Des milliers de manifestants ont demandé à l'Assemblée nationale de "prolonger de trois ans" supplémentaire le mandat présidentiel de Mamadou Tandja qui arrive à expiration en décembre 2009.
"Nous, citoyens et citoyennes, suggérons aux institutions de la République, à la classe politique et à la société civile, une transition politique de trois ans allant du 22 décembre 2009 au 22 décembre 2012", indique une déclaration lue par un des organisateurs de la manifestation de dimanche.
Dans la déclaration il est fait aussi mention d'une proposition du "maintien de l'état de toutes les institutions de la république jusqu'en 2012" en particulier le Parlement qui a à sa tête Mahamane Ousmane, principal allié du régime en place au Niger. A noter que cette demande de prolongation a été faite le jour du quatrième anniversaire du second mandat du président Mamadou Tandja, en présence de son Premier ministre Séïni Oumarou et des membres du gouvernement. Le maître d'oeuvre de cette demande est le mouvement "Tazartché ", (terme haoussa qui signifie continuité ou prolongation) dont on ignore la vraie relation avec M. Tandja
Selon toujours la déclaration des manifestants, pendant cette transition, "un gouvernement d'entente nationale" sera mis en place et il sera élaboré une sixième république. Mais surtout qu'aucune élection ne serait organisée durant cette période. "Nous demandons au président de la république d'accepter notre humble proposition et à l'assemblée nationale de la prendre en compte dans son ordre du jour, lors de ses prochaines sessions, pour statuer définitivement sur sa faisabilité",insiste la déclaration.
En effet, pour eux, cette prolongation une fois acceptée et validée doit permettre à l'actuel président nigérien de "régler le problème de l'insécurité au nord du pays (la rébellion touareg), de "parachever" un deuxième pont dans la capitale, une raffinerie à Zinder (ville située à 900km de Niamey), l'exploitation du gisement de pétrole à Diffa, du gisement d'uranium d'Imouraren ( nord du pays) et un barrage sur le fleuve Niger.
Or, conformément à la constitution nigérienne, cette manœuvre n'est pas acceptable. Car le nombre de mandats est limité à deux. Et Tandja est en train de finir son deuxième mandat.
Ce qui est surprenant c'est que jusqu'à présent, le président nigérien ne s'est pas encore prononcé sur cette requête d'une partie de la population. Un mutisme qui laisse stupéfait plus d'un. Alors que les citoyens auraient voulu savoir si le président est favorable ou non à cette demande. Il était d'ailleurs très attendu sur ce sujet le jour de la célébration de la fête nationale car auparavant une rumeur circulait déjà sur son éventuel maintien au pouvoir.
Mais Mamadou Tandja a préféré passer outre en invitant seulement ses concitoyens à implorer « Dieu afin qu'Il éloigne les Nigériens des démons de la division et de la discorde, et qu'il renforce, en chaque Nigérien, les sentiments de fraternité et de solidarité, pour un Niger uni et prospère ».
On continue d'attendre le coup de théâtre. Mais plusieurs organisations de la société civile estiment qu'une réponse favorable à cette proposition, violerait le serment sur le Coran (livre saint des musulmans) qu'a fait le président Tandja et serait passible de la Haute cour nationale de justice.