La 15è conférence internationale sur le sida (ICASA) n'écarte aucune piste pour lutter efficacement contre le fléau. Au cours de cette rencontre, une session a été consacré à l'implication des responsables religieux et traditionnels dans la lutte mais aussi la prise en charge. A cet effet, les intervenants ont invités ces « leaders religieux à élaborer les plaidoyers basés sur la Bible et le Coran » et aux chefs traditionnels, de dépasser certaines pratiques.
Pour les participants, on doit évoquer inlassablement la question du sida dans les églises et dans les mosquées. Etant donné l'influence des chefs religieux, les panélistes ont estimé que s'il n'y a pas eu une avancée remarquable dans la lutte contre le mal, c'est parce que ces derniers n'ont pas joué leur rôle qui est de sensibiliser. En plus de la sensibilisation, l'action des chefs religieux se situe à deux autres niveaux : Il s'agit d'abord, d'aider à bannir la stigmatisation à l'endroit des personnes séropositives en évitant de les juger et en les acceptants afin de les faire accepter par la société.
Ensuite, les chefs religieux et traditionnels peuvent aussi aider les malades à accepter leur statue de malade du sida, à réfléchir sur leur vie.
Mme Fatimata Ball, la panéliste venue de Mauritanie a d'ailleurs soutenu que dans aucune partie du coran, il n'est écrit que les personnes vivant avec cette maladie doivent être rejetés. Par conséquent, elle demande que « quelque soit l'origine de la transmission, les musulmans aident les malades du sida ». Elle a souligné que « celui qui est infecté n'est jamais puni par Dieu. Il n'y a aucun acte dans les Ecritures qui disent que celui qui a le mal doit être puni ». « L'Islam n'autorise pas la condamnation du malade quel qu'il soit. Alors pourquoi l'homme le ferait », s'interroge-t-elle ?
Le préservatif, une question en suspens chez les religieux
Fatimata Ball explique que pour les religieux, le port du préservatif est assimilé à quelque chose de honteux. C'est encourager les jeunes à la débauche ». D'ailleurs dans son pays en Mauritanie, il est passible d'une peine d'amende. En revanche, ces mêmes religieux font la sourde oreille quant à sa distribution.
En matière de prise en charge, Mme Ball demande qu'on prenne en compte sans discrimination les couches les plus vulnérables que sont les prostituées et les homosexuels car c'est aussi une question de droit de l'homme : « Il y a des couches telles que les homosexuels et les travailleuses de sexes dont on ne parle pas. On ne peut pas lutter contre le mal si une partie de la communauté est exclue.
Le modérateur a relevé « qu'il y a une mentalité de soupçon dans la religion sur la sexualité. Or la sexualité est une valeur positive. Il faut relever ce soupçon sans aller à l'extrême » selon lui. En ce qui concerne les traditions, il est demandé que le lévirat, les mariages forcés soient dépassés afin de participer à la lutte contre le sida. Le droit des homosexuels et des prostitués s'est invité dans le débat. Ainsi Mme Ball a adressé deux questions.
Accepter homos et prostitués pour mieux vaincre le sida ?
Les homosexuels et les prostitués ont-ils droit à la vie ? Ont-ils droit à la prise en charge ? « Respecter la personne oui mais les erreurs, il faut savoir leur dire non », rétorque l'abbé Léon Diouf représentant l'église à la première interrogation. Et de poursuivre en citant Saint Augustin : « Le pécheur est à aimer et à aider, mais le péché est à exclure ». « Il faut respecter les personnes mais leur dire que ceci est mauvais » a encore dit l'abbé Diouf.
A la deuxième question, l'abbé Léon Diouf qui travaille au service sida a répliqué que dans son service, il ne cherche jamais à savoir qui est son patient et d'où vient-il. Par contre, il dit réserver le même traitement à tous sans discrimination.