Washington, D.C. — Le gouvernement américain interdira l'accès à ses universités aux enfants de certains dignitaires zimbabwéens, une mesure qui affectera au moins cinq étudiants.
Au total 38 personnes ont été ajoutées à la liste des Zimbabwéens interdits d'entrée sur le territoire américain.
C'est ce qui ressort lundi d'une communication de Jendayi Frazer, la responsable des Affaires africaines au Département d'Etat à Washington, pour qui ces étudiants "ne devraient pas bénéficier ici d'une éducation que leurs parents interdisent dans leur pays".
Et d'ajouter que les sanctions économiques actuelles seront étendues à plusieurs autres personnes "qui ont joué un rôle crucial dans la croisade du régime à l'encontre des droits de l'homme", et ainsi qu'à deux sociétés appartenant à deux personnalités jugées complices.
Pour Frazer, les valeurs qu'incarnent les États-Unis exigent que "ceux qui violent les droits de l'homme soient interdits d'accès à nos marchés, nos universités, et nos territoires".
Selon Jeffrey Krilla, responsable du Bureau des droits de l'homme, l'année en cours aura été "la pire aussi bien pour les défenseurs des droits de l'homme que pour les citoyens ordinaires au Zimbabwe".
Le département d'Etat estime à plus de 6000 le nombre d'incidents de violations de droits de l'homme reportés en 2007, avec 500 nouveaux cas chaque mois. Ces abus, qui visent principalement les partisans de l'opposition et les étudiants, sont de plus en plus l'apanage de groupes sponsorisés par le gouvernement.
Frazer s'est voulue particulièrement critique à l’ endroit du Président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980.
"Le régime de Mugabe agit de façon systématique pour détruire tout groupe qui s'oppose à son règne oppressif...sa tyrannie doit cesser", a-t-elle dit, tout en réitérant l'importance des pays voisins au Zimbabwe dans la résolution de la crise qui secoue le pays.
Des efforts de médiation initiés par la Communauté des états de l'Afrique australe (SADC) et dirigés par le président sud-africain Thabo Mbeki visent à promouvoir des négociations à huis clos entre le pouvoir et l'opposition. Mais les résultats tardent à venir, particulièrement sur les élections parlementaire et présidentielle à venir.
"Nous saluons le Président Mbeki pour son leadership et son dévouement pour des élections libres et justes", a dit Frazer. "Mais le langage d'un quelconque accord entre les différentes parties devrait prendre en compte la réalité sur le terrain", a-t-elle ajouté.
L'annonce de ces nouvelles sanctions vient tout juste avant le sommet entre l'Europe et l'Afrique qui aura lieu ce weekend au Portugal. Un sommet boycotté par le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui proteste l'invitation envoyée à Mugabe.
Pour Frazer, même si les Etats-Unis n’approuvent pas la décision d'inviter le chef de l'Etat zimbabwéen, il serait souhaitable que le sommet aborde la question des droits de l'homme à Harare.
"Mon souhait est que l'Union européenne et l'Afrique en fassent un point central de discussion", a-t-elle dit.
Les premières sanctions américaines à l'encontre de personnalités zimbabwéennes remontent à mars 2003.