Rose Kabuye, chargée du protocole du président rwandais Paul Kagamé et mise en examen pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" a été libérée sous contrôle judiciaire par le parquet de Paris.
La collaboratrice du Président Kagamé avait été mise en examen mercredi pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" par le juge antiterroriste chargé de l'enquête sur l'attentat de 1994 qui avait coûté la vie à de l'ex-président rwandais Juvenal Habyarimana.
Rose Kabuye, arrêtée en Allemagne, était tombée sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la France à son encontre ainsi que 8 autres personnalités rwandaises proches de Kagamé.
Interpellée le 9 novembre à Francfort (Allemagne) en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par la France, Rose Kabuye a été transférée ce mercredi en France où elle a été présentée en fin de journée au juge d'instruction. Alors que les juges antiterroristes avaient demandé sa mise en détention provisoire, le Parquet en a décidé autrement en plaçant Rose Kabuye sous contrôle judiciaire.
Il lui est donc interdit de quitter le territoire français et elle devra répondre aux convocations des juges d'instruction.
Cette décision de la justice française a été accueillie par des cris de joie d'une dizaine de Rwandais qui ont patienté jusque tard dans la soirée. Rose Kabuye pourrait éventuellement demandé de quitter le territoire français. L' arrestation de cette proche du président Paul Kagamé, ancienne maire de la ville de Kigali, permet désormais aux autorités rwandaises d'accéder au dossier d'instruction, lequel a déjà été consulté par ses avocats hier au Palais de Justice.
Pour rappel, depuis que le juge de Bruguière a émis des mandats d'arrêt internationaux contre neuf dignitaires rwandais présumés coupables d'avoir organisé l'attentat qui a mis fin à la vie du président Habiyarimana, le Rwanda a cherché vainement à avoir accès au dossier français. La mise en examen de Mme Kabuye a donc valablement donné une occasion à Kigali de le faire maintenant. C'est pourquoi certains comme Paul Kagamé voient dans cette affaire une façon "de crever l'abcès qui gangrène les relations franco-rwandaises" depuis plusieurs années.
Désormais les autorités rwandaises mises en causes par la justice française sauront quels sont les éléments (aussi bien les pièces que les témoignages) sur lesquels le juge De Bruguière et ses deux successeurs se fondent pour asseoir leur instruction.
Agée de 47 ans et major dans l'armée patriotique rwandaise, Rose Kabuye est soupçonnée d'avoir hébergé le commando avant l'attentat du 6 avril. Des accusations que réfutent la responsable rwandaise par la voix de ses avocats.
Son arrestation en Allemagne, où elle était venue préparer une visite privée du président rwandais Paul Kagame, a mis à mal les relations diplomatiques entre les deux pays qui ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs.
L'attentat contre l'avion du Président Juvénal Habyarimana en avril 1994, est considéré comme l'élément déclencheur du génocide connu au Rwanda la même année et qui a coûté la vie à plus de 800.000 personnes.