Le Cap — La crise postélectorale au Zimbabwe a pris une autre tournure jeudi, avec notamment l'appel du leader de l'opposition zimbabwéenne, Morgan Tsivangirai, au remplacement du président sud-africain Thabo Mbeki comme médiateur.
De son côté le pouvoir zimbabwéen a accusé Tsvangirai de « trahison », en affirmant qu'il serait en complot avec le gouvernement britannique pour prendre le pouvoir de façon illégale. Le président sud-africain Thabo Mbeki a reconnu la veille aux Nations unies le caractère suspect du retard enregistré dans la publication des résultats.
Les choses ont pris « une mauvaise tournure », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à New York où il avait présidé le même jour une réunion conjointe du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Union africaine sur la crise au Zimbabwe.
Thabo Mbeki a nié avoir déclaré qu'il n'y avait « pas de crise » dans ce pays voisin. « Je sais, autant que vous, que quelque chose ne tourne pas rond », a dit le président sud-africain, selon une transcription du ministère sud-africain des Affaires étrangères. « Le fait même que nous ayons entrepris une médiation au Zimbabwe sous-entend qu'il y a quelque chose qui ne va pas », a-t-il ajouté.
Le successeur de Nelson Mandela a également rejeté des allégations selon lesquelles il serait solidaire envers Mugabe à cause des liens tissés durant la lutte de libération qu'a connue l'Afrique australe. « Je ne sais pas d'où vient l'idée d'une loyauté quelconque », s'est-il étonné.
Le week-end dernier une réunion extraordinaire de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) n'est pas parvenue à mettre un terme à l'attente des électeurs zimbabwéens.
Mercredi une dépêche de l'agence de presse sud-africaine Sapa avait révélé la présence d'un navire chinois transportant des armes à destination du Zimbabwe au port de Durban, sur la côte est sud-africaine.
Selon l'agence britannique BBC, les autorités zimbabwéennes auraient confirmé l'existence d'un tel navire. Mais elles se refusent pour l'instant de barrer la route au navire chinois, car pour elles il s'agit d'une transaction commerciale entre deux nations souveraines.
Mugabe, 84 ans, brigue un sixième mandat à la tête du pays.