Le Cap — Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi en Afrique du Sud que la France va réformer et rendre public les détails de ses accords de coopération militaire avec les pays africains.
« La France n'a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique », a déclaré Sarkozy devant les deux chambres du parlement sud-africain, avant d'ajouter que l'objectif de son pays est plutôt d'aider les Africains à formuler eux-mêmes leurs accords de sécurité collective.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec le président Thabo Mbeki, Sarkozy a décrit son nouveau plan comme « un tournant majeur » dans l'histoire des relations de la France avec le continent africain.
Une déclaration qui a été saluée par Mbeki, pour qui cette annonce s'inscrit dans le cadre « du processus de décolonisation en Afrique ».
Arrivé de N'Djamena où il a marqué une visite éclair, Nicolas Sarkozy séjournera pendant deux jours en Afrique du Sud, pays avec lequel la France a signé un nombre d'accords de coopération bilatérale, dont une initiative conjointe pour la réforme des forces de sécurité en République centrafricaine (RCA).
Le président français a reconnu que les accords de défense entre la France et l'Afrique, signés il ya 50 ans, sont obsolètes, et qu'il faudrait les « adapter aux réalités du temps présent », en tenant compte de la volonté des Africains.
Début février, l'implication des soldats français dans le conflit tchadien avait attiré beaucoup de critiques, certains accusant la France d'ingérence en vue de maintenir Idriss Déby au pouvoir.
Contrairement aux pratiques du passé, les accords ainsi renégociés seront « intégralement publiés », a dit Sarkozy, avant de préciser que « tous les chefs d'Etat concernés ont été informés ».
La France maintient actuellement des soldats dans au moins huit pays africains : les Comores, la Côte d'Ivoire, Djibouti, le Gabon, la RCA, le Sénégal, le Tchad, et le Togo.
Nicolas Sarkozy et Thabo Mbeki ont par ailleurs parlé du discours controversé de Sarkozy à Dakar en juillet 2007.
Contrairement à une bonne partie de l'opinion publique africaine, Mbeki n'avait pas fustigé le président français. Dans une lettre à Sarkozy, le successeur de Nelson Mandela avait préféré mettre l'accent sur d'autres éléments—positifs—du discours.
Cette lettre de Mbeki « m'a touché profondément », a reconnu Sarkozy, qui remercie le président sud-africain pour avoir « pris la peine de le lire du début jusqu'à la fin ».
Mbeki a pour sa part défendu sa lettre, en précisant que d'autres aspects évoqués par le discours de Dakar apportaient « des contributions très importantes au débat global ».
« [Sarkozy] lance un défi au continent africain en l'invitant à définir lui-même son futur…mais l'Afrique a besoin de se tenir sur ses pieds pour y parvenir. C'était correct lorsqu'il l'a dit, et ça reste correct aujourd'hui », a dit Mbeki.
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