Dakar — L'installation forcée par Rajoelina de ses quatre ministres de transition n'est pas passée comme lettre à la poste. Craignant certainement de faire encore des victimes innocentes, les forces de l'ordre n'avaient pas réagi illico presto à ce forcing. Elles ont préféré attendre la nuit dans le calme, le couvre -feu aidant, pour reprendre le contrôle de ces administrations sans effusion de sang.
En effet hier vers 00 h (temps universel), les forces de l'ordre ont repris le contrôle des quatre ministères où l'ex -maire de Tana, Andry Rajoelina avait installé ses quatre ministres parallèles. Il s'agit du ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieur, de l'Education et de l'Aménagement du territoire.
Comme lors de la première tentative, la foule n'a pas osé franchir la ligne rouge des forces de l'ordre. Néanmoins, à l'opposé de la première tentative, cette fois ci, le cortège a foncé directement jusqu'à la porte d'entrée du quartier des ministères. Les forces de l'ordre se sont abstenues de toute réaction. Un partisan du maire déchu a expliqué à la presse étrangère en ironisant que "on fait ça à la malgache". En d'autres termes, sans aucune forme de violence.
C'est ainsi que les ministres parallèles d'Andry Rajoelina ont investi l'intérieur des bâtiments qui étaient presque vacants. Ils ont forcé les portes des bureaux des quatre ministères sous le regard attentif d'un huissier de justice puis se sont installés de manière symbolique. Les serrures des portes changées, ils ont assuré qu'ils reviendraient le jour suivant pour commencer à travailler.
Pourtant le silence du président Ravalomanana n'était aucunement synonyme de démission et il l'a prouvé quelques heures après en reprenant le contrôle des ministères. "Les ministères occupés par l'opposition ont été repris et les barricades érigées tout autour déblayées. Les fonctionnaires peuvent retourner à leurs postes" a officiellement annoncé Désiré Rasolofomanana, le ministre de la Sécurité intérieure, à la télévision.
Comme la prise des ministères par Rajoealina se s'est passée sans heurts, ainsi s'est aussi déroulée la reprise par le gouvernement. Toutefois, des témoins affirment avoir attendu, quelques tirs sporadiques de sommation dans le quartier de la capitale où sont situés la quasi-totalité des ministères vers 3 h 30, heure locale (00 h 30 GMT). Il est en outre remarqué qu'aucune tension n'était perceptible dans le quartier vendredi matin.
Andry Rajoeilina, l'ex maire d'Antananarivo réclame le départ du président Marc Ravalomanana à qui il reproche son autoritarisme et sa mauvaise gestion. Il a créée de toute pièce, une "Haute Autorité de transition" et s'est autoproclamé président de cette instance. Depuis plusieurs semaines, il a multiplié des manifestations anti Ravalomanana dans lesquelles plusieurs dizaines de ses partisans ont trouvé la mort. Agé de 35 ans, il n'a pourtant pas l'âge légal qui est de 40 ans minimum pour être présidentiable dans le pays. Même lors de la prochaine élection présidentielle, en 1012, il n'aura pas atteint l'âge requis.