Dakar — La signature des accords de Partenariat économique dans leur forme actuelle risque de coûter cher au continent africain. Très cher même. L'analyse conduite par l'organisation internationale Oxfam montre que l'Afrique perdra 360 millions de dollars chaque année en raison des abaissements tarifaires, en plus de 9 milliards d'euros de pertes découlant de la mise en conformité pour tous les pays impliqués.
Cette estimation est contenue dans le rapport Partenariat ou jeu de pouvoir, publié hier à Accra à l'occasion de la 12ème Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le développement, qui se tient au Ghana. Dans ce rapport, Oxfam présente une analyse exhaustive des textes proposés. L'UE souhaite finaliser les accords sur les marchandises d'ici mi-2008 et boucler les négociations sur les services, l'investissement et d'autres domaines au cours de l'année suivante.
Le rapport conclut que, s'ils sont finalisés dans leur forme actuelle, l'UE compromettra de manière irrévocable les perspectives de développement de certains des pays les plus pauvres du monde. L'analyse d'Oxfam questionne certaines de promesses de l'Union européenne. Elle révèle par exemple que les périodes de transition promises pour la libéralisation ( jusqu'à 25 ans) sont limitées à quelques pays, pour un petit nombre de produits. De plus, les pays en développement n'ont bénéficié que d'une possibilité très limitée de conserver toute forme de protection.
On rappelle que l'Union européenne a déjà signé des accords intérimaires avec certains pays de la sous-region comme le Ghana ou la Cote d'Ivoire. Toutefois, selon les experts juridiques, les accords paraphés fin 2007 ne sont pas juridiquement contraignants et pourraient être révisés. L'approche actuelle a été contestée par de nombreux des experts du commerce et du développement.
Que faire alors ? « Dans un accord équitable, l'UE ouvrirait pleinement ses marchés à toutes les exportations, sans exiger la réciprocité. Elle laisserait aux pays en développement la liberté politique de gouverner dans l'intérêt général et de chercher à réaliser l'intégration régionale selon leurs propres termes. Et elle aiderait ces pays à devenir plus compétitifs, à générer des emplois décents et à accéder aux nouvelles technologies » souligne Oxfam.
Selon Oxfam, l'UE devrait laisser aux pays ACP la liberté de négocier ou non des accords sur les services, l'investissement et d'autres questions liées au commerce et adapter ses régimes préférentiels européens existants, pour garantir qu'aucun pays ACP ne verra sa situation empirer s'il ne conclut pas d'APE. Oxfam recommande aussi une évaluation indépendante des éléments paraphés, la renégociation des aspects problématiques des accords paraphés.