Guinée: Lansana Conté est mort, l'armée s'empare du pouvoir

23 Décembre 2008

Lansana Conté, le président guinéen, très mal en point ces derniers jours, est décédé lundi soir des suites d'un diabète aiguë combiné à une leucémie. L'annonce de sa mort a été faite tard dans la soirée par le président de l'Assemblée nationale Aboubacar Somparé en présence du premier ministre et du chef d'état major de l'armée guinéenne.

Toutefois   des rumeurs persistantes de coup d'état circulent à Conakry après la sortie d'un capitaine de l'armée sur les ondes de la radio nationale .

Lansana Conté luttait depuis plusieurs années avec la maladie qui l'avait affaiblie au point de le garder dans son palais, ne participant pas quasiment plus à ses activités présidentielles. Sa mort intervenue ce lundi 22 décembre 2008 en début de soirée, a été annoncée tard dans la soirée à la télévision nationale,   par le président de l'assemblée nationale Aboubacar Somparé son dauphin constitutionnel et en présence du premier ministre Ahmed Tidiane Souaré et du chef de l'état major des armées guinéennes Diarra Camara.

Le Premier ministre a dans la foulée, décrété un deuil national de quarante jours après la constatation de la vacance du pouvoir par le président de la cour suprême.

Lansana Conté est arrivé au pouvoir le 3 avril 1984, huit jours après le décès du père de l'indépendance guinéenne Ahmed Sekou Touré, premier président du pays.

Il y est   resté pendant vingt-quatre ans d'abord à la tête d'un comité militaire de redressement national puis de son parti politique le PUP.

Lansana Conté était âgé de 74 ans. Né en 1934 à Moussayah Loumbaya, il appartenait au groupe ethnique des soussous et a débuté sa carrière militaire en 1955 dans l'armée coloniale française.   Installé dans le cadre de ses fonctions militaires en Algérie, il rejoindra son pays au lendemain du fameux « Non » de Sékou Touré au général De gaulle, pour intégrer la toute nouvelle armée guinéenne.

Celui que l'on appelait le « paysan-soldat » avait suscité beaucoup d'espoirs auprès des guinéens au lendemain de son arrivée à la tête de l'Etat en rompant avec les méthodes de gestion de son prédécesseur. C'est ainsi qu'il fît adopter une nouvelle constitution en 1990 avant de prôner une nouvelle ouverture démocratique caractérisée par un multipartisme intégral.

Père de cinq enfants, dont le premier est un officier de l'armée guinéenne, le Général Conté était de confession musulmane et marié à deux femmes, la chrétienne Henriette Conté et la musulmane Kadiatou Camara.

Elu successivement en 1993, puis réélu en 1998 et en 2003, non sans de nombreuses contestations et autres boycotts de l'opposition, le Général Lansana Conté a contre vents et marées, tenu d'une main solide le pays jusqu'à ce que la maladie et de nombreuses   mutineries ne l'affaiblissent.

Président très discret, il n'était pas partisan des grandes messes internationales de chef d'états gardant toujours au plus profond de lui l'amère expérience d'une tentative de putsch alors qu'il se trouvait à Lomé pour un sommet de chef d'état.

Il laisse un pays en proie à de nombreuses difficultés politiques, économiques et sociales malgré un sous sol des plus riches au monde.

Alors qu'on pensait à une transition constitutionnelle après la constatation de la vacance du pouvoir par le Président de l'Assemblée nationale, un officier de l'armée guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara annonçait tôt ce matin,   sur les ondes de la radio nationale, la dissolution du gouvernement et la suspension de la constitution.

Une sortie aux allures d'un coup d'état militaire  qui a fini d'installer la confusion dans le pays et qui n'est pas sans rappeler la manière par laquelle le général Lansana Conté était lui-même arrivé au pouvoir au lendemain de la mort de Sékou Touré.

Selon la constitution guinéenne, en cas de vacances du pouvoir, c'est   le président de l'Assemblée nationale qui assure la gestion des affaires et se charge d'organiser des élections anticipées dans les soixante jours.

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