L'Alliance pour la Révolution Verte en Afrique vient d'obtenir U.S $ 15 millions de la Fondation Bill & Melinda Gates pour appuyer les innovations et les politiques agricoles d'AGRA afin d'aider à atteindre la sécurité alimentaire dans plusieurs pays d'Afrique.
Cette initiative permettra de venir en aide aux petits agriculteurs, dont la plupart sont des femmes, à relever leurs revenues et leurs besoins nutritionnels.
Selon le Président d'AGRA, le Dr Namanga Ngongi interviewé par AllAfrica, cet appui permettra de renforcer la capacité d'AGRA à venir en aide aux petits agriculteurs et de travailler avec les gouvernements afin d'élaborer des politiques agricoles qui vont permettre d'acceder aux marchés.
Vous allez établir des centres de recherches et d'actions pour améliorer un travail que vous avez déjà commencé sur l'environnement, la bonne tenue des terres et des engrais.
C'est un programme ambitieux pour vous ?
Cela va nous permettre de travailler avec les gouvernements. Ce n'est pas à AGRA de développer des politiques agricoles dans les pays. C'est surtout pour nous de travailler avec les gouvernements, le secteur public, le secteur priv é , les agriculteurs, et surtout les organisations des agriculteurs pour faire en sorte que les politiques agricoles avec leurs contraintes soient développ ée s a l'intérieur du pays.
Ce n'est pas imposé de l'extérieur comme cela se faisait avant. Cela va permettre de stimuler un départ au niveau des pays, et élaborer des politiques de soutien qui sont valables.
Vous avez dit qu'il y a des politiques imposées à l'Afrique. Pouvez-vous spécifier ces directives et quels sont les obstacles qu'elles posent à la sécurité alimentaire ?
Ce n'est pas pour dire que les politiques qui étaient élaborées à l'extérieur été imposées à l'Afrique. Mais pour c'est pour dire que l'Afrique a la capacité de faire élaborer ses propres politiques pour renforcer sa productivité, sa production agricole. Juste après l'indépendance au cours des années soixante, soixante dix, l'Afrique a commencé à élaborer ses propres politiques et avait accordé une grande importance à l'agriculture mais avec les politiques d'ajustement structurel il y'a eu un abandon de ces politiques. Maintenant sa capacité agricole sera beaucoup plus renforcée.
Le prix du leadership africain sera décerné le mois prochain en Tanzanie. Mo Ibrahim qui a crée ce prix est un membre de votre comité directeur. Pouvez-vous nous dire l'importance et la place qu'AGRA accorde à la bonne gouvernance comme critère pour atteindre la sécurité alimentaire ?
Je vous assure que les questions de bonne gouvernance sont vraiment importantes pour tout développement mais surtout agricole. Parce que dans un pays où 70 pour cent de sa population est engagé dans la production agricole mais que la répartition des ressources du gouvernement ne reflète pas l'importance de cette activité disons que ce n'est pas responsable.
Il faut que les gouvernements respectent les besoins, les aspirations et les préoccupations des populations. Je vous assure et je n'ai pas mentionné ça avant dans mes propos. L'indice de Mo Ibrahim est aussi utilisé comme un critère dans le choix des 4 pays qui forment le groupe à savoir le Mali, la Tanzanie, le Ghana et le Mozambique. Cet indice a contribué aussi à orienter le développement agricole vers une bonne gouvernance en général en Afrique.
Pouvez-vous nous dire comment ces 5 pays ont été sélectionnés ? Quels ont été les critères ?
Notre conseil d'administration avait élaboré des critères pour sélectionner quatre pays qui sont des pays de premier plan pour AGRA. Des pays dont les gouvernements ont décidé de débloquer des ressources conséquentes de leur budget pour appuyer le développement agricole dans leur propres pays. Des pays où il ya des « zones- greniers » c'est à dire où des conditions sont réunies pour accroître la productivité et l'accès aux marchés agricoles et des infrastructures qui permettent l'élaboration et l'évolution rapide de la productivité agricole.
Donc quatre pays que sont le Mali, le Mozambique, le Ghana, la Tanzanie. On a ajouté l'Ethiopie parce que ce pays a des problèmes particuliers dans le secteur agricole. L'Ethiopie a démontré une volonté vraiment réelle avec des partenaires externes pour développer son agriculture et la fondation Bill et Melinda Gates est entrain d'élaborer des programmes de grande envergure dans ce pays.
Donc si AGRA peut participer à augmenter la productivité et la sécurité alimentaire en Ethiopie ça serait une bonne chose pour la sécurité alimentaire en Afrique.
En quoi vos diverses expériences vont elles vous aider à vous focaliser sur l'agriculture ? Par exemple vous avez été à la tête d'une mission de supervision sur la paix en République Démocratique du Congo, vous venez de coordonner une conférence internationale sur le désarmement, démobilisation et réinsertion en Sierra Leone. Comment toutes ses expériences peuvent elles vous aider dans votre nouvelle fonction ? Pensez vous qu'il y a des liens entre la paix et la sécurité alimentaire ?
A mon avis, il y a un lien étroit entre la paix sociale, politique et la sécurité alimentaire. Dans un pays où il y a l'insécurité sociale et politique il y a forcément l'insécurité alimentaire parce que les agriculteurs ne peuvent pas s'occuper de la production. Il faut donc cette sécurité sociale dans les pays pour renforcer la capacité de production.
Aussi je pense que le développement n'est pas uniquement technique. Sinon ça serait trop facile. Il faut la participation de tous les acteurs y compris les plus concernés à savoir les petits agriculteurs. Sinon je ne trouverais pas l'importance d'élaborer des politiques ou s'investir dans la production. Il faut un environnement propice qui permettra une collaboration étroite entre le secteur privé et public. Et l'agriculture est surtout du domaine privé.