Plus de 14 millions d'électeurs sont appelés à se rendre aux urnes ce jeudi pour des élections générales au Kenya, qui devraient également aboutir sur la sélection du prochain président de la république.
2550 candidats sont en lice pour les 210 sièges à pourvoir au parlement, et plus de 15000 candidats pour les locales.
Neuf candidats sont inscrits à la présidentielle, mais les analystes s'accordent pour dire que trois sortent du lot, parmi lesquels le président sortant Mwai Kibaki.
Kibaki, 76 ans, se présente sous la bannière du Parti de l'unité nationale (PNU), une formation qu'il a créé il y a seulement quelques mois. Il bénéficie du soutien de son successeur, l'ancien président Daniel arap Moi.
Son plus grand challenger est l'ancien député Raila Odinga, candidat du Mouvement démocratique orange (ODM). Raila, 62 ans, est le fils du premier vice-président de l'histoire du pays. Son soutien permit à Kibaki de remporter la présidentielle de 2002, mais de nombreux désaccords entre les deux hommes ont fini par briser leur alliance à tel point qu'aujourd'hui Raila aimerait bien prendre sa revanche sur Kibaki, par qui il s'estime trahi.
Même si beaucoup s'accordent à penser que la présidence se joue entre Kibaki et Odinga, il y a lieu de signaler que le verdict final pourrait dépendre de Kalonzo Musyoka.
Agé de 54 ans, Musyoka est un avocat de carrière qui fit ses débuts en politique dans les années 80. Cet homme d'origine modeste a su s'élever au-dessus des difficultés sociales pour occuper plusieurs postes dans les différents gouvernements antérieurs, y compris celui de ministre des affaires étrangères sous Kibaki. C'est le seul candidat qui ait choisi une femme, Julia Ojiambo, sur son ticket.
Une autre particularité de Musyoka est qu'il compte établir un État-providence au Kenya, en plaçant les pauvres au centre de son agenda qu'il a dénommé Komesha Umashkini (combattre la pauvreté). Un agenda qui s'articule autour d'un "Plan Marshall" à huit priorités.
La plus profonde innovation que propose cet ancien député est l'établissement d'un cycle économique de 24 heures dans le pays, à l'exemple des nations industrialisées comme le Japon ou les États-Unis.
Même s'il ne part pas favori, Musyoka pourrait bien être celui par qui la victoire arrivera pour l'un ou l'autre des deux principaux rivaux.
Car au Kenya pour etre élu président un candidat doit non seulement obtenir la majorité des voix sur l'ensemble du territoire, mais aussi 25% des suffrages exprimés dans au moins cinq des sept provinces que compte le pays.
Or selon les derniers sondages, notamment ceux du groupe Steadman, aucun des candidats n'a la majorité absolue. Ainsi Raila Odinga serait en tête avec 46%, suivi de Kibaki (42%), alors que 10% reviendraient à Musyoka. En cas de 2e tour donc, Musyoka pourrait bien être le faiseur de roi, un peu à l'image d'Antoine Gizenga il y a un an au Congo démocratique. Avec, au final, la promesse d'un poste de Premier ministre, si du moins la Constitution parvient à être amendée. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Pour l'instant, la tension reste élevée, d'autant plus que des accusations de fraude ont causé plusieurs incidents la veille du scrutin. Mais pour la commission électorale (ECK), ces incidents ne sont pas de nature à troubler l'ensemble du processus démocratique. "Les bulletins de vote sont en sécurité à tous les niveaux", a assuré Kihara Muttu, le vice-président de l'ECK sur les antennes de la chaine de télévision KTN.
Les bureaux de vote seront ouverts dès 6 heures du matin, et 65000 agents de sécurité ont été déployés sur l'ensemble du territoire.
Les autorités ont accepté la présence d'observateurs internationaux aux cotés d'observateurs locaux afin que le pays et le monde soient convaincus de la transparence du scrutin de ce jeudi 27 décembre.