Afrique: Sombre tableau en matière de mortalité infantile, malgré quelques progrès

22 Janvier 2008

Washington, D.C. — Malgré les progrès réalisés jusqu'ici en ce qui concerne les taux de survie et la santé des enfants, la situation des enfants de moins de 5 ans est la plus préoccupante en Afrique subsaharienne, selon un rapport de l'Unicef rendu public ce mardi.

Le rapport, "La situation des enfants dans le monde 2008: la survie de l'enfant", est une étude réalisée en partenariat avec l'OMS, et qui analyse les taux de mortalité infantile dans le monde durant la période 1990-2006.

Le rapport met en relief certaines données statistiques sombres. Sur 46 pays au sud du Sahara, seuls trois ont réalisé des progrès en matière de santé infantile: le Cap-Vert, l'Érythrée et l'île des Seychelles.   Autre fait troublant : l'Afrique subsaharienne compte pour 49% des décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde, alors que seulement 22% de ces enfants y résident.

Ce taux de mortalité infantile très élevé fait craindre la possibilité de ne pouvoir atteindre le 4e objectif du développement du millénaire (OMD). Lancés en 2000, les OMD sont des cibles de développement spécifiques à 8 domaines, dont la santé infantile. Le 4e OMD engage les pays à réduire de moitié le nombre de décès des enfants de moins de 5 ans d'ici à l'horizon 2015.

"Sur les 62 pays ne progressant pas ou pas suffisamment sur la voie de l'Objectif du Millénaire pour le développement relatif à la survie de l'enfant, près de 75 % sont situés en Afrique", lit-on dans le rapport.

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La crise actuelle est en fait la résultante de plusieurs facteurs, relève le rapport. Les conflits incessants qui mettent des milliers de personnes en état de précarité, la propagation de la pandémie du sida et des maladies endémiques telles que le paludisme et la rougeole, auxquels s'ajoutent des budgets maigres, sont autant de facteurs qui contribuent à la forte mortalité infantile sur le continent.

Au cœur de cette crise se trouve aussi la problématique de la place qu'occupe la femme dans la société africaine. En effet, souligne le rapport "en Afrique subsaharienne, les femmes ont peu d'influence sur les décisions concernant la santé de leur famille, qu'il s'agisse de leur propre santé ou de celle de leurs enfants." Un paradoxe quand on sait le rôle crucial de l'apport maternel dans le bien-être des enfants.

A tous ces maux s'ajoute l'éternel embarras de la fuite des cerveaux, qui semble affecter sévèrement le secteur de la santé. Dans le cas précis de l'Afrique du Sud, par exemple, le rapport note que plus de 300 infirmières spécialisées quittent chaque mois le pays, "dont beaucoup pour ne jamais revenir".

C'est donc pour remédier à tous ces problèmes que le rapport préconise une approche globale, qui prend en considération plusieurs autres OMD, notamment ceux liés à l'amélioration du cadre de vie.

"Il sera indispensable d'agir rapidement sur plusieurs fronts : éliminer la pauvreté et la faim (OMD 1), améliorer la santé maternelle (OMD 5), combattre le VIH et le SIDA, le paludisme et d'autres maladies (OMD 6), améliorer les systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement (OMD 7) et rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables (OMD 8)", relève le rapport.

Pour y parvenir l'Unicef souligne la nécessité d'une action collective impliquant les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires de développement. A moins qu'on ne parvienne à redoubler d'efforts, prévient le rapport, "la plupart des 46 pays d'Afrique subsaharienne...n'atteindront pas la plupart des OMD."

La situation est d'autant plus alarmante qu'elle semble résulter d'une négligence collective. "A l'échelle mondiale, nos priorités sont devenues floues", note sombrement le rapport. Avant de préciser que les promesses d'aide au développement faites par les   pays industrialisés lors du sommet de Gleneagles en 2005 sont restées lettre morte.

"Il est urgent de renouveler la dynamique autour de la survie des enfants," a plaidé pour sa part Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Liberia. Reste à savoir comment.

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