant uninominal et à un seul tour, il se jouera de très peu entre ces deux candidats, ce qui les rend plus hostiles encore.
L'état de Lagos respire au gré des mouvements de ces deux candidats, même si celui du parti de l'opposition, pour des raisons historique de ce bastion de l'opposition, part avec un léger avantage en raison du soutien du gouverneur sortant Bola Ahmed Tinubu, véritable maître du jeu politique ici.