Nigeria: Scrutin présidentiel calme à Lagos, violence ailleurs

22 Avril 2007

Lagos — Des millions de Nigérians ont voté samedi dans un calme relatif, malgré de nombreux dysfonctionnements et actes de violences notés ici et là, pour élire le remplaçant d’Olusegun Obasanjo dont le mandat arrive à terme le 29 mai prochain.

Ce samedi, les électeurs n’étaient pas aussi nombreux dans les bureaux de vote que la semaine dernière lors des élections des gouverneurs.

L’heure d’ouverture du scrutin repoussée d’une heure, 10 heures (heure locale) et la vague de canicule qui s’abat sur le pays depuis quelques jours, ont retenu de nombreux électeurs chez eux, le scrutin démarrant souvent avec une heure ou deux heures de retard.

Ce n’était donc pas la grande affluence dans les différents bureaux de vote visités dans l’état de Lagos et dans le populeux quartier d’Obalende. Sur une superficie de près de 50 mètres carrés se côtoient trois bureaux de vote sans l’ombre d’un seul électeur. Seuls des policiers préposés à la quiétude des lieux et les membres de la commission électorale nationale indépendante conversent, attendant l’arrivée au compte-goutte de probables votants.

Le décor est pratiquement identique dans les autres localités de la ville de Lagos où ce n’était pas encore le grand rush jusqu’aux premières heures de l’après-midi. « C’est parce que nous sommes déjà convaincus du résultat final de ces élections gagnées à l’avance par le parti au pouvoir qu’on ne se fait pas d’illusions en allant voter », affirme Musilu, la trentaine, trouvé près d’un bureau de vote.

« La semaine dernière, nous étions plus mobilisés pour l’élection des gouverneurs car cette dernière présente à nos yeux plus d’enjeux et implique beaucoup plus nos concitoyens, le gouvernement fédéral ne travaillant que pour ses membres », renchérit Ademola, témoin de nos échanges avec notre premier interlocuteur.

Plus loin dans d’autres bureaux de votes, des électeurs se plaignent des nombreux dysfonctionnements, las d’être trimballés d'un bureau de vote à un autre, sans toutefois parvenir à obtenir la bonne adresse où ils devraient voter.

Emeka semble désemparé par ses nombreux va-et-vient entre plusieurs bureaux de vote. « Cela fait une heure de temps que je tourne et impossible pour moi de trouver mon lieu de vote. Ils viennent de me signaler que je dois aller voter à 3 kms d’ici alors que le gouvernement a interdit toute circulation de 9 h à 20 h et je ne suis pas prêt à marcher toute cette distance pour voter ». Et d'ajouter: « je rentre tranquillement chez moi. C’est triste mais c’est ça, c’est une désorganisation totale car chacun devait voter là où il s’était enregistré ».

Dans l’ensemble de la fédération et selon certaines stations radio captées à Lagos, le scrutin a démarré avec du retard mais s’est déroulé dans le calme et la sérénité. Mais d'après plusieurs agences de presse internationales, la violence a éclaté dans plusieurs localités. Selon Reuters, le scrutin de samedi a été marqué par de nombreuses irrégularités, y compris des actes de fraude et d'intimidation. La veille du scrutin, un attentat à la bombe a été déjoué au siège de l'Inec, et le candidat du parti au pouvoir pour le poste de vice-président, Jonathan Goodluck, a failli tomber sous des balles d'un assaillant.

Aux dernières nouvelles dimanche, au moins un groupe d'observateurs a demandé une reprise du scrutin, soutenant que rien que la moitié des résultats serait crédible.

Pour le moment, les populations appréhendent surtout les heures qui suivront la proclamation des premiers résultats malgré la présence dissuasive de l’armée sur toute l’étendue du territoire.

Le scrutin présidentiel de samedi mettait aux prises 25 candidats, mais trois poids-lourds sont donnés favoris: le gouverneur Umaru Yar'Adua du Parti démocratique du peuple (PDP-au pouvoir), le vice-président actuel Atiku Abubakar, candidat du Congrès pour l'Action et le général Muhammadu Buhari, qui a dirigé le pays à la tête d'une junte militaire de 1984 à 1985.

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