Après la mort de Conté, la succession constitutionnelle n'est pas en bonne voie
L'armée guinéenne ne semble pas favorable à une succession constitutionnelle du défunt président Lansana Conté décédé hier nuit. Des rumeurs de coup 'Etat agitent Conakry ce matin
Moins de 24 h après l'annonce de la mort du président guinéen Lansana Conté, le capitaine de l'armée, Moussa Dadis Camara annonce à la radio d'Etat "la dissolution du gouvernement, des institutions républicaines et de la constitution" "A compter d'aujourd'hui, la constitution est suspendue, ainsi que toute activité politique et syndicale" a notamment déclaré le capitaine Camara qui indique qu' "un conseil consultatif composé de civils et de militaires" allait être mis en place bientôt. Le capitaine a également évoqué le « désespoir profond de la population » ainsi que la nécessité du « redressement économique et de la lutte contre la corruption ».
L'armée divisée pour la succession ?
Pourtant, selon la constitution du pays, en cas de vacance du pouvoir, la gestion des affaires du pays devrait revenir temporairement au président de l'Assemblée nationale qui se charge d'organiser l'élection présidentielle dans les soixante jours qui suivent.
L'annonce du décès du président est d'ailleurs faite par le président de l'assemblée nationale aux côtés du général Diarra Camara, chef d'état -major et Ahmed Tidiane Souaré, le premier ministre de Guinée. Mais entre temps, tous les hauts responsables du régime s'étaient retrouvés pour discuter de la "succession du président".
Toujours est-il que cette déclaration du général Camara est en contradiction avec la décision que semblait prioriser le chef d'état major de l'armée lors de l'annonce du décès du président. Installé aux côtés du président de l'assemblée nationale et du premier ministre, ils avaient à l'unisson demandé l'application de la Constitution. Cette dernière devrait permettre alors à Aboubacar Somparé, président de l'Assemblée nationale d'assurer l'intérim pendant 2 mois le temps qu'il puisse organiser un scrutin présidentiel en bonne et due forme.
"Un deuil national de quarante jours"
Le premier ministre a décrété un deuil national de quarante jours en mémoire de celui qui a dirigé la Guinée pendant 24 ans. "Les drapeaux seront mis en berne et le programme des obsèques nationales sera communiqué ultérieurement" a dit M. Souaré avant d'ajouter: "En cette douloureuse circonstance, j'invite les braves populations guinéennes – qui ont toujours fait preuve de dignité, chaque fois que nous affrontons ensemble de dures épreuves à travers notre histoire – au calme et à la retenue".
Il a aussi appelé les forces de défense et de sécurité à "assurer la sécurité des frontières et le calme à l'intérieur du territoire national. En poste depuis le mois de mai dernier, Ahmed Tidiane Souaré est réputé proche du clan du défunt président.
Lansana Conté né vers 1934 dans une famille paysanne est arrivé au pouvoir après un putsch militaire intervenu une semaine après la mort de Ahmed Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante. Conté a depuis lors pris appui sur les dirigeants de l'armée pour avoir la haute main avec son clan sur la vie politique et économique. Il va s'incruster au pouvoir en dépit des maladies, diabète, leucémie et les mouvements sociaux et syndicaux de plus en plus vifs. En début de l'année 2007, son régime a violemment réprimé de grandes manifestations populaires hostiles au régime.