Dakar — Ils sont jeunes, les enfants qui 'terrorisent' les routes et ruelles de Dakar. Par dizaines, ils vagabondent dans les rues, à la recherche de quelque chose à manger, un peu d'argent, ou un endroit pour dormir. Parfois ils ne font rien spécialement, ils s'assoient sur un trottoir en discutant avec les vendeurs de la rue.
Mais dès qu'ils voient un riche potentiel qui passe, ils démarrent tous en même temps. Accompagnés d'une boite à tomates vide, ils montrent leurs regards les plus lamentables, les plus malheureux. Une petite main exposée, prête à recevoir une pièce dans la boîte et lorsqu'il est chanceux s'en va en courant, par peur de ne pas perdre sa pitance.
Quand un enfant n'est pas libre, il ne peut pas garder ce qu'il gagne. L'argent est destiné à leur maître, le marabout, ce dernier est un faux enseignant du Coran qui recrute les enfants dans les pays avoisinants comme la Guinée-Bissau et le Mali. Les frontières y sont perméables et les contrôles peu fréquents.
Un premier cadre d'accueil avant le retour en famille
L'Empire des enfants est une maison de protection et de réhabilitation pour les enfants victime de traite, en rupture familiale et des enfants en Talibé mendiants. Ce dernier groupe d'enfants est souvent orienté par la police vers le centre.
La capacité d'Empire n'est malheureusement pas énorme, il peut loger 25 enfants pour une durée de 3 mois. Mais parfois, les enfants restent plus longtemps puisque la recherche de leur famille biologique prend du temps. Le but est de réintégrer ou réinsérer l'enfant dans sa famille.
Durant son séjour, l'enfant est suivi par des éducateurs spécialisés et des psychologues. l'Empire des enfants n'a pas un psychologue interne, mais il coopère avec un association de psychologues.
La maison offre un programme diversifié: le foot, la thérapie, ce ne sont là que quelques éléments permettant aux enfants de retrouver une structure familiale. Une structure dont ils ont été abstenus durant la période où ils ont été recrutés par les marabouts.
Moussa Coulibaly, responsable du Service d'Action Sociale au sein de l'empire des enfants: "Les causes du problème sont multiples. Souvent il s'agit des enfants qui sont en errance ou ayant vécu dans une structure familiale très pauvre."
Les enfants sont recrutés par les Marabouts, un faux maître coranique, qui va faire croire aux parents que les enfants seront emmenés à Dakar pour l'enseignement coranique. Ensuite, l'enfant doit mendier à la rue et apporter l'argent à son maître. Si l'enfant n'apporte pas assez, une bastonnade l'attend.
Certaines organisations comme l'Organisation Internationale de la Francophonie, S.O.S villages d'enfants essaient de lutter de manière préventive contre ce grand problème que connaît Dakar, la capitale sénégalaise. Mais le problème a des racines très profondes.
Coulibaly:"Le Gouvernement a pris quelques mesures importantes; Arrêter un certain nombre de marabouts, mieux surveiller les frontières avec les pays voisins sont quelques mesures adoptées par le gouvernement pour mettre un terme à ce fléau.
Néanmoins, un blocage total des frontières n'est pas dans la capacité du gouvernement, les gens trouvent toujours un moyen de passer. En outre, le gouvernement se trouve dans une position délicate; Le Sénégal est un pays où les maîtres coraniques ont une certaine influence politique indirecte. Les décideurs politiques sont souvent dépendants de leur marabout, porteur de voix, qui, à son tour, peut influencer le public de voter pour un le leader politique de sa préférence. Il suffit de mal parler pour insulter certains marabouts au pouvoir. C'est un problème qui est donc très sensible."
Le nombre d'enfants à la rue augmente.
Pour Coulibaly: "Il ne faut pas oublier que les nouveaux marabouts étaient des enfants de la rue avant et qui, en grandissant, ont commencé à recruter les enfants dans leurs anciens villages. Ces anciens enfants mendiants connaissent les lois de la rue comme personne d'autres. On constate donc une augmentation du nombre d'enfants à la rue."
Le travail de l'Empire des enfants n'est pas sans risques. Avec l'enlèvement des enfants de la rue, l'organisation traverse les desseins des Marabouts.
Ce qui inspire Mr Coulibaly en ces termes: "Nous représentons un blocage pour le marabout, notre travail freine son business. Si nous avons 'ses' enfants, il est heurté, et parfois il vient même au centre pour essayer de récupérer 'son' enfant. Quand la menace devient trop grande, la police est à notre assistance. En plus de cela, notre centre est surveillé en permanence par nos gardiens."