Dakar — Accra est cette semaine la capitale de la communauté du développement international.
Les ministres de plus de 100 pays, des décideurs, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile participeront au Troisième Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide. L'objectif de la rencontre est simple : évaluer les progrès et les obstacles en matière d'amélioration de l'efficacité de l'aide.
La réunion d'Accra survient à mi-parcours de l'échéance de 2010 fixée par la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide, et à mi-chemin vers l'horizon 2015 établi pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par l'Organisation des Nations Unies. Le Forum a pour but d'associer de nouveaux intervenants au dialogue sur l'efficacité de l'aide et de définir les modalités de renforcement de l'aide. La Déclaration de Paris est axe sur cinq thèmes : l'appropriation par les pays partenaires, l'alignement sur les stratégies nationales de développement, l'harmonisation des actions menées par les donateurs, une gestion axée sur les résultats et la responsabilité mutuelle.
Reformer le système d'aide international ne sera pas chose aisée. "Au moment ou certains pays sont prêts à bouger et à fixer des objectifs plus ambitieux, d'autres comme les Etats-unis ou le Japon traînent les pieds," a déclaré le chef de la délégation d'Oxfam International Robert Fox. "Beaucoup de donateurs veulent des changements qui vont dans le sens de céder beaucoup plus de pouvoir, plus rapidement aux gouvernements des pays en développement. Ce n'est pas le cas des gouvernements américain et japonais", a déclaré Fox.
L'expérience des dernières années montre qu'il est difficile de changer les préférences des donateurs et des pays bénéficiaires. Oxfam souligne par exemple que les pays riches insistent pour utiliser leurs propres procédures, souvent beaucoup plus coûteuses, pour gérer l'aide dans les pays pauvres. Même dans les cas ou les pays bénéficiaires ont amélioré sensiblement leurs systèmes. Au Mozambique par exemple, les donateurs ont dépensé la somme colossale de $350 millions de dollars par année sur les 3,500 consultants techniques, plus de quatre fois les salaires annuels des 100,000 fonctionnaires Mozambicains.
Il existe aujourd'hui un consensus au sein de la communauté des donateurs pour dire que le système d'aide tel qu'il fonctionne aujourd'hui n'est pas efficace. Elle souffre d'un manque de previsibilte qui nuit à la planification et à l'exécution des programmes de développement Selon le FMI, les pays en développement ont besoin d'engagements fermes et fiables portant sur des ressources disponibles à moyen terme pour effectuer leur propre planification, ainsi que pour aligner les stratégies de développement sur le cadrage budgétaire et garantir que l'aide soit utilisée à bon escient.
L'absence de prévisibilité empêche la planification et la mise en oeuvre effective des programmes de développement. Dans les pays tributaires de l'aide, elle entrave souvent l'application systématique de politiques macroéconomiques judicieuses et la gestion effective de l'impact macroéconomique de l'aide.