Afrique de l'Ouest: Journée mondiale de l'alimentation - L'Afrique de l'Ouest doit tirer les leçons de la crise selon Oxfam

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Quatre enfants congolais recevant de la nourriture à l'école grace au Programme alimentaire mondial (PAM). Ces tasses rouges sont le symbole de la campagne mondiale contre la faim à l'école.
16 Octobre 2008

Dakar — Les pays de l'Afrique de l'Ouest doivent tirer les leçons de la crise alimentaire et mettre l'agriculture au centre de leurs priorités. C'est le message délivré par l'agence internationale Oxfam qui procédait ce 16 octobre, journée mondiale de l'alimentation, au lancement d'une étude intitulée Prix à double tranchant. Oxfam a profité de cette journée pour organiser au Sénégal une réflexion sur l'impact de la hausse des prix en Afrique de l'Ouest et proposer des solutions de sortie de crise en partenariat  avec des membres de la société civile, les autorités gouvernementales et des chercheurs.

Selon le diagnostic dressé par Oxfam, les petits producteurs n'ont pas tiré profit de la hausse des prix des produits alimentaires, en partie en raison des politiques commerciales et agricoles viciées. « Les gouvernements doivent tirer les leçons de la crise qui est liée à la faiblesse de l'investissement dans l'agriculture et a l'absence de systèmes de protection sociale qui protègent les plus pauvres », a souligné M. Mamadou BITEYE de Oxfam International.

Mme Woré Gana Seck, Présidente du Conseil d'appui aux ONG au développement (Congad), a souligné qu'un pays comme Sénégal souffre de la crise alimentaire car il dépend trop de l'extérieur pour vivre: «  La crise alimentaire frappe les plus pauvres au Sénégal car nous ne produisons pas ce que nous mangeons. Ceci est le résultat de la colonisation qui a favorisé le développement des cultures de rente au détriment des cultures vivrières. Nous devons inverser cette tendance. »

Faute de quoi, les populations les plus pauvres risquent de se retrouver dans des conditions encore plus difficiles et les émeutes de la faim vont se multiplier. A cause de la hausse des prix des produits alimentaires, Oxfam estime que 75 millions de personnes supplémentaires souffrent de la faim, ce qui porte le total global à 923 millions. En Afrique de l'Ouest, les populations consomment  moins ; es enfants sont retirés de l'école et les agriculteurs sont contraints de migrer vers les villes pour survivre.

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Cette hausse n'est pas mauvaise pour tout le monde. « Nous savions que le soleil allait se lever un jour » a déclare M. Djibril Diaw du Programme d'appui aux initiatives du Nord. Ces producteurs basés au Nord du Sénégal et soutenus par Oxfam ont trouvé en cette hausse des prix une opportunité inespérée d'écouler leur production à des prix avantageux. Ils demandent à l'Etat du Sénégal de faire en sorte que toutes les terres disponibles dans la vallée soient exploitées et surtout de renforcer les capacités des producteurs.

Pour renverser la tendance, il faudra nécessairement des changements politiques. « Dans des pays où les gouvernements  ont investi dans l'agriculture et mis en place des politiques pour cibler les groupes vulnérables ou marginalisés, l'impact de l'inflation des prix des produits alimentaires a été moins sévère», souligne par exemple Eric Hazard, directeur de la Campagne Justice Economique pour Oxfam dans un communiqué. Cette crise vient en effet se greffer sur une crise structurelle des systèmes agricoles.

La réponse de la communauté internationale n'a pas été adéquate. Au début de cette année, à Rome, 12,3 milliards de dollars ont été promis pour la crise alimentaire, mais seulement une fraction ces fonds a jusqu'ici été décaissée. Par contre, le gouvernement américain a décaissé sans frémir  700 milliards de dollars pour le sauvetage bancaire au début de ce mois.  Oxfam propose une réponse internationale coordonnée que sous l'égide des Nations-Unies « qui achemine les fonds de toute urgence vers ceux qui en ont besoin et qui joue un rôle moteur dans la mise en œuvre des réformes à long terme des systèmes agricoles. »

On rappelle que l'aide globale à l'agriculture est en baisse, passant de 18% d'aide publique au développement (APD) dans les années 80 à juste quatre pour cent aujourd'hui. Si, au cours des vingt dernières années, les pays riches, les donateurs et les gouvernements des pays en développement avaient investi dans l'agriculture à petite échelle, les pays et les communautés pauvres seraient bien moins vulnérables à présent.

Oxfam International a lancé au Burkina Faso une nouvelle campagne sur le thème de l'investissement dans l'agriculture avec la Confédération paysanne du Faso. Elle vise à renforcer l'investissement agricole et doit aider à rédiger une Loi d'orientation agricole.

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