Washington, D.C. — Les droits des détenus sont systématiquement violés dans les prisons nigérianes, selon un rapport d'Amnesty International sur le système pénal du pays.
Le rapport souligne que 65% des détenus n'ont pas encore été jugés coupables du crime qui leur est reproché, mais malgré cela ils restent en prison dans l'attente de leur procès. Par exemple, un détenu de 25 ans interrogé par l'ONG a passé un tiers de sa vie en prison, et il est toujours en attente de son procès.
« Certains détenus peuvent passer le reste de leur vie derrière les barreaux dans des conditions déplorables sans jamais être convaincu d'un crime ; et dans la plupart des cas, leur dossier a été perdu par la police », révèle Aster van Kregten, chercheur à Amnesty International.
Le rapport est basé sur des témoignages recueillis auprès d'une centaine de détenus, gardes pénitenciers et autres fonctionnaires judicaires.
Amnesty révèle aussi que certaines personnes sont en prison à la place d'un membre de leur famille que la police recherche.
La lenteur des procédures judicaires et le manque de représentation légale sont autant de reproches que l'ONG fait à l'encontre du gouvernement nigérian.
A la prison de Kirikiri, l'unique pénitencier pour les femmes, c'est le surpeuplement qui est d'usage. Dans cette prison de l'état de Lagos bâtie en 1963 pour abriter 105 personnes, on y retrouve aujourd'hui 131 pensionnaires, avec en plus six bébés.
Ailleurs, d'autres sont détenus à cause des troubles mentaux dont ils souffrent. C'est le cas par exemple à la prison de l'état d'Enugu, où 119 malades mentaux sont détenus. Amnesty estime que jusqu'à un tiers de ces détenus sont des « lunatiques civils » n'ayant commis aucun crime. Ils ont été conduits à la prison par leurs familles.
Au final, l'ONG propose au gouvernement fédéral et aux différents états certaines recommandations pour améliorer les conditions de détention dans les prisons. Outre les conseils d'ordre sanitaire, Amnesty propose l'établissement d'un fichier informatisé afin de centraliser la gestion des détenus et éviter que certains ne soient oubliés dans le système.
Plus loin, Amnesty conseille aussi l'instauration d'un moratoire sur l'application de la peine capitale, ou du moins que certaines peines « cruelles et inhumaines », comme l'amputation ou la mort par lapidation, soient commuées.