Accra — La troisième conférence thématique de la Commission africaine du Danemark s'est tenue le 5 septembre à Accra, la capitale ghanéenne, autour de la problématique de la « Jeunesse africaine et l'emploi », et en présence de nombreux ministres de l'emploi de la Cedeao.
Six mois après sa création, la Commission pour une coopération efficace au développement avec l'Afrique, lancée par le Danemark et que préside son premier ministre Anders Fogh Rasmussen, a tenu à Accra, la troisième de sa série de cinq conférences thématiques.
Après Ouagadougou, en juin 2008, autour du thème « Le défi de l'éducation en Afrique » et Maputo, le mois dernier sur « Femme et emploi » en Afrique, les spécialistes de la commission et leurs nombreux partenaires ont placé au cœur de leur troisième réflexion au Ghana, la problématique de la jeunesse africaine et de l'emploi.
Une occasion pour le président de la commission de la Cedeao, le Dr Mohamed Ibn Chambas, dans son discours introductif, de dresser le difficile tableau de la situation active des jeunes africains, en proie à un taux extrêmement élevé du chômage malgré une population toujours croissante et souvent source de conséquences néfastes et dramatiques.
L'Afrique a une population de près 190 millions de personnes entre 15 et 24 ans, soit 15% de la jeunesse mondiale, mais seulement moins de 10 millions d'entre eux accèdent chaque année au marché du travail sur le continent, celui-ci étant sous l'emprise de forts taux de chômage, d'un sous-emploi généralisé, d'une faible productivité et d'une manque criard de revenus de subsistance.
Une situation alarmante pour la jeunesse africain, dont le sort pourrait empirer si on prend en compte le fait qu'elle pourrait atteindre 25% de la jeunesse mondiale à l'horizon 2025.
C'est la raison pour laquelle, Ulla Tornaes, la ministre danoise de la Coopération au développement, a fixé un objectif très simple à cette rencontre d'Accra : celui de trouver les voies et moyens de créer des emplois décents pour la jeune génération d'Africains.
La directrice générale adjointe de la Banque Mondiale, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala s'est voulue plus provocatrice dans son intervention en saluant la croissance connue par les économies africaines ses dernières années aux alentours d'un taux de 5 à 6 % mais la jugeant insuffisante pour absorber la population des 200 millions de jeunes africains en quête d'emploi.
Il faudra, selon elle, une croissance soutenue de 10% ou plus pour assurer un emploi stable et décent à ces jeunes. Pour Okonjo-Iweala, il faudra cibler les secteurs d'activités prometteurs tels que l'agriculture et toute la chaîne de production et de transformation pour trouver des solutions au sous-emploi des jeunes.
Mais l'idéal pour elle passe par la création d'emploi par les jeunes eux-mêmes, en créant leur propre entreprise et des emplois à travers des petites et moyennes entreprises (PME).
Toutefois elle incite pour cela à développer des capitaux, c'est-à-dire appeler les bailleurs à créer les conditions en dédiant exclusivement des fonds aux jeunes.
Dans le même ordre d'idées, l'expert de la Banque Mondiale pense qu'il serait nécessaire de nos jours de briser la culture de l'emploi uniquement dans le secteur formel et orienter les jeunes vers des secteurs aussi porteurs que l'art, la peinture, la sculpture, la vidéo, le sport, les divertissements. C'est-à-dire avoir une nouvelle mentalité pour provoquer le progrès.
L'expérience ghanéenne de création d'emploi pour les jeunes a été mise en exergue par la principale conseillère du Président John Kufuor du Ghana, Mary Chinery-Hesse, pour qui le secteur privé reste le moteur de la croissance. Il faut le promouvoir pour créer le maximum d'emplois.
Dans son pays l'accent a d'abord été mis sur la formation par l'éducation de base et les compétences cognitives qui rendent les jeunes acceptables sur le marché du travail, à quoi devraient s'ajouter l'accès à des fonds permettant aux jeunes de créer leurs propres affaires.
Ces initiatives du gouvernement ghanéen ont permis, avec la création du service national, le dispositif des volontaires et le programme pour l'emploi des jeunes, la création de 100.000 emplois en une année, avec pour objectif à court terme, atteindre la barre des 500.000 emplois en cinq ans.
« La jeunesse est au cœur des défis de la commission africaine. Si nous combinons nos forces nous pourrons mieux contribuer à aider les jeunes en mettant en place les meilleures stratégies et des pratiques viables », a souligné Ulla Tornaes.