Dakar — L'armée du gouvernement fédéral va-t-elle donner l'assaut final sur l'île d'Anjouan et faire tomber le colonel Mohamed Bacar ?
L'armée nationale de développement (AND), l'armée officielle de l'Archipel des Comores, est déjà aux portes de l'île rebelle et selon certaines sources, des manœuvres d''infiltration seraient en cours pour recueillir des informations sur le terrain.
L'opération de débarquement « Démocratie aux Comores » vise à rétablir l'autorité du gouvernement fédéral après la réélection contestée du colonel Mohamed Bacar sur l'île d'Anjouan en juillet 2007.
La dizaine de victimes causée par des actions d'infiltration et de reconnaissance de l'armée de Moroni, la capitale fédérale, présage du pire dans la confrontation avant même l'entrée en action des forces de l'Union africaine (UA).
Le colonel Mohamed Bacar, qui dirige l'île d'Anjouan depuis 2002, avait été réélu en juillet dernier. Mais son autorité n'est pas reconnue par l'union des Comores à l'issue d'un scrutin contesté. L'UA a imposé un blocus sur l'île d'Anjouan, espérant faire capituler Bacar, mais ce dernier est décidé à asseoir son autorité et exercer la plénitude de ses pouvoirs de président.
En l'espace d'une semaine, les soldats de l'armée des Comores ont infiltré à trois reprises l'île rebelle et ont même affronté des éléments au service du colonel Bacar. L'armée comorienne a ainsi affirmé dans un communiqué que des « dizaines d'éléments de la rébellion » avaient été tués, dimanche, sur l'île d'Anjouan. Les rebelles soutiennent le contraire, estimant plutôt avoir fait de nombreuses victimes dans les rangs de l'AND et capturé de nombreux soldats.
Une situation qui annonce l'imminence d'une attaque de l'armée fédérale des Comores malgré les nombreux appels à la retenue de part et d'autre, y compris du président sud-africain Thabo Mbeki, qui privilégie des négociations. À sa voix s'ajoute celle des Comoriens de la diaspora, qui ont initié une série de pétitions appelant les deux parties au dialogue pour éviter un bain de sang.
L'Union africaine, déjà présente au Soudan dans la région du Darfour et sur plusieurs théâtres de tensions sur le continent, soutient militairement l'opération "démocratie aux Comores" qui vise à faire partir le colonel Bacar par la force.
En plus des 400 militaires de l'AND, le gouvernement fédéral attend le renfort des troupes de l'UA composées essentiellement de contingents tanzanien, soudanais, libyen et sénégalais.
Les soldats tanzaniens, près d'une centaine, libyens et soudanais (au nombre de 200) sont déjà arrivés sur l'Archipel des Comores en attendant le contingent sénégalais dont le débarquement était prévu pour ce mardi après un retard de 48 heures.
Cette force multinationale africaine devra être stationnée dans un premier temps sur l'île de Mohéli, qui fait aussi partie de l'archipel, avant de prendre part au débarquement sur l'île rebelle d'Anjouan.
Les forces de la coalition de l'Union africaine devraient dans leur mission renforcer et consolider la sécurité aussi bien à Anjouan que sur les autres îles de l'union des Comores.
Sur le plan diplomatique, des solutions existent encore pour amener le leader contesté d'Anjouan à prendre langue avec le gouvernement fédéral dirigé par le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi.
De nombreux observateurs restent convaincus que le fond de cette crise est à chercher dans la rivalité féroce que se mènent les deux hommes au sein de l'archipel, à savoir le président Sambi (lui-même un natif d'Anjouan) et le colonel Bacar.
Cette crise qui perdure entre Moroni et l'île d'Anjouan tient en haleine toutes les populations des « quatre îles de la lune » qui craignent le pire en cas de débarquement forcé des troupes de l'armée comorienne et de l'union africaine.