Dakar — Le président Abdoulaye Wade du Sénégal, désigné par ses pairs de la Ummah à la tête de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a déjà dessiné les contours de son programme.
Le président sénégalais, élu pour quatre ans conformément à la recommandation de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OCI, a reçu le témoin des mains du représentant du président de la Malaisie, son prédécesseur à la tête de la deuxième plus grande organisation inter-États dans le monde.
La question palestinienne, une super priorité
Dans son discours-programme de près d'une heure de temps, le président sénégalais visiblement très heureux de hisser le Sénégal à la tête de l'OCI pour une deuxième fois et en l'espace de vingt ans, a tenu à remercier ses pairs avant de dresser une sorte de feuille de route qu'il voudrait appliquer durant son mandat.
A ce titre la question palestinienne, à l'origine de la naissance de l'OCI, devient pour Abdoulaye Wade une priorité. Après avoir appelé d'abord à l'unité, le peuple palestinien à travers un grand congrès du peuple palestinien, de la Cisjordanie à Gaza, il a offert le vœu et le souhait du Sénégal à abriter une telle rencontre si les Palestiniens le souhaitaient.
« Ma priorité sera le problème palestinien avec l'établissement d'un État palestinien internationalement reconnu à l'intérieur des frontières sûres, et la paix entre la Palestine et Israël seront ma priorité dans la quête de la paix globale au Moyen Orient », a déclaré Wade devant ses pairs de la Ummah. Il a fini par en appeler au soutien et à l'aide de la communauté internationale dans cette entreprise.
Parmi les autres initiatives prévues, le président Wade s'est soucié du bien être des peuples musulmans en proie à des difficultés existentielles dues à la détérioration de leur environnement. Les questions économiques et de solidarité entre peuples musulmans n'ont pas échappé à la vision du leader sénégalais notamment dans la mise en place d'un nouveau partenariat économique entre pays de la Ummah, les mécanismes de financement des projets de développement et de lutte contre la pauvreté dans les pays musulmans les moins nantis à travers d'autres créneaux que ceux de la Zakat.
L'idée de la mobilisation des intérêts des capitaux arabes, prohibés par la Chaaria (loi coranique), pour financer le développement, s'inscrit en droite ligne de cette initiative, tout comme le Fonds Pétrole/Pauvreté qui consiste à demander aux pays de l'OPEP, dont la majorité sont membres de l'OCI, d'ajouter deux points en faveur dudit fond à chaque fois que le cours du brut est en hausse.
La question du partage du savoir, avec un rappel historique de la contribution musulmane dans la science et la technologie, tout comme la stratégie à adopter face à une islamophobie galopante et méprisante, ont été évoquées dans le programme présidentiel sénégalais.
Un mandat sous le sceau du continent africain
D'emblée le chef de l'État sénégalais a désigné cet onzième sommet de la Ummah comme celui de « l'Afrique musulmane, du Nord comme du Sud du Sahara », c'est-à-dire, « le sommet de l'Afrique toute entière ».
C'est la raison pour laquelle il affiche la ferme volonté de mettre à contribution le groupe Afrique de l'OCI pour mener à bien sa mission. Fortement mobilisés autour de ce sommet par leur présence, les chefs d'États africains ont récolté les fruits de leur mobilisation derrière leur homologue sénégalais.
Le président économiste n'a pu s'empêcher de faire des estimations sur l'avenir et la certitude d'un bon investissement en Afrique. « L'Afrique est le continent de l'avenir avec, en 2050, plus de 1,7 milliard de consommateurs », a souligné Wade, se faisant l'avocat du continent auprès des bailleurs arabes. « Nous souhaitons que les investissements arabes interviennent aussi largement que possible en Afrique, non seulement en Afrique musulmane comme le Sénégal, le Maroc, Djibouti, entre autres, sur tout le continent », a-t-il ajouté.
Dans son plaidoyer pour un mandat de l'OCI bénéfique à tout le continent, il a appelé du haut du présidium de l'OCI et de manière solennelle à l'effacement total de la dette des États africains membres de l'OCI, conformément aux récommandations du sommet de la Mecque.