Le président du Botswana, Festus Mogae, passe le flambeau ce mardi à son vice-président Ian Khama qui lui succède à la tête de cette nation de l'Afrique australe.
Khama, 55 ans, est le fils du premier président botswanais, Seretse Khama. Il devient ainsi le 4e chef de l'État depuis l'indépendance, une énième passation de pouvoir pacifique qui vient davantage renforcer la réputation déjà acquise de nation stable dont bénéficie le Bostwana.
Cela est d'autant plus remarquable que le président Mogae quitte volontairement le pouvoir environ 18 mois avant la fin de son mandat. Une première ? Pas au Botswana.
En 1998, son prédécesseur, Quett Masire, avait lui aussi tiré sa révérence bien avant l'expiration de son mandat présidentiel. Une tradition donc dans un pays pourtant dominé par une formation politique, le Parti démocratique botswanais (BDP).
Mogae a profité de ses derniers jours pour faire une tournée d'adieu à travers le pays, témoignage d'un homme d'État qui se retire donc la conscience libre. Une rareté en effet dans un continent où la présidence à vie ne choque plus les mœurs.
De l'autre côté de la frontière, au Zimbabwe, l'avenir reste incertain au lendemain d'un scrutin présidentiel dont l'opposition revendique déjà la victoire. Brûlera, brûlera pas? Nul ne sait.
Entre temps au Botswana, la culture démocratique ne fait aucun mystère. Enfin, presque, car trois questions restent pour l'instant sans réponse.
Qui sera vice-président? A quoi s'occupera le président sortant? Le nouveau chef de l'État se mariera-t-il enfin?
Difficile de savoir qui sera choisi comme nouveau vice-président dans un pays où, un peu comme en Afrique du Sud, cette position prédestine celui qui l'occupe à remplacer le chef de l'État à la tête du pays.
Plusieurs noms sont avancés dans la presse locale, mais nul ne sait vraiment sur qui se portera le choix de Ian Khama.
L'actuel ministre des affaires étrangères, Mompati Merafhe, part favori. Mais d'autres noms tout aussi qualifiés sont suggérés, y compris dans les rangs du principal parti d'opposition, le Front national du Botswana (BNF). Rien n'est donc joué.
Dans la presse locale, les hommages se multiplient envers le président sortant.
« Nous rendons hommage au président Mogae pour avoir mené à bien cette nation pendant ces dix dernières années », lit-on dans un éditorial de Mmegi, le principal quotidien du pays. « Il a montré l'exemple que d'autres devraient émuler », poursuit le journal.
Mogae est en effet salué pour avoir continué sur la voie du capitalisme tracée par ses prédécesseurs, et surtout pour ses efforts dans la lutte contre la pandémie du sida. D'autres lui sont reconnaissants pour son dévouement à la promotion des droits de la femme.
La seule zone d'ombre de sa présidence semble avoir été le traitement des populations autochtones San, ou « Bushmen », dont l'habitat naturel dans le désert du Kalahari semblait menacé par des sociétés d'exploitation de diamants. En 2006 la Haute Cour du Botswana avait rendu un jugement en faveur des San, leur reconnaissant le droit de vivre dans la réserve. Ce jugement avait mis fin aux expulsions ordonnées par le gouvernement de Mogae, mais en 2007 l'ONG Survival International avait fait état d'intimidations envers ces populations.
Malgré cela, Festus Mogae entre dans le panthéon des illustres fils d'Afrique, dans la lignée du Sud-Africain Nelson Mandela, ou du Mozambicain Joaquim Chissano.
En ce jour, il y a donc tout honneur à être Botswanais, surtout dans un continent où le pouvoir à vie tend à devenir la norme.