Nigeria: Présidentielle - qui succèdera au président Obasanjo ?

20 Avril 2007

Lagos — Soixante millions d’électeurs nigérians choisissent samedi entre 25 candidats, celui qui succèdera au président Olusegun Obasanjo à l’issue d’un scrutin, qui s’annonce très serré et très incertain.

Une vague de violence s’était emparée de nombreux états du Nigeria à la suite de l’annonce des premiers résultats de l’élection des gouverneurs de la Fédération. Elle pourrait s’empirer à l’annonce de ceux de la présidentielle en raison de ses multiples enjeux.

Le pays le plus peuplé d’Afrique et incontestablement un des plus riches fera face à son destin à travers l’expression des urnes. Le Nigeria s’apprête donc à vivre la première transition démocratique de son histoire politique depuis son accession à l’indépendance en 1960.

Longtemps dirigé par des régimes militaires et sujets à de nombreux putschs, le Nigeria vit depuis 1999, date de son passage d’un régime militaire à un régime civil, dans une relative démocratie apaisée. C’est ce climat que le pays tentera de préserver à l’issue d’un scrutin présidentiel de tous les dangers en raison de la complexité et de la consistance des principales candidatures notamment celles de l’actuel parti majoritaire, le Parti Démocratique du Peuple (PDP) conduite par le duo Umaru Musa Yar’Dua et  Goodluck  Jonathan, du Parti de tous les Peuples du Nigeria (ANPP) dirigé par l’ancien chef d’Etat militaire le Général Muhammadu Buhari et Edwin Ume Ezeoke, de l’Alliance des Peuples du Progrès (PPA) que conduit le gouverneur sortant de l’état d’Abia, Orji Uzor Kalu et Inuwa Abdulkadir.

La candidature de l’actuel vice-président du Nigeria, Atiku Abubakar, placée sous la bannière du parti de l’opposition Congrès pour l’Action (AC), et dans un premier temps rejetée par la commission électorale nationale indépendante (INEC), a été  validée il y a trois jours par la cour suprême du pays, la plus haute institution juridique. Une décision tardive qui pourrait en rajouter à la confusion quand à l’organisation matérielle des élections avec l’impression des bulletins des candidats sans Abubakar déjà terminée.

Partagé entre l’idée de renoncer finalement à ces élections au même titre que le candidat Buhari qui militait pour un boycott final de la présidentielle, le candidat de l'AC s’est finalement décidé à solliciter le suffrage de ses concitoyens. Une décision qui à ce jour constitue la grande inconnue de cette présidentielle en raison de ses implications sur l’issue finale du scrutin.

Ecarté dans un premier temps par son ancien parti, le PDP, en raison de ses divergences avec le Président Olusegun Obasanjo dont il fut le vice-président pendant 8 ans, la candidature validée de Atiku Abubakar pourrait constituer un gros handicap pour la victoire finale du candidat de l’actuel majorité Musa Yar’Adua, mis en scelle par le président Obasanjo et protégé de ce dernier dans le parti.

Atiku Abubakar dont le parti a remporté le poste de gouverneur à Lagos, (plus grande population électorale du pays) est également très populaire dans le nord du pays où le PDP a déjà perdu lors des dernières consultations 4 états, tous tombés dans l’escarcelle de l'ANPP du Général Buhari.

Le scrutin à un seul tour sera surveillé par des observateurs nationaux et internationaux venus un peu partout d’Europe, des Etats-Unis et de la zone CEDEAO. Ces derniers au nombre desquels on dénombre l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright et l’ancien chef de l’Etat gambien Sir Dawda Kairaba Jawara devront attester de la régularité ou non d’un scrutin sur lequel pèsent de nombreux doutes de fraude et de manipulation.

Les candidatures du vice-président Atiku Abubakar de l’ancien général à la retraite et chef d’Etat, Muhammadu Buhari ainsi que celle du candidat de l’actuel majorité Umaru Musa Yar’Adua sont celles qui émergent du lot. La lutte sans merci que ces trois partis se livrent à travers leurs états-majors respectifs dans les différents états fédérés augurent de lendemains incertains et de nouvelles scènes de violence comme celles connues dans presque tout le Nigeria au lendemain  de la proclamation des résultats des gouverneurs une semaine auparavant.

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