Niger: L'ancien premier ministre emprisonné sur fond de rumeurs électoralistes

27 Juin 2008

Dakar — S'agit-il d'une manœuvre de liquidation politique qui ne dit pas son nom ?

L'ancien Premier ministre nigérien Hama Amadou a été placé sous mandat de dépôt après un vote affirmatif de l'Assemblée nationale qui devait se prononcer sur sa mise en accusation.

Hama Amadou a reçu à son domicile la visite de policiers qui l'ont mis aux arrêts et conduit à la maison d'arrêt de Koutoukalé, un lieu de détention sous haute sécurité à une quarantaine de kilomètres de Niamey, la capitale.

L'assemblée nationale avait voté mardi en faveur de sa mise en accusation pour le détournement allégué d'une somme de 100 millions de francs CFA destinée à des sociétés de presse privée et de communication pour certains et à l'éducation pour d'autres.

L'ancien Premier ministre clame son innocence depuis le début de cette affaire et assure avoir justifié en son temps l'utilisation correcte de cette somme sur instruction du chef de l'Etat Mamadou Tandja. Il dénonce par la même occasion un complot ourdi contre sa personne pour l'empêcher de briguer le suffrage des ses concitoyens lors de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2009.

Le leader du parti du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD, pouvoir) avait été nommé premier ministre en janvier 2000 avant d'être déchu par une motion de censure initiée par sa propre majorité, le 31 mai 2007. Ce qui à l'époque avait surpris plus d'un.

Amadou, âgé aujourd'hui de 58 ans, avait déjà été premier ministre de février 1995 à janvier 1996, avant de perdre cette position à la suite du coup d'Etat militaire d'Ibrahim Baré Maïnassara.

Il devra désormais comparaîtra devant la Haute Cour de justice de Niamey qui juge les anciens hauts fonctionnaires de l'Etat et ceux en exercice pour des fautes commises pendant leur mandat.

Le séjour carcéral du patron de MNSD a été rendu possible par la commission d'instruction de cette haute cour et la plainte d'un député de la majorité, Moussa Keïta, qui l'accuse d'avoir commandité des attaques perpétrées par des nervis contre sa maison et sa voiture.

Selon l'avocat de l'ancien premier ministre, une caution proposée pour la remise en liberté provisoire de son client aurait été refusée par les autorités judiciaires du pays.

L'arrestation de l'ancien premier ministre a suscité de nombreuses réactions, notamment celle de ses partisans rassemblés devant son domicile pour dénoncer ce qui à leurs yeux apparaît comme une cabale politique.

Si Hama Amadou est reconnu coupable avant la fin de l'année il ne pourra pas être candidat à la succession de l'actuel président, Mamadou Tandja, au pouvoir depuis la présidentielle libre de 1999 et réélu en 2004. En principe il n'a plus le droit de se représenter. A moins d'un amendement constitutionnel.

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