Niger: L'opposition renverse le gouvernement

1 Juin 2007

Dakar — Les députés du Niger, sur une initiative des élus de l'opposition (minoritaire) ont  renversé le gouvernement du premier ministre Hama Amadou après huit années de primature du leader du Mouvement National pour la Société developpement (MNDS-majorité).

Un acte qualifié de séisme dans le landerneau  politique du Niger qui ouvre des lendemains d'incertitudes, de confrontations et de recompositions dans le champ politique.Le groupe parlementaire du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-opposition) avait déposé une motion de censure contre le gouvernement nouvellement formé de l'unique premier ministre du président Mamadou Tandja depuis son accession au pouvoir en 1999. L'opposition voulait par son initiative dénoncer la corruption qui gangrène la société nigérienne mais surtout pointer du doigt les nombreux scandales financiers et de détournements qui ont éclaboussé le gouvernement de Hama Amadou.

Contre toute attente, les 25 députés de l'opposition ont su rallier à leur cause tous les parlementaires siégeant dans l'hémicycle à l'exception des élus du parti au pouvoir (MNDS) du Président Mamadou Tandja et de son premier ministre Hama Amadou.

Sur un nombre de 113 députés présents lors de la séance, 62 ont voté pour la motion tandis que 51 élus ont voté contre.

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La cinquième tentative de renversement du gouvernement de Hama Amadou en poste depuis 1999 aura été la bonne. Le nouveau gouvernement de Hama Amadou formé il y'a moins de 3 mois est rattrapé par une bruyante affaire de corruption dénommée « l'affaire Meba » et portant sur le détournement de plus d'un milliard de francs CFA au ministère de l'éducation de base.

Des partenaires étrangers avaient financé le gouvernement pour contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement au Niger plombé par le manque d'infrastructures et le taux élevé d'analphabétisme.

Le renversement du gouvernement de Hama Amadou a été rendu possible par le lâchage d'un des alliés de la majorité, le parti du président de l'assemblée nationale Mahamane Ousmane, la Convention Démocratique et Sociale (CDS) dont certains ministres siégeaient dans le gouvernement déchu.

Le président Mamadou Tandja, candidat élu du MNSD, pourrait nommer un nouveau Premier ministre tout comme il pourrait aussi dissoudre le parlement pour provoquer des législatives anticipées et s'assurer une nouvelle majorité.

L'opposition, par la voix de son chef de file Mahamadou Issoufou, en appelle déjà à la nomination d'un nouveau premier ministre « crédible » par ces mots «Il appartient au président de la république de désigner un nouveau Premier ministre crédible, et nous souhaitons qu'il fasse le bon choix afin de doter le Niger d'un Premier ministre qui va promouvoir la bonne gouvernance, lutter contre la corruption et contre les détournements des deniers publics ».

L'opposition se défend toutefois de vouloir imposer une cohabitation au président Mamadou Tandja qui est à son deuxième et dernier mandat.

La destitution du gouvernement de Hama Amadou ouvre des lendemains d'incertitudes, de confrontations et de recompositions dans le champ politique nigérien car le président sera peut être obligé de choisir son nouveau premier ministre parmi de nouveaux dirigeants politiques  proposés par les mandataires du peuple.

Il pourra aussi prendre le risque de dissoudre l'assemblée nationale puis convoquer des élections anticipées dans les 45 jours qui suivent selon la constitution nigérienne.

Le premier ministre déchu Hama Amadou, pendant longtemps désigné comme le successeur potentiel de Mamadou Tandja à la tête de l'état, aura du mal à se relever de cette gifle de l'opposition à la veille des prochaines législatives. Il devra surtout faire face dans les prochains jours à des oppositions internes à son leadership au sein de sa formation politique.

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