Washington — Les progrès économiques réalisés par l'Afrique du Sud risquent d'être amoindris par un taux de chômage croissant et un interventionnisme accru de l'Etat dans l'activité économique, selon une étude rendue publique mardi par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).
L'étude note que « le bilan économique souffre encore de nombreuses déficiences, dont témoignent en particulier les problèmes de chômage, d'inégalité et de pauvreté », surtout au sein de la population noire majoritaire.
Ces inégalités s'expliquent, selon le rapport, par l'héritage négatif de l'apartheid, surtout dans le domaine de l'éducation, mais aussi par les difficultés rencontrées dans la redistribution des retombées économiques.
Pour tenter d'y remédier, le gouvernement a élaboré, en consultation avec ses divers partenaires sociaux, une stratégie à moyen terme dénommée Initiative pour une croissance accélérée et partagée en Afrique du Sud (AsgiSA).
AsgiSA préconise, entre autres, une croissance ciblée sur deux périodes initiales allant de 2006 à 2010, puis de 2011 à 2014, avec pour objectif final une réduction de moitié du taux de chômage.
Mais selon l'OCDE, les programmes initiés dans ce sens présentent eux aussi certains effets pervers.
A titre d'exemple, l'analyse de l'OCDE indexe le programme de l'Émancipation économique des Noirs (BEE), qui accorde un traitement préférentiel aux personnes noires qualifiées dans l'obtention d'emplois et l'attribution de contrats. Or, relève le rapport, le BEE a détruit tout esprit d'entreprenariat individuel, les Noirs préférant la sécurité d'un emploi garanti, plutôt que de s'investir dans des initiatives privées à titre personnel.
Parmi les autres obstacles identifiés par le rapport, on citera la difficulté d'opérer dans l'informel à cause de régulations strictes, et un modèle d'habitat hérité de l'apartheid qui confine les Noirs aux townships éloignés des centres urbains, ce qui rend la recherche et le maintien d'un emploi particulièrement difficiles.
Par ailleurs, le rapport reproche au gouvernement sud-africain son interventionnisme poussé dans l'activité économique, notamment dans la protection de certaines industries par le maintien de sociétés étatiques. Il recommande plutôt de « renforcer la concurrence » pour un rendement meilleur.
Avec un revenu moyen par habitant au-delà de 9.000 dollars, l'Afrique du Sud a une économie moderne et dynamique, renforcée par la Banque de réserve (SARB) qui assure une politique monétaire adéquate.
L'Afrique du Sud n'est pas membre de l'OCDE, mais elle figure sur une liste de cinq pays émergents considérés pour une éventuelle adhésion, avec le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Indonésie.